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Le confinement a révélé “un certain analphabétisme spirituel” estime Mgr Grech

Mgr Mario Grech lors de la session d'ouverture du synode sur l’Amazonie.

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I.Media - publié le 15/10/20
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“Analphabétisme spirituel”, “cléricalisme”, “foi immature”, Mgr Mario Grech, nouveau secrétaire général du Synode des évêques, porte un regard très critique sur l’attitude de nombreux catholiques durant la crise du Covid-19, dans un long entretien accordé à la Civiltà Cattolica, paru le 14 octobre 2020. Pour lui, l’Église doit tirer les enseignements du confinement en changeant ses « modèles pastoraux » et en réhabilitant « l’Église domestique ».

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L’ancien président de la Conférence épiscopale de Malte de 2013 à 2016 avait été nommé en octobre 2019 sous-secrétaire général du Synode des évêques puis secrétaire en septembre dernier. À ce titre, il est notamment chargé par le pape François de la préparation du synode sur la synodalité qui devrait se tenir en 2022. « Pendant la pandémie, un certain cléricalisme est apparu. [Sur les réseaux sociaux], nous avons assisté à un certain degré d’exhibitionnisme et de piétisme qui relève davantage de la magie que de l’expression d’une foi mature », déplore Mgr Grech dans l’interview accordée à la Civiltà Cattolica. L’évêque maltais y décrit une Église qui n’a pas toujours été à la hauteur de l’événement et qui s’est déchirée sur la question de l’impossibilité d’accéder aux sacrements.

« Certains ont même dit que la vie de l’Église a été interrompue ! Et c’est vraiment incroyable. Dans la situation qui a empêché la célébration des sacrements, nous n’avons pas réalisé qu’il y avait d’autres façons de faire l’expérience de Dieu », regrette-t-il, ajoutant que le fait « que beaucoup de prêtres et de laïcs soient entrés en crise parce que nous nous sommes soudainement retrouvés dans la situation de ne pas pouvoir célébrer l’Eucharistie coram populo est en soi très significatif ».

Allant plus loin encore, il juge « curieux que beaucoup de gens se soient plaints de ne pas pouvoir recevoir la communion et célébrer les funérailles à l’église, mais pas autant qu’ils se sont préoccupés de la manière de se réconcilier avec Dieu et le prochain, d’écouter et de célébrer la Parole de Dieu et de vivre une vie de service ».

« L’Eucharistie n’est pas la seule possibilité dont dispose le chrétien pour rencontrer Jésus »

Rappelant toutefois que l’Eucharistie est la « source et le sommet de la vie chrétienne », Mgr Grech souligne néanmoins qu’elle n’est pas la seule possibilité dont dispose le chrétien pour rencontrer Jésus. Et de citer Paul VI qui enseignait que « dans l’Eucharistie, la présence du Christ est “réelle”, non par exclusion, comme si les autres n’étaient pas “réelles” ».


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Pour le prélat, il est donc « préoccupant que quelqu’un se sente perdu en dehors du contexte eucharistique ». Cela montre « une ignorance des autres façons de s’engager dans le mystère », « un certain analphabétisme spirituel », mais aussi « que la pratique pastorale actuelle est inadaptée ».

Il analyse alors comme étant « très probable que, dans un passé récent, notre activité pastorale ait cherché à conduire aux sacrements et non à conduire – par les sacrements – à la vie chrétienne ».

« Un suicide si, après la pandémie, nous revenons aux mêmes modèles pastoraux »

Dans le sillage du pape François, le nouveau secrétaire général du Synode des évêques, estime que la pandémie de coronavirus doit devenir une opportunité pour l’Église et lui offrir « un moment de renouveau ». « Ce sera un suicide si, après la pandémie, nous revenons aux mêmes modèles pastoraux que ceux que nous avons pratiqués jusqu’à présent », affirme-t-il.

D’ailleurs, la crise a permis, selon lui, de découvrir « une nouvelle ecclésiologie, peut-être même une nouvelle théologie, et un nouveau ministère ». D’abord, elle a confirmé que le service aux malades et aux pauvres était un moyen efficace pour les chrétiens de vivre leur foi et « de refléter une Église présente dans le monde d’aujourd’hui, et non plus une “Église sacristie”, retirée des rues, ou se contentant de projeter la sacristie dans la rue ».



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Ensuite, le confinement devait permettre aux familles de saisir leur vocation et développer leur propre “potentiel”. Il affirme en ce sens que la crise doit conduire à « réhabiliter l’Église domestique et lui donner plus d’espace ». « Vivre l’Église au sein de nos familles » constitue, pour l’évêque maltais, un « prémisse valable de la nouvelle évangélisation ». Il insiste : « si l’Église domestique échoue, l’Église ne peut pas exister. S’il n’y a pas d’Église domestique, l’Église n’a pas d’avenir ! ».

L’Église domestique, victime d’un cléricalisme historique ?

L’ancien évêque de Gozo (Malte) estime que cette notion d’Église domestique, pourtant mise en valeur par le Concile Vatican II, a sans doute été la victime d’un cléricalisme pervers. Il fait remonter ce « tournant négatif » de la conception de l’Église domestique au IVe siècle, « lorsque la sacralisation des prêtres et des évêques a eu lieu, au détriment du sacerdoce commun du baptême ».,Selon lui, « plus l’institutionnalisation de l’Église progressait, plus la nature et le charisme de la famille en tant qu’Église domestique diminuaient ».

Au final, si « beaucoup ne sont toujours pas convaincus » du charisme évangélisateur de la famille et de sa  « créativité missionnaire », Mgr Grech est persuadé du contraire. Les époux sont « capables de trouver un nouveau langage théologico-catéchétique pour l’annonce de l’Évangile de la famille ». Et de citer le pape François : « Dieu a confié à la famille non pas la responsabilité de l’intimité comme une fin en soi, mais le projet passionnant de rendre le monde “domestique” ».



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