Le pape François a accepté la démission du cardinal Angelo Becciu, à l’âge de 72 ans, préfet de la Congrégation pour la cause des saints. La presse italienne évoque des détournement de fonds ce dont le cardinal se défend.
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“Dans l’esprit d’obéissance et par amour que je porte à l’Église et au Pape, j’ai accepté la demande de démission” du pape François, a confié le cardinal Angelo Becciu, 72 ans, ex-préfet de la Congrégation pour la cause des saints, rapporte le quotidien italien Il Messaggero du 25 septembre 2020. Le pape François a en effet demandé le 24 septembre au cardinal Becciu de renoncer à sa charge de préfet et aux droits liés à son statut de cardinal. Selon le code de droit canon, cela signifiera qu’il n’entrera désormais pas en conclave et ne participera donc pas à l’élection du prochain pape. Cela veut dire par ailleurs qu’il n’assistera plus le pontife pour traiter les thèmes d’importance majeure et ne sera également plus convoqué lors des consistoires.
Coupable de détournement de fonds
Le motif de cette décision découlerait de la preuve obtenue par des magistrats du Vatican que le cardinal serait coupable de détournement de fonds. Pour la première fois, un haut responsable du Saint-Siège est sanctionné après une enquête interne du Vatican. Ce procédé inédit pourrait être le résultat de la réforme des finances entamée par le pape François et de la nouvelle loi anti-corruption entrée en vigueur le 15 juillet 2020.
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En cause, le nom du cardinal apparaît dans l’affaire de l’immeuble de Londres au centre d’une manipulation financière frauduleuse, datant de l’époque où il était encore substitut de la Secrétairerie d’État. Mais l’enquête est toujours en cours et semblait ne pas avoir connu d’évolution depuis plusieurs mois. Cependant, selon l’hebdomadaire italien L’Espresso, le cardinal Becciu, aurait confié à l’époque “l’ensemble de la trésorerie du Vatican au financier Enrico Crasso, ancien employé du Crédit Suisse”. Celui-ci “orientait les investissements du Vatican vers des fonds spéculatifs basés dans des paradis fiscaux”. Dans le cadre de cette affaire, cinq employés de la Secrétairerie d’État font l’objet d’une enquête par la justice du Saint-Siège.
Le Saint-Père a été élu pour nettoyer les finances du Vatican. Il joue sur le long terme et doit être remercié et félicité pour ces récents développements.
Selon Il Messaggero, le souverain pontife reprocherait par ailleurs à l’ancien préfet d’avoir fait transférer des fonds très importants, toujours lorsqu’il occupait le poste de substitut à la Secrétairerie d’État, de la Conférence épiscopale italienne et du denier de Saint-Pierre – un fonds sous le contrôle direct du haut prélat – vers les comptes de la coopérative SPES. Situé dans le diocèse sarde, ce bras de la Caritas locale est dédié à l’aide des migrants et dirigé par un de ses frères Tonino Becciu. L’argent des fonds réservés du Saint-Siège, selon des sources du diocèse, serait toujours sur le compte courant de la coopérative et n’aurait pas été utilisé jusqu’à présent. Selon le quotidien italien, d’autres mouvement financiers douteux sont observés dans les activités du cardinal Becciu.
“Un trou de 454 millions d’euros”
Reste que tous ces mouvements de capitaux sont difficiles à tracer, affirme l’hebdomadaire L’Espresso qui affirme toutefois être en possession de documents clefs. Pour l’hebdomadaire, les opérations du haut prélat et le système qui en découle (actions, intérêts, commissions et paquets financiers) auraient généré “un trou de 454 millions d’euros”.
Le cardinal George Pell, alors préfet du secrétariat pour l’économie au moment des faits, dans un communiqué diffusé le 25 septembre, s’est félicité de la décision du pape François : “le Saint-Père a été élu pour nettoyer les finances du Vatican. Il joue sur le long terme et doit être remercié et félicité pour ces récents développements. J’espère que le ménage des étables continuera” au Vatican.
Vers un procès ?
“Il est à la discrétion du substitut de la secrétairerie d’État d’utiliser les sommes qui se trouvent dans un fonds particulier de la secrétairerie alloué à la Caritas, pour soutenir diverses œuvres”, s’est défendu le cardinal Angelo Becciu lors d’une conférence de presse organisée aux abords de la place Saint-Pierre le 25 septembre. “Il me semble étrange d’être accusé de cela”. Les 100.000 euros “provenaient bien du denier de Saint-Pierre”, a-t-il reconnu, ajoutant : “C’est vrai, je les ai alloués à la Caritas. Il est à la discrétion du substitut d’utiliser les sommes qui se trouvent dans un fonds particulier de la Secrétairerie d’État alloué à la Caritas, pour soutenir diverses œuvres”. Pour lui, il s’agissait d’un “but charitable”.
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“L’avocat m’a dit qu’on pourrait tenter un procès car je ne veux pas laisser dire que j’ai favorisé ma famille”, a annoncé le cardinal. Il a par ailleurs renouvelé sa confiance au souverain pontife. “En devenant cardinal, j’ai promis de donner ma vie pour l’Église et pour le pape. Je maintiens mon respect pour le pontife : je ne le trahirai jamais et lui resterai fidèle”.