Évêque de Fréjus-Toulon, Mgr Dominique Rey doit présider le 1er octobre les obsèques de Michaël Lonsdale, disparu le 21 septembre dernier. Il rend ici hommage à l’acteur dont il fut l’ami pendant trente-quatre ans. Ils partageaient la même attirance pour la beauté de Dieu.
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
J’ai rencontré Michaël Lonsdale en 1986 lors de la préparation d’un festival chrétien Magnificat. En pleine déprime suite au décès d’un proche, Michael commençait alors à fréquenter un groupe de prière à la paroisse parisienne de saint François-Xavier. Lors de notre première rencontre, il m’a fait part que Jésus Christ avait changé le cours de son existence. J’ai été immédiatement touché par son timbre de voix unique qui faisait passer en même temps douceur, force, humour et bonté. Notre commun amour de l’art, dans lequel la beauté de Dieu s’entrevoit, a scellé une amitié qui a perduré trente-quatre ans et qui s’est renforcée au fil des aventures communes que nous avons pu déployer dans le cadre de spectacles, de c30@onférences de livres que nous avons commis ensemble.
Une foi aux aguets
D’apparence timide et flegmatique, Michaël cachait sa pudeur sous des sourcils en broussaille. Sa foi semblait grandir au fur et à mesure qu’il en témoignait et qu’il en rayonnait autour de lui. Du comédien, du metteur en scène, du peintre qu’était tour à tour Michaël Lonsdale, irradiait l’humble certitude d’une foi aux aguets, toujours disponible pour de nouvelles aventures intérieures. “Le comble de la misère est de ne pas rencontrer Dieu” avouait-il.
Son attachement au Christ a été le creuset de sa vie. Il a reçu la vertu de nous Le communiquer avec humilité.
J’ai eu la chance de pouvoir le visiter quelques jours avant sa mort. Nous avons pu prier ensemble. Plus son corps déclinait, plus son âme semblait monter vers la cime de sa vie, qu’il a atteinte le 21 septembre, jour de mon anniversaire, à cette heure où Dieu l’a accueilli dans sa maison. Me revient à l’esprit une anecdote. Nous consultions chacun nos agendas pour fixer un nouveau rendez-vous. En ouvrant le sien, par mégarde, il avait inscrit son nom sur son carnet au lieu de mettre celui de son interlocuteur. Surpris de cette erreur, Michaël me susurra à l’oreille : “J’ai rendez-vous avec moi-même.” Il désignait providentiellement l’instant de son trépas — cette rencontre définitive avec Dieu qui est le moment où nous faisons la vérité avec nous-même et sur nous-même à partir de son regard miséricordieux.
Il est mort dans la paix
La diction grave de Michaël emportait les mots jusqu’au fond de notre âme : elle restera gravée en nos mémoires pour nous ramener à l’essentiel, le Christ, qui fut l’objet de ses désirs les plus intimes et qu’il voulait suivre à la trace. Son attachement au Christ a été le creuset de sa vie. Il a reçu la vertu de nous Le communiquer avec humilité. Cette charité ne passera jamais, comme le rapporte saint Paul.
Lire aussi :
Michael Lonsdale, un acteur habité
L’absence d’un être cher inspire tout autant que sa présence. Michaël n’est plus devant, il est désormais en nous ; et surtout en Dieu. Les ténèbres du deuil engendrent la lumière sur ce qui en nous est digne de l’Éternité. “J’aimerais mourir en paix, mon Espérance c’est la lumière de Dieu.” Je retiendrai cette ultime confidence qu’il avait partagée aux siens. Un vade mecum pour l’éternité. Car il ne s’agit pas seulement de se poursuivre puisque le temps nous échappe, mais de s’accomplir en Celui qui nous précède en sa victoire et qui nous espère jusqu’au bout.