À Beauvais (Oise), la Maison du Thil accueille sept personnes âgées souffrant de la maladie d’Alzheimer ou de troubles apparentés. Ce projet de colocation original est à découvrir à l’occasion de la journée mondiale Alzheimer, le 21 septembre.
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“C’est devenu la nouvelle famille de mon père”, s’enthousiasme Eddy Pauchet, couvreur à Beauvais (Oise). En janvier dernier, Michel, 76 ans, porteur de la maladie d’Alzheimer, a débarqué dans la maison du Thil. Située à Beauvais, à quelques encablures du centre-ville, elle accueille sept personnes souffrant de cette maladie ou de troubles apparentés dans un esprit familial.
La maladie d’Alzheimer concerne 1,2 million de personnes en France, dont 35.000 de moins de 65 ans. Chaque année, 225.000 nouveaux cas sont diagnostiqués selon France Alzheimer, soit un toutes les trois minutes. Quand un proche est atteint, deux solutions d’encadrement sont possibles : le maintien à domicile ou la prise en charge dans une structure spécialisée. Dans de nombreux Ehpad, il existe des unités Alzheimer avec une prise en charge spécifique. Mais d’autres alternatives, souvent plus familiales, existent, telles que l’accueil familial ou encore l’habitat partagé, à l’image de la maison du Thil, qui s’est montée en 2016, portée par les Petits Frères des Pauvres.
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Une maison à dimension familiale
Dans cette grande bâtisse bourgeoise avec jardin de 2.500 mètres carrés, les malades vivent en colocation. Le lieu est aménagé comme une maison de famille, avec une cuisine, des chambres, deux salons dans lesquels sont disposés buffets, bahuts, canapés, télévision… L’idée est en effet de maintenir un vrai chez-soi. Très concrètement, une infirmière passe chaque jour, des auxiliaires de vie se relaient auprès des malades et une dizaine de bénévoles tournent régulièrement afin de proposer des activités de gymnastique, de jardinage, de chant, ou une sortie cinéma…. Un partenariat a également été noué avec l’institut UniLaSalle de Beauvais, qui forme de futurs ingénieurs, ce qui permet la présence ponctuelle de quelques étudiants. Tout ceci permet d’allier un accompagnement solide par des professionnels et une vie familiale simple. Comme il y a peu d’intervenants, les malades les connaissent bien.
Cette vie en petit comité permet de créer une routine et une certaine forme de familiarité, et le rythme favorise les stimulations mentales, nécessaires chez les personnes Alzheimer. Le projet étant de vivre une “responsabilité partagée”, qui dit colocation dit participation aux tâches domestiques. Au Thil, les repas sont préparés sur place et les résidents sont sollicités pour éplucher les légumes, touiller une sauce ou mettre le couvert, dans la mesure de leurs capacités. Ils sont chez eux et peuvent s’ils le souhaitent effectuer un tour dans le jardin ou faire une visite de courtoisie aux poules.
Il est bien entouré et il a des personnes extraordinaires autour de lui, qui savent donner beaucoup d’amour.
Chez Michel Pauchet, la maladie s’est manifestée dès 2016. Il est d’abord resté chez lui mais, d’après son fils, cela a fini par devenir “très compliqué”. Ses enfants ont dans un premier temps fait appel à une auxiliaire de vie mais, face à ses fuites répétées, une surveillance 24 heures sur 24 est devenue nécessaire. En 2018, son état s’est vraiment dégradé, et comme le décrit son fils Eddy, “chez lui il n’était plus chez lui mais ailleurs il n’y était pas non plus”. Après avoir été placé dans une grande institution dans laquelle il dépérissait, il a finalement trouvé sa place à la maison du Thil, pour un coût équivalent à celui d’un Ehpad classique. “C’est une maison de retraite de rêve, on ne les laisse pas dans un coin”, note son fils. “Avec mon frangin, on est soulagé. Mon père a repris la banane. Nous avons vu une énorme différence au niveau physique : il avait rajeuni d’un seul coup. Il est bien entouré et il a des personnes extraordinaires autour de lui, qui savent donner beaucoup d’amour”. Comme les membres des autres familles, il a la clef du portail de la maison, ce qui lui permet de passer quand il le souhaite rendre visite à son père chez lui.
Pour autant, la situation n’est pas facile pour Eddy qui, il y a quelques années encore, parcourait à vélo les routes de la région avec son père. “J’avais un père hyper bricoleur qui ne savait pas rester cinq minutes sans bouger. Maintenant, il est un peu dans son monde. Malgré tout, quand on arrive, il est content et on a droit à un sourire”.
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