Avec la Bible de Gutenberg, c’est une profonde transformation qui s’opère dans le christianisme. Indissociable de l’invention de l’imprimerie et ancêtre de nos Bibles modernes, la Bible de Gutenberg préfigure, en effet, une nouvelle ère dans la diffusion de la foi chrétienne.
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Johannes Gensfleisch (vers 1400-1468), plus connu sous le nom de Gutenberg, va léguer au XVe siècle une invention déterminante pour la Renaissance avec les caractères métalliques mobiles. Humaniste, ce premier imprimeur né à Mayence se destine tôt au métier de la ciselure et aux alliages alors qu’il réside à Strasbourg, techniques qui seront essentielles pour sa future invention.
La diffusion croissante des idées à cette époque conduit le jeune Gutenberg à réfléchir aux moyens de produire des copies de texte de manière plus rapide que par la traditionnelle version manuscrite. C’est alors qu’il eut l’idée de produire des caractères en métal fait de plomb, d’étain et d’antimoine associés à une presse à bras et à une encre d’impression à base de suie et d’huile de lin, l’imprimerie était née ! Et on en connaît la postérité…
La Bible, première œuvre imprimée
Pour asseoir l’autorité de son invention, il fallait à Gutenberg un ouvrage essentiel. C’est alors qu’il eut l’idée de retenir la Vulgate en latin de saint Jérôme, texte officiel de l’époque. La Vulgate sera donc le tout premier livre imprimé en Europe (même si la Chine avait déjà produit en Extrême-Orient des textes imprimés dès le IXe siècle)… La fameuse Bible, dite de Gutenberg, date de 1452-1455 et fut réalisée en collaboration avec Peter Schöffer et Johannes Fust.
Le texte se trouve disposé précisément sur deux colonnes et présente 42 lignes par page d’où son sigle B42, pour un total de 641 feuillets divisés en 66 cahiers. Cette création eut un tel succès qu’il lui fut rapidement commandé environ 180 exemplaires sur vélin d’un poids de 22,5 kg, et sur papier – plus économique – d’un poids de 13,5 kg, à l’attention des clercs et des érudits de l’époque.
De la cinquantaine de Bibles de Gutenberg parvenues jusqu’à nous, celle de la Bibliothèque vaticane sur vélin témoigne de la splendeur et du soin apporté par le génial inventeur à son œuvre. Le texte imprimé en textura (écriture gothique utilisée aux siècles précédents) est orné d’initiales décorées a tempera avec des rehauts d’or, les lettres filigranées se chargeant de perpétuer la longue tradition monastique des bibles manuscrites. L’enlumineur venait en effet parfaire la Bible tout juste sortie des presses, une manière d’associer modernité et tradition.
Une incroyable diffusion du livre
Si Gutenberg ne bénéficia guère de son invention puisque son affaire sombra rapidement dans la faillite, une révolution était cependant en marche qui, associée au courant humaniste de la Renaissance, allait permettre une diffusion inégalée des connaissances et des Saintes Écritures. Avec cette nouvelle méthode, il était en effet désormais possible de multiplier plus facilement le nombre d’exemplaires de la Bible alors qu’auparavant les grandes Bibles de lutrin des monastères exigeaient de longues heures de copie manuscrite. Qui plus est, les Bibles manuscrites en nombre, bien sûr, plus restreint demeuraient réservées aux églises et monastères ; elles étaient d’ailleurs le plus souvent attachées à une chaîne pour éviter les “emprunts abusifs”. La Bible imprimée de Gutenberg tourne donc une page de l’histoire des Écritures.
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Le XVe siècle verra se succéder pas moins de 80 éditions de la Bible Gutenberg. Savants et humanistes eurent ainsi accès aux textes bibliques bien plus largement, et ce, en évitant les erreurs des copistes. Celle-ci acquit un succès tel qu’elle devint même un objet de négoce hors de l’Église.
Indéniablement, l’invention de l’imprimerie par Gutenberg aura eu des effets indirects insoupçonnés par son créateur en favorisant par la première Bible imprimée l’accès aux Saintes Écritures à un plus grand nombre. Notons pour finir qu’elle favorisera aussi, cependant, la diffusion future de la Réforme…
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