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Quel sens donnons-nous à la vie humaine ?

CORONAVIRUS
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Guillaume de Prémare - publié le 12/09/20
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La crise sanitaire et les mesures qu’elle entraîne conduisent à réfléchir à nos modes de vie, et notre conception de l’existence humaine.

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Le débat sur le port du masque est-il exclusivement scientifique ? Si la réponse est oui, la logique voudrait que l’avis des experts soit le seul légitime, le reste de la population n’ayant plus qu’à écouter ce que dit la science, se taire, suivre et obéir, un peu comme des moutons… Or l’extension de plus en plus importante du port du masque obligatoire dans l’espace public, même en extérieur, dépasse de loin la dimension technique de l’affaire. Ce qui est en jeu, ce ne sont pas seulement les libertés publiques, souvent invoquées dans les discours critiques, mais encore nos modes de vie, particulièrement nos pratiques relationnelles. Cela concerne tout le monde. Chacun est ainsi fondé à donner son avis.

La difficile unité sur nos modes de vie

L’expérience contemporaine est singulière : nous nous trouvons dans une situation où notre société semble ne plus être en mesure de trouver un accord sur les modes de vie. Ne voyons-nous pas en effet par exemple un éloignement des manières de vivre entre la France urbaine aisée et la France périphérique laborieuse ? N’y a-t-il pas également une fracture culturelle de plus en plus aiguë provoquée par certains us et coutumes en vigueur dans l’islam ?

Les exigences sanitaires font que les gens se regardent de plus en plus en chiens de faïence selon qu’ils portent le masque ou non.

Et voici qu’une nouvelle fracture des modes de vie se profile, cette fois-ci au sein de groupes qui présentaient jusqu’ici une certaine homogénéité. Un fossé se creuse en effet peu à peu dans les familles, dans les entreprises, dans les villes et les campagnes, dans les groupes humains, entre ceux qui appliquent rigoureusement les consignes sanitaires et ceux qui se montrent plus souples, souvent au nom du bon sens, parfois en rupture frontale avec les injonctions des autorités. Il faut bien le dire : les exigences sanitaires font que les gens se regardent de plus en plus en chiens de faïence selon qu’ils portent le masque ou non.

L’expérience humaine

Derrière la différence d’approche de la question du masque, nous trouvons des avis contrastés sur la proportionnalité des mesures sanitaires par rapport à la dangerosité du virus, les uns soulignant une disproportion, les autres justifiant des précautions maximales. Plus profondément encore, les divergences expriment aussi parfois une vision essentiellement différente de la vie et de son sens. Dans le Journal de Montréal, le sociologue québécois Mathieu Bock-Côté pose la question suivante : “Se pourrait-il, dans le cadre de la pandémie, qu’on en vienne à étouffer progressivement la vie au nom de la sécurité sanitaire ?” Le philosophe Martin Steffens renchérit dans Famille chrétienne : “Je ne vis pas pour continuer de vivre indéfiniment, mais pour vivre pleinement l’expérience humaine.” Dans un court essai intitulé L’idolâtrie de la vie, le philosophe et mathématicien Olivier Rey pose une question cruciale : “Comment la vie nue en est-elle venue à prendre elle-même la place du sacré ?”

Nous ne sommes pas encore des moutons

Par l’expression “la vie nue”, Olivier Rey désigne cette vie considérée comme exclusivement physiologique, cette vie où l’on se contente d’être en vie plutôt que mort. Cependant, est-ce là tout ce que recouvre la vie ? Cette interrogation existentielle situe la dimension de l’enjeu. Le fait de pouvoir nous poser de telles questions montre que nous ne sommes pas encore des moutons, des marionnettes ou des pantins. Veillons à ne jamais le devenir…



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Tribune diffusée en partenariat avec Radio Espérance, 9 septembre 2020.

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