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Bioéthique : « Le relativisme n’est pas une solution »

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Christian Venard - published on 12/10/20
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À l’origine des derniers votes mettant en cause le caractère sacré et inviolable de la vie humaine ? Un alignement du droit sur la logique de la force. Pour l’avenir de la société, l’intelligence humaine doit aller au-delà des convenances et saisir les vérités qui ne changent pas.

Cette semaine passée aura donc vu un double triomphe de la barbarie, devenue maîtresse, semble-t-il, de notre société française. Barbarie, au sens premier du terme, c’est-à-dire un éloignement abyssal de ce qui a constitué pendant presque deux millénaires les fondements de notre société européenne et de sa civilisation. Négation de l’objection de conscience pour les médecins, et allongement du délai de l’avortement légal à quatorze semaines, ont donc été votés en première lecture à l’assemblée nationale. 

Nous voilà précisément plongés dans ce que décrit le pape François au numéro 210 de Fratelli tutti : « Ce qui nous arrive aujourd’hui et qui nous entraîne dans une logique perverse et vide, c’est qu’il se produit une assimilation de l’éthique et de la politique à la physique. Le bien et le mal en soi n’existent pas, mais seulement un calcul d’avantages et de désavantages. Ce glissement de la raison morale a pour conséquence que le droit ne peut pas se référer à une conception essentielle de la justice mais qu’il devient le reflet des idées dominantes. Nous entrons là dans une dégradation : avancer “en nivelant par le bas” au moyen d’un consensus superficiel et négocié. Ainsi triomphe en définitive la logique de la force. »

Malheureusement, ne nous faisons aucune illusion, rien ne semble pour l’instant en mesure d’arrêter cette folie, dont les commentateurs politiques français indiquent qu’elle n’est même plus contrôlée par le pouvoir exécutif ! Le Saint-Père nous en fournit la raison profonde : « Est-il possible de prêter attention à la vérité, de rechercher la vérité qui correspond à notre réalité la plus profonde ? Qu’est-ce que la loi sans la conviction, acquise après un long cheminement de réflexion et de sagesse, que tout être humain est sacré et inviolable ? Pour qu’une société ait un avenir, il lui faut cultiver le sens du respect en ce qui concerne la vérité de la dignité humaine à laquelle nous nous soumettons » (n. 207). Depuis le vote de la première loi de légalisation de l’avortement, jusqu’aujourd’hui, nous assistons peu à peu à l’effritement de toute humanité, dans une logique infernale.

Le poison du relativisme

La source intellectuelle a déjà été clairement définie par le pape émérite Benoît XVI, dès les premières heures de son pontificat. Il s’agit du relativisme, poison mortel pour les intelligences. Le pape François le redit dans Fratelli tutti : « Le relativisme n’est pas une solution. Sous le couvert d’une prétendue tolérance, il finit par permettre que les valeurs morales soient interprétées par les puissants selon les convenances du moment » (n. 206). En définitive, « s’il n’existe pas de vérités objectives ni de principes solides hors de la réalisation de projets personnels et de la satisfaction de nécessités immédiates […], nous ne pouvons pas penser que les projets politiques et la force de la loi seront suffisants […]. Lorsque la culture se corrompt et qu’on ne reconnaît plus aucune vérité objective ni de principes universellement valables, les lois sont comprises uniquement comme des impositions arbitraires et comme des obstacles à contourner. »

Ce que nous appelons « vérité »

Comme je l’évoquais dans ma dernière chronique, à ce dogme relativiste s’ajoute des moyens d’influence par le biais des différents médias d’une puissance que jamais l’humanité n’avait connue. Et le pape François nous invite en effet « à démasquer les divers genres de manipulation, de déformation et de dissimulation de la vérité, dans les domaines publics et privés. Ce que nous appelons “vérité”, ce n’est pas seulement la diffusion de faits par la presse. C’est avant tout la recherche des fondements les plus solides de nos options ainsi que de nos lois. Cela suppose qu’on admette que l’intelligence humaine puisse aller au-delà des convenances du moment et saisir certaines vérités qui ne changent pas, qui étaient vraies avant nous et le seront toujours. »

« Autrement, poursuit le Pape, ne pourrait-il pas arriver que les droits humains élémentaires, considérés aujourd’hui comme inaliénables, soient niés par les puissants du moment avec le ‘‘consentement’’ d’une population endormie et intimidée ? » Nous y sommes.

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