Après 168 années de présence à l’abbaye sainte Marie du désert, au nord-ouest de Toulouse, les frères cisterciens passent le relais au village de François. Découverte de ce nouveau projet à la lumière de l’héritage des moines.
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C’est un lieu unique aux portes de la ville rose. Entourée de champs et de forêts, l’abbaye cistercienne sainte Marie du désert est un havre de paix et de ressourcement. Une terre ensemencée par le travail, la prière, la vie communautaire des moines et l’accueil de leurs hôtes. Mais un endroit qu’il leur faut quitter. Si le grain tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.
Quel sens donner au départ de ces huit frères qui ont fait vœu de stabilité et dont certains sont ici depuis plus de soixante-dix ans ? “C’est un arrachement pour tous, confie le père abbé. Même si c’est douloureux, nous avons voulu regarder la vérité en face : un important patrimoine à entretenir, nos forces – en nombre et en âge – en diminution. Nous avons cependant souhaité inscrire notre réflexion en terme de fécondité“. C’est pourquoi la joie peut se lire sur les visages des moines, née de la paix du consentement. Une mort pour une autre vie : ces derniers rejoignant d’autres monastères, le village de François leur succède dans un projet alliant tradition et nouveauté.
Arrivés les premiers sur les lieux, Benoit et Anne-Sophie ont pu vivre pendant deux mois proches des moines. “Nous l’avons vécu comme un cadeau du ciel. Invités à un chapitre conventuel, nous avons écouté chaque frère faire part de sa future destination, tendu vers l’avenir mais aussi conscient du poids de l’histoire marquée par tant d’années de présence ici. C’était bouleversant“, s’émerveille la chef de projet. Famille et frères ont pu ainsi échanger sur l’histoire de l’abbaye, sur sa tradition d’accueil des plus pauvres et son travail résolument orienté vers la sauvegarde de la maison commune.
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Vivre ensemble, écologie intégrale et activité économique, tels sont aussi les trois piliers du village de François. Ce lieu offrira un écrin pour les plus fragiles. Ainsi, à côté d’une dizaine de familles et de célibataires, sera créé un béguinage, permettant à seize personnes âgées de vivre ensemble. Des femmes enceintes en difficulté, des migrants, des personnes en souffrance psychologique, vivant dans la rue ou ayant connu la prostitution seront en outre accueillies par le biais d’associations expérimentées. “Nous croyons que chaque personne est capable d’apporter de la richesse, de co-créer“, affirme Étienne Villemain, initiateur du projet.
Métiers du bâtiment, de l’agriculture, du service, du bois, de l’hôtellerie, miellerie : tous ces métiers offriront à chacun de développer ses talents et de participer au bien commun. Certaines de ces activités, jusque-là développées par les frères, trouveront ici leur prolongement.
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La prière, même si elle ne sera plus rythmée par les huit offices quotidiens des moines, restera bien présente. Dans ce monastère, restent conservées les reliques du bienheureux Marie-Joseph Cassant. “Ce frère est lui aussi un petit du royaume de Dieu, avec de nombreuses difficultés intellectuelles pour faire des études, mais une grande richesse humaine et spirituelle, témoigne le père abbé. C’est un autre type de pauvreté que l’Église va pouvoir servir à travers le village de François“.