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Les derniers chiffres recensés par la Drees interpellent : 232.200 interruptions volontaires de grossesse (IVG) ont été enregistrées en 2019, en France, un record. Pour Olivia Sarton, l’avortement tend à être assimilé à un mode de contraception comme un autre. Elle en appelle à la responsabilité de chacun de venir en aide aux jeunes mères en détresse.
Aleteia : Le nombre d'IVG a atteint un sommet en 2019. Selon vous, qu'est-ce que cela démontre?
Olivia Sarton : Le premier ratio à examiner, c’est le rapport entre le nombre d’avortements et le nombre de naissances. En France, en 2019, ont été comptabilisées 750.000 naissances et 230.000 IVG, ce qui fait une IVG pour trois naissances. Cela démontre bien l’échec de la politique d’information à outrance sur la contraception. Le taux d’avortement ne décroit pas du tout ! Les chiffres révèlent également de nombreux cas d’IVG à répétition : des femmes qui ont recours à l’avortement deux, voire trois fois en l’espace de quelques années. Tout se passe comme si l’avortement était assimilé à un mode de contraception comme un autre. A l’origine, la loi Veil avait une vocation d’exception. Aujourd’hui, les Agences régionales de Santé (ARS), tout du moins celle d’Ile-de-France, se fixent des « objectifs » en matière d’IVG, dans le cadre du plan FRIDA (Favoriser la Réduction des Inégalités D’accès à l’Avortement) par exemple.
Quels leviers existent-ils pour réduire ce taux de recours à l’avortement ?
Le gouvernement continue de promouvoir l’accès à la contraception, et ce de plus en plus jeune. Un décret publié le 27 août dernier stipule que les frais liés à la contraception des jeunes filles de moins de 15 ans seront désormais pris en charge à 100% par l’Assurance-maladie (gratuité déjà accordée depuis 2013 aux jeunes filles de 15 à 18 ans). C’est une mesure choquante. D’une part, parce qu’il n’y a personne qui s’inquiète de savoir s’il s’agit d’une sexualité consentie ou contrainte. D’autre part, le système hormonal d’une toute jeune fille n’est pas encore totalement développé, et on le soumet à une contraception hormonale dont on commence à connaître les méfaits ! Diminuer le nombre d’avortements ne passera pas par la contraception mais plutôt par l’éducation des jeunes à la vie affective et sexuelle, et à une sexualité responsable.
Cette hausse des IVG nous interroge sur l’accueil que nous réservons aux plus faibles.
Aujourd’hui, la seule et unique réponse que l’on apporte à une mère en détresse, c’est l’avortement. C’est une mauvaise réponse à une vraie question. Comment se fait-il que la société ne soit pas capable d’aider, de prendre en charge ces jeunes mamans, de les accompagner, de ne pas les laisser seules ? Qu’en est-il de notre humanité ? Tous, nous sommes appelés à une véritable conversion : qu’est-ce que je fais, moi, concrètement, pour aider mon prochain en détresse ? Au-delà des manifestations et des dons à des associations ou centres d’accueil, est-ce que je suis prêt à m’engager pour être aux côtés de celle qui a besoin de moi ? Cette hausse des IVG nous interroge sur l’accueil que nous réservons aux plus faibles.
12.000 IVG ont été pratiquées de manière tardive en 2019, et la délégation aux droits des femmes à l’Assemblée cherche encore à prolonger le délai de recours légal en le faisant passer de 12 à 14 semaines de grossesse. Quelles peuvent être les conséquences d’une telle mesure ?
Cela montre combien on met l’accent sur la réification de l’enfant. Un enfant devient une chose que l’on peut avoir quand on veut : je suis enceinte mais ce n’est pas le bon moment donc j’avorte, ou bien je ne suis malheureusement pas enceinte mais je suis prête à avoir un enfant à n’importe quelles conditions. Une telle proposition souligne aussi de grandes incohérences : Adrien Taquet, secrétaire d’État en charge de l’Enfance et des Familles, vient de lancer une campagne de lutte contre les violences faites aux enfants. Mais l’avortement n’est-il pas déjà une forme de violence envers l’enfant, s’exerçant dans le ventre de sa mère ? La lutte pour protéger les enfants ne peut pas être segmentée.
Pourquoi vouloir allonger le délai ? En 2001, le Parlement a entériné l’allongement de 10 à 12 semaines, parce que chaque année, 5.000 femmes se trouvaient hors délai et allaient avorter à l'étranger. La loi devait permettre à 80% d'entre elles d’avorter en France. Or vingt ans après, ce ne sont pas 5.000 mais 12.000 IVG tardives qui sont pratiquées. Et dans vingt ans, on demandera de passer de 12 à 14 semaines. Mais pour quelles raisons légitimes ? Parce qu’on est déçu du sexe du bébé ?