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25 ans de prison pour un crime qu’il n’a pas commis : l’incroyable pardon de Michael

MICHAEL MORTON
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Ewa Rejman - publié le 15/09/20
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Sa femme a été assassinée, lui a été accusé d’homicide involontaire. Bien qu’innocent, Michael Morton a passé près de 25 ans en prison. Malgré tout ce qu’il a traversé, il parle de la nécessité d’aider les autres et de pardonner.

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C’était le 13 août 1986. Ce jour-là Christine est battue à mort dans sa propre maison à Nacogdoches, une petite ville dans l’est du Texas (États-Unis). Michael Morton, son mari, était au travail et leur fils Éric, âgé de trois ans, se trouvait avec elle. Six heures après le drame, la police arrête son mari.

Des années plus tard, les médias ont décrit ce fait divers tragique comme l’un des plus grands échecs du système judiciaire de l’histoire des États-Unis. La preuve qui plaidait pour l’innocence de Michael, c’est la révélation que la carte de crédit de sa femme avait été encore utilisée quelque heures après sa mort. Quant à son fils présent sur les lieux, lorsqu’il a été en âge d’apporter un témoignage précis quelques années plus tard, il a fourni une description de l’assassin de sa mère qui n’avait rien à voir avec son père. Enfin, les voisins de la famille avaient témoigné qu’ils avaient vu un homme suspect roder près de la maison de Christine, qui n’était pas son mari. Autant d’éléments qui n’avaient pas été pris en compte par la justice dans son premier jugement.

À l’époque, les enquêteurs et le tribunal étaient persuadés de la culpabilité de Michael qui a été condamné à la réclusion à perpétuité. Estimant eux-mêmes qu’il ne pouvait y avoir d’erreur, ses beaux-parents se sont détournés de lui. Ils ont convaincu le petit Éric que son père était un tueur, et qu’il ne devrait plus avoir le moindre contact avec lui.


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Parmi ses proches, très peu ont toujours cru en l’innocence de Michael, mais il a toujours pu compter sur le soutien infaillible de ses parents. “Quand ils ne pouvaient rien faire pour moi, je voyais leur impuissance. Ils en souffraient beaucoup”, se souvient-il. Incarcéré dans une prison de très haute sécurité au Texas, Michael a passé les 14 premières années de captivité dans la douleur et la colère contre ceux qui l’avaient condamné injustement. Il n’avait alors qu’un seul rêve : se venger.

Michael a beaucoup souffert du sentiment d’avoir été abandonné non seulement par ses proches, mais par Dieu lui-même. Ses cris de désespoirs restaient sans réponse…

Michael a beaucoup souffert du sentiment d’avoir été abandonné non seulement par ses proches, mais par Dieu lui-même. Ses cris de désespoirs restaient sans réponse. Un jour, sa cellule s’est remplie d’une lumière très vive. Il a ressenti une joie qu’il n’avait jamais connue auparavant. “Je n’avais jamais d’expérience de ce type. Je n’avais jamais eu d’hallucinations, je n’avais pas de problèmes psychologiques ou de troubles liés à l’alcool ou la drogue. Je n’ai trouvé aucune autre  explication théorique ou crédible de ce qui s’était vraiment passé à ce moment : Je m’étais retrouvé en présence de Dieu”, dit-il.

Vérité et pardon

Dans les mois qui ont suivi, Michael a beaucoup médité sur cet événement unique. Sa première décision qui a suivi, quelque temps plus tard, a été de pardonner à tous ceux qui l’avaient blessé et contre lesquels il avait ressenti tant de colère. “Je sais que si vous voulez être pardonné, vous devez pardonner. Nous sommes appelés à traiter les autres comme nous aimerions être traités nous-mêmes”, explique-t-il.

Ce n’est qu’après 23 ans de prison qu’il s’est avéré que des échantillons ADN prélevés sur le lieu du crime n’appartenaient pas à Michael Morton mais à Mark Noorwood : il s’agissait bien du meurtrier de Christine.

Cette décision n’a été ni immédiate ni facile, mais il se souvient avoir ressenti un immense soulagement après l’avoir prise. Cela ne voulait pas dire, cependant, que sa libération allait survenir rapidement. Ce n’est qu’après 23 ans de prison qu’il s’est avéré que des échantillons ADN prélevés sur le lieu du crime n’appartenaient pas à Michael Morton mais à Mark Noorwood – un homme connu pour des antécédents criminels, notamment pour trafic de drogue et de nombreux cambriolages. L’ADN a parlé : il s’agissait bien du meurtrier de Christine.

Nouvelle vie

Après un nouveau jugement, Michael a été libéré après avoir passé près de 25 années en prison. Si réapprendre à vivre n’a pas été facile, il se souvient que les paroles de son avocat l’ont aidé : haïr son prochain, même celui qui nous a fait du mal, c’est comme boire du poison. Mais Michael avoue qu’il a eu beaucoup de mal à pardonner ceux qui avaient fait du mal à ses proches. Ce n’est qu’après sa sortie de prison que son fils a cru en son innocence, lui qui avait même changé de nom pour n’être aucunement associé à son père. Les deux hommes ont réussi à reconstruire progressivement leur relation. Michael est devenu grand-père et sa petite fille a été baptisée Christine, en hommage à sa grand-mère assassinée.



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Michael s’est remarié avec Cynthia, une femme rencontrée du temps de la prison qui était tombée amoureuse de lui malgré son histoire difficile. Elle a compris son désir d’aider les autres en partageant ce qu’il avait vécu. Michael le sait : des cas d’injustice comme le sien, il y en a beaucoup, et rares sont ceux qui, comme lui, ont été réhabilités par la justice. C’est pourquoi il coopère, entre autres, avec le Projet Innocence – une organisation dont le but est de veiller à l’exactitude des enquêtes en cas d’homicides, et d’aider les personnes condamnées à tort à se défendre, notamment en apportant un soutien financier à celles qui ne peuvent pas financer les coûts très lourds d’une procédure judiciaire.

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