La disqualification de l’usage de la force en cas d’agression n’est pas le signe d’une société juste.
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La multiplication des faits divers tragiques vient confirmer que les Français ne sont pas confrontés à un simple sentiment d’insécurité mais à une insécurité réelle, qui ressemble bel et bien à un ensauvagement des voyous. D’une part en effet, il n’y a plus de proportionnalité entre une agression et sa motivation : une personne peut aujourd’hui être tabassée à mort pour le vol d’un téléphone portable. D’autre part, la violence gratuite, sans motif spécifique, se développe à grande vitesse.
Les jeunes filles en danger
Un aspect du problème mérite particulièrement l’attention : les jeunes filles ne sont pas en sécurité dans nos rues, même en plein jour. Bien sûr, tout le monde peut être agressé, jeune ou vieux, fille ou garçon, mais c’est probablement pour les jeunes filles que la situation est aujourd’hui la plus critique. Il est de la responsabilité des pères et mères de famille de prendre conscience de cette situation et de réagir en conséquence. Il est devenu nécessaire, pour une jeune fille, de savoir se défendre ; et pour un jeune garçon de savoir défendre les filles… et se défendre soi-même bien sûr.
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Pour savoir se défendre, il faut apprendre et s’exercer, donc pratiquer des arts martiaux et/ou prendre des cours d’autodéfense. Il faut encore pouvoir faire usage d’armes d’autodéfense. Il existe aujourd’hui tout un éventail d’armes d’autodéfense qui sont légales et peuvent constituer un auxiliaire très efficace en cas d’agression. Cependant, il ne sert à rien de posséder des armes si l’on n’apprend pas à s’en servir. Leur usage doit donc être pensé dans le cadre d’un apprentissage global de l’autodéfense, qui comporte des aspects techniques, des dimensions psychologiques et l’étude de scénarios. Nous parlons bien ici de légitime défense et non de se faire justice soi-même.
La force est légitime
D’une certaine manière, il revient aujourd’hui aux familles d’acquérir progressivement un instinct de défense qui s’est peu à peu évanoui dans le confort de la vie moderne. C’est un fait : l’instinct de défense des honnêtes gens est devenu très faible il faut amorcer un virage culturel. Cela passe non seulement par un apprentissage des techniques de défense, mais aussi par une révision de certains principes éducatifs pacifistes aujourd’hui déployés dès le plus jeune âge.
L’idée que la force ne puisse rien résoudre est une utopie.
L’éducation pacifiste consiste à disqualifier par principe la force. Or, l’idée que la force ne puisse rien résoudre est une utopie. C’est le contraire qui est vrai : il est des situations où seule la violence légitime et la force du juste peuvent s’opposer à la violence injuste et arbitraire. Or l’éducation contemporaine tend à brider au maximum, voire à annihiler, l’agressivité naturelle qui est tout simplement lié à l’instinct de défense.
Une mission éducative
Par exemple, un élève épris de justice qui corrigera pour se défendre un petit caïd en herbe, dans la cour de récréation ou à la sortie de l’école, sera considéré comme fautif alors qu’il ne l’est pas. Les adultes en charge de son éducation lui expliqueront qu’il ne doit pas recourir à la force, alors même qu’il aura fait ce qu’il devait. L’éducation consiste, non pas à annihiler l’agressivité naturelle liée à l’instinct de défense mais à la canaliser, à l’orienter vers ce qui est juste. Or la force se situe aujourd’hui quasiment exclusivement du côté de l’injuste et la faiblesse du côté du juste.
Les temps que nous vivons doivent nous faire réfléchir, comme parents et éducateurs, à ces questions et nous conduire à relégitimer, dans une proportion ajustée, la force au service de la justice.
Chronique publiée en partenariat avec Radio Espérance, 30 septembre 2020.