Ami proche de Michael Lonsdale, l’éditeur et journaliste Michel Cool raconte avec émotion l’amitié qui les unissait, et les nombreuses grâces qu’il reçut auprès de cet « océan de bonté ». Il a eu la joie de publier deux de ses livres et de l’accompagner à Tibhirine.
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16h01, ce lundi 21 septembre, c’est l’heure pile à laquelle Anne Facerias m’a appris la nouvelle du décès de Michael Lonsdale. De mon ami Michael. Au même moment, je faisais mon signe de croix dans une église du Pas-de-Calais en compagnie d’un ami prêtre. Je ne crois pas aux signes du hasard. Je crois aux signes de la Croix. Ainsi Michael est retourné à la maison du Père le jour de la fête de saint Matthieu, le publicain converti par la douce foudre du regard de Jésus, une scène évangélique qu’a sublimement représentée Le Caravage dans un tableau saisissant d’incarnation et que l’on peut admirer à Rome dans l’église Saint-Louis-des-Français. Ce n’est pas un hasard, non, que Dieu ait rappelé à lui, en ce jour de solennité d’un évangéliste qui relate pas moins de dix paraboles sur le Royaume, un grand artiste, un grand converti de l’Esprit saint, un grand ami de la beauté et du genre humain.
La grâce d’une amitié
Comme éditeur, j’aurai eu la grâce d’éditer deux de ses derniers livres chez Salvator, Pèlerin à Tibhirine, le récit de son « saint voyage » en Algérie, et C’est beau de prier, une anthologie des plus belles prières de saint Paul VI dont il en avait enregistré six sur CD (dernier enregistrement public et édité). Que de grâces reçues en présence et avec Michael ! Grâce d’avoir marché à ses côtés sur les pas des moines de Tibhirine en Algérie, en 2018. Grâce de l’avoir vu fleurir la tombe du bienheureux frère Luc qu’il avait magistralement interprété à l’écran dans le fameux film retraçant leur odyssée de grâce Des hommes et des dieux. Ce rôle lui avait valu de recevoir un césar — qu’il avait malicieusement placé dans l’entrée de son appartement : enfin ! la reconnaissance officielle des professionnels du cinéma… Grâce de l’avoir entendu déclamer le testament de Christian de Chergé dans le petit cimetière où reposent les sept moines martyrs. Grâce de l’avoir écouté durant des heures — même très tardives, le temps n’avait pas de prise sur cet éternel grand enfant — me parler de ses souvenirs familiaux et cinématographiques, attablés ensemble au restaurant Le Vauban, en face des Invalides où une table lui était réservée à l’année. Grâce d’avoir été l’un de ses amis, « une grâce » comme il disait en parlant de ceux, nombreux, qui lui étaient chers.
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Témoin radical et passionné de l’Évangile
Michael Lonsdale fut non seulement un immense comédien de renommée internationale, il fut un étonnant et authentique « homme spirituel » qui marchait, jouait, parlait, se taisait sous l’emprise quasi constante de l’Esprit saint. Il aimait rappeler qu’il était né le jour de la Pentecôte. Son culte de l’Esprit saint lui fit faire des merveilles parmi les humains de son temps, il excella à la scène comme à la ville, même quand, contre son gré, il devait jouer des rôles de méchants ! Michael était taillé d’une pièce. Amie de Marguerite Duras et de Thérèse de Lisieux, il demeure un témoin radical et authentique de ce que l’attachement passionné à l’Évangile peut susciter de foncièrement libre et créatif chez un homme dont la vie ne fut pas toujours un long fleuve tranquille.
Un océan de bonté
Michael va manquer terriblement à celles et ceux qui ont eu la grâce de l’approcher. Bien sûr sa voix ne nous quittera pas grâce aux nombreux enregistrements. Bien sûr son personnage est immortalisé dans des films non moins immortels. Mais surtout, Michael a déversé dans le cœur de ses amis un océan de bonté qu’ils n’ont pas fini de contempler et de méditer. Un océan de bonté qui en cette heure de la séparation vient nous consoler de la perte immense que représente sa perte, et le fait ne plus pouvoir recevoir et accueillir un de ses clins d’œil furtifs et amicaux, par lequel il nous rendait complice et témoin de sa joie intime et profonde de vivre et de croire.
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