Tous les deux comédiens, Éléonore et Vincent Joncquez, jouent ensemble dans “La vie trépidante de Brigitte Tornade”, qui montre une mère de famille complètement dépassée par le rythme quotidien. Vrai couple dans la vie, ils témoignent de cette aventure vécue à deux. Aleteia les a rencontrés.D’anciennes réclames vantant les bienfaits du Cointreau et de la Fine, de vastes miroirs, un lustre rococo… Sur les étagères de ce troquet du IXe arrondissement parisien, des bouteilles de Martini flirtent avec d’autres de Jack Daniel’s. Éléonore et Vincent Joncquez, 38 et 40 ans, font irruption à l’intérieur. Couple à la ville comme sur les planches, ils jouent tous deux en ce moment dans La vie trépidante de Brigitte Tornade, une pièce sur la vie de famille écrite par Camille Kohler, mise en scène par Éléonore, qui totalise déjà plus de 115 représentations.
Aleteia : Qu’est-ce qui vous rejoint dans ce texte qui décrit avec humour la vie d’une famille moderne ordinaire avec ses joies et ses travers ?
Éléonore Joncquez : Très vite, en lisant le texte, je me suis dit : “C’est génial, c’est tellement vrai, c’est tellement drôle, c’est tellement bien croqué”. Dans cette écriture, il y avait vraiment l’épreuve de la réalité et cela me rejoignait énormément. J’ai eu envie de le mettre en scène et de montrer la famille telle qu’elle était, avec son côté joyeux et éreintant. La vie rêvée, la vie où les parents ne hurlent jamais, pour moi c’est presque culpabilisant parce que ce n’est pas ainsi que ça se passe.
C’est quoi, pour vous, la vie de famille ?
Ce n’est pas la vie dans les manuels d’éducation. L’éducation bienveillante, on met ça à la poubelle gentiment et on est dans la vraie vie. Évidemment qu’on éduque les enfants par l’exemplarité, mais l’exemplarité, est-ce que ce n’est pas déjà de rester ensemble, d’être un couple qui malgré les engueulades se parle, se pardonne et avance ? Brigitte Tornade, ce n’est pas une pièce qui enjolive la vie de famille, et en même temps, ce n’est pas une pièce qui la rend “trash” à outrance. On n’est pas dans les Bisounours, ni dans Lars von Trier, et cela reste malgré tout une ode à la famille. C’est ce que je vis : il y a des moments où on n’en peut plus de la famille, où on déplore le manque de temps et d’espace. Et en même temps, n’importe quel parent auquel on demande si c’était à refaire, il répondrait oui.
Jouer en couple, quelle expérience est-ce ?
Vincent Joncquez : Partager le travail, c’est aussi une façon de partager des choses en couple qui nous extraient du quotidien de la vie de famille. La pièce est en cohérence totale avec ce que je pense de la vie de famille, mais avec un personnage qui est loin de moi dans la vie. J’ai beaucoup de plaisir à travailler avec Éléonore : cela nourrit mon couple avec force. On se connaît tellement bien qu’on est au plus près d’une vérité, d’une réalité tangible pour les spectateurs. Quand on a joué 115 représentations à Paris l’année dernière, nous avions un vrai temps avec nos filles de 16h30 à 19h30, de la sortie de l’école au départ au théâtre. Nous faisions les devoirs, le repas, nous passions du temps avec elles. Mais par contre, après la représentation, nous avions de vrais temps de couples sans enfants en voyant les copains ou la famille. Cela nous a apporté une qualité de vie de couple.
C’était ultra important pour moi que dans le jeu, on sente cet amour qui transpire malgré les querelles quasi permanentes.
Que transmettez-vous de vous sur scène ?
Éléonore Joncquez : Il ne faut pas se leurrer, Brigitte Tornade, ce n’est pas notre vie, même si c’est proche de nous et que cela ressemble à plein de gens. Après, c’est certain que dans la mise en scène et dans le jeu, j’y ai mis de moi-même. Il y a une atmosphère assez joyeuse qui sort de l’écriture, je l’ai accentuée. Pour moi c’est important qu’on ait le côté de la mère qui n’en peut plus, et qu’en même temps, ce soit contrecarré par une espèce de joie et de vie qui émane malgré tout. Je trouve que la vie avec les enfants, ce n’est pas toujours facile, mais qu’il y a de la vie qui en sort. C’est quelque chose que je vis profondément avec Vincent. On s’engueule à longueur de temps et pourtant je trouve que tout cela a du sens et est plein de vie. J’avais envie que cela transparaisse sur scène. Ce paradoxe entre d’un côté une vie éreintante et une vie pleine de vie, c’est quelque chose que j’ai mis de moi. Cela m’amusait de montrer des parents pas parfaits : il faut de la spontanéité. Brigitte et Paul [le mari dans la pièce, ndlr], c’est un couple qui se dispute très souvent mais qui fonctionne. C’était ultra important pour moi que dans le jeu, on sente cet amour qui transpire malgré les querelles quasi permanentes. Je me rends bien compte avec Vincent que nos différences sont aussi une richesse, même si elles amènent des confrontations. Il y a de la vie qui en sort.
Comment le fait d’être croyants donne-t-il du souffle à votre vie et à vos projets ?
Vincent Joncquez : Pour moi, c’est clair que le projet de mariage et de projet de vie avec Éléonore est inscrit dans la foi, dans la proposition qui est faite par l’Évangile. Dans notre mariage, nous sommes mariés à trois. Mon mariage, mon couple et ma famille sont complètement nourris par ma foi.
Éléonore Joncquez : Je suis croyante et je reçois une joie profonde qui transparaît dans ma façon de jouer, dans les pièces que je monte. Si cette pièce m’a attirée, c’est parce qu’il y a une vie, un élan : c’est une pièce vivante. Cet enthousiasme que j’ai dans la vie et qui transparaît dans mon métier est lié à ma foi. Brigitte Tornade a un rapport avec ma foi par cette vie de famille, cette folie, ce combat pour que cela fonctionne. Il y a une joie et un enthousiasme donnés par le Seigneur qui insufflent totalement ma vie d’artiste.
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Pratique : “La vie trépidante de Brigitte Tornade” en tournée dans toute la France jusqu’au 17 avril 2021. Réservations ici.