S’adressant à tous les hommes, le pape François réaffirme la puissance de l’amour que le Christ a enseigné pour éradiquer les violences qui menacent la vie et la survie de l’humanité.
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L’encyclique Fratelli tutti que nous a adressée le pape François est un texte extrêmement dense et riche car il est la synthèse de sa pensée et de ses nombreux discours au cours de son pontificat sur la fraternité humaine. « Les questions liées à la fraternité et à l’amitié sociale ont toujours été parmi mes préoccupations. Ces dernières années, je les ai évoquées à plusieurs reprises et en divers endroits. J’ai voulu recueillir dans cette encyclique beaucoup de ces interventions en les situant dans le contexte d’une réflexion plus large » (FT, n. 5).
La croissance de l’intelligence de la foi
Aussi sa lecture nécessite du temps, de l’attention, et la solennité de son adresse sous forme d’encyclique « à toutes les personnes de bonne volonté » (n. 6) souligne sa dimension missionnaire. Le pape François livre le message de l’Évangile au monde d’aujourd’hui sous l’angle de la fraternité humaine comme une réalité universelle, non pas optionnelle mais indispensable à la vie et à la survie de l’humanité. Le Christ est la Vérité et son message est vérité pour toute personne à toute époque. Il serait erroné de voir dans ce texte une simple méditation philosophique ou politique d’un individu d’un lieu ou d’un temps, issu d’un climat philosophique ou théologique particulier, dont la pensée disparaîtra avec lui quand il cèdera sa place de souverain pontife. Le magistère de l’Église ne fonctionne pas par accumulation de pensées individuelles — certes brillantes — qui se succèderaient les unes aux autres et dans lesquelles on piocherait au gré des envies ou des thèses à défendre.
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Le magistère de l’Église est un approfondissement constant et unifié de la connaissance de Jésus-Christ et de son message, ce qui fait dire au pape François au sujet de l’esclavage : « Aujourd’hui, avec le développement de la spiritualité et de la théologie, nous n’avons plus d’excuses » (n. 86). Cette croissance de l’intelligence de la foi est nourrie par le monde qui nous entoure et auquel nous annonçons le Christ en répondant à ses richesses et à ses erreurs ainsi qu’en nous fondant sur l’Évangile médité quotidiennement en Église, en cohérence avec ce qui a toujours été enseigné et qui est ici approfondi. Le risque est souvent de réduire la pensée pontificale à des lubies particulières lorsqu’elle nous gêne, quel que soit le pape. Le risque est aussi de croire que le pape ne fait ici que de la sociologie politique et n’annonce pas vraiment l’Évangile comme je l’ai lu ou entendu ici et là.
Cette encyclique est un manifeste de non-violence qui essaye de débusquer toutes les formes de violence tapies dans nos cœurs, nos familles, nos groupes humains, nos instances nationales, internationales ou religieuses
Un manifeste de non-violence
Cette méditation sur la dignité de chaque personne humaine et la fraternité que doivent entretenir ces personnes entre elles à tous les échelons de relations de notre vie est une contemplation de la Passion du Christ. Cette encyclique est un manifeste de non-violence qui essaye de débusquer toutes les formes de violence tapies dans nos cœurs, nos familles, nos groupes humains, nos instances nationales, internationales ou religieuses. De l’indifférence à la peur, de la violence économique au racisme, de la confiscation de richesses au refus de l’étranger, de l’avortement au sexisme, ce texte médite le message du Christ, via la parabole du Bon Samaritain, sur le refus actif de la violence et sur ce que sont l’Amour chrétien et la fraternité nécessaire entre les hommes. L’incarnation de cet amour, nous la contemplons dans la vie et la Passion de Jésus : liberté de son offrande au Père, vérité de sa parole à ceux qui l’interrogent, amour et pardon de ceux qui le persécutent, refus d’avoir recours à la force malgré l’injustice et le mensonge.
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« Comme je vous ai aimés »
Cette encyclique est profondément missionnaire car, s’adressant à tous, elle livre à tous la vérité radicale et l’exigence de l’Évangile ; elle révèle la révolution que le Christ a opéré en instaurant la nécessité de la Charité et en invitant ses disciples à aimer comme il nous a aimés, ce que nous contemplons au cours de la Passion. Notre monde a besoin de la force de l’Évangile et de l’amour que le Christ nous a enseignés alors que certains groupes prônent ouvertement la violence comme mode d’action soit par égoïsme soit pour instaurer un monde prétendu meilleur. « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jn 13, 34-35). Ce texte médite sur le « comme je vous ai aimés », seule source chrétienne pour savoir ce qu’est l’amour. Nous n’annoncerons pas Jésus Christ sans cet amour, nous ne vivrons pas de lui sans cet amour, nous ne sommes pas dans l’Église sans cet amour.