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Sancja Szymkowiak, l’ange gardien des prisonniers de guerre français

SANCJA SZYMKOWIAK
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Marzena Devoud - publié le 11/09/20
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Pour les prisonniers de guerre français de la Seconde Guerre mondiale retenus en captivité à Poznan (Pologne), la bienheureuse Sancja Szymkowiak (1910-1942) était un “ange de bonté”. Découvrez son histoire.

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“Elle accepta les périodes difficiles de l’occupation nazie comme une occasion de se consacrer totalement aux personnes dans le besoin, en considérant sa vocation religieuse comme un don de la Divine Miséricorde” soulignait Jean Paul II le jour de la béatification de sœur Sancja Szymkowiak, le 18 août 2002, au Parc Blonia de Cracovie. En l’évoquant, le pape a sans doute pensé aux témoignages des prisonniers de guerre français et anglais retenus en captivité à Poznan, ville de l’ouest de la Pologne, occupée pendant la Seconde guerre mondiale par l’Allemagne. Ce sont ces prisonniers, qui, les premiers, ont vu dans cette jeune religieuse franciscaine polonaise une vraie sainte, leur “ange de bonté”. Et c’est avec émotion qu’ils vont la proclamer “sainte” le jour de sa mort, le 29 août 1942, en répétant : “Sainte Sancja, sainte Sancja”…

Petite Thérèse polonaise

Appelée par ses compatriotes la “petite Thérèse polonaise”, sœur Sancja, Sancie en français, ne souhaitait qu’une seule chose : devenir sainte. Mais pour cela, elle le savait, il fallait se donner entièrement à Dieu. Car, comme elle le répétait souvent “tout est possible par amour pour Dieu”. Sa vie pourrait se résumer à ce message.

Au matin du 1er septembre 1939, un étrange silence règne dans les rues de Poznan. La ville est déserte. Midi, à l’heure de l’Angélus, la première bombe tombe sur la ville. Au couvent, c’est la terreur.

Née en 1910 dans un village près de Poznan, cadette d’une fratrie de cinq enfants, Janina Szymkowiak vit une enfance heureuse et paisible. Après une scolarité exemplaire, elle commence des études de lettres françaises à l’université de Poznan. En même temps, elle s’engage dans plusieurs associations en faveur des déshérités.

Lors d’un long voyage en France, elle se rend à Lourdes. C’est là, devant la grotte de la Vierge, que la jeune étudiante entend  dans son cœur l’appel à la vocation religieuse. En suivant cette voie, elle décide alors d’entrer chez les Oblates du Sacré Cœur à Montluçon. Mais très rapidement, ses parents l’obligent à revenir en Pologne. Elle l’accepte et finit par entrer dans son pays chez les Filles de Notre Dame des Douleurs à l’âge de 26 ans. Sœur Sancja, son nouveau nom, vit alors une vie monastique ordinaire en prenant part aux diverses tâches physiques, en s’occupant des enfants dans une garderie de paroisse tout en suivant à l’université des cours en pharmacie.

Face à la guerre, unissons-nous à Dieu

Au matin du 1er septembre 1939, un étrange silence règne dans les rues de Poznan. La ville est déserte. Le midi, à l’heure de l’Angélus, la première bombe tombe sur la ville. Au couvent, c’est la terreur. Sœur Sancja reste calme et se console avec ces mots : “Que la volonté de Dieu soit faite. Unissons-nous à Lui à jamais”. L’armée polonaise résiste héroïquement mais bientôt, le 27 septembre, Varsovie capitule. Les Allemands s’installent à Poznan comme dans tout le pays.

En septembre 1940 la Wehrmacht investit le couvent et le transforme en maison pour les employés de l’armée. Les sœurs sont mises à leur service.

Les occupants arrêtent beaucoup de prêtres et ferment pratiquement toutes les églises. Sur 1.900 prêtres présents dans la ville, il n’en reste que 79. Quant aux religieuses, elles sont en majorité envoyées dans un camp de travail non loin de Poznan. Les nouvelles deviennent de plus en plus dramatiques. Sancja apprend la mort de son frère prêtre sous une bombe à Varsovie. La pénurie alimentaire et l’hiver avec le froid jusqu’à moins 40°C provoquent chez elle le début de la tuberculose.

Sancja Szymkowiak, the angel of prisoners

Congrégation des Filles de Notre Dame des Douleurs

L’Ange de bonté

En septembre 1940 les soldats de la Wehrmacht investissent le couvent et le transforment en maison pour les employés de l’armée. Les sœur se mettent à leur service : elles doivent faire le ménage, la lessive, cuisiner pour une centaine de personnes. Sœur Sancja est chargée du réfectoire, elle doit nettoyer les sols, laver la vaisselle, mettre le couvert.

En plus de ses obligations à la cuisine, comme elle parle cinq langues dont l’allemand, l’anglais et le français, elle donne des cours aux enfants de l’un des officiers allemands. Contrairement aux autres qui manifestent une certaine réserve – comme l’explique Mère Nella, vice-postulatrice de sa cause en béatification – pour la jeune religieuse, c’est l’occasion de témoigner de l’amour envers ses ennemis. Elle note dans son carnet à cette époque : “Celui qui veut être aimé doit aimer les autres de la même manière, et servir les autres comme il voudrait être aimé et servi”.

Un groupe de ces prisonniers est conduit au jardin du couvent pour y travailler. Sœur Sancja décide de leur servir d’interprète, mais aussi de les aider clandestinement.

Prise de vitesse par l’invasion allemande de 1940, l’armée française défaite voit de très nombreux soldats partir en captivité. Ils sont détenus dans différents camps notamment sur le territoire polonais occupé, dont un à Poznan. Un groupe de ses prisonniers est conduit au jardin du couvent pour y travailler. Sœur Sancja propose de leur servir d’interprète, mais elle décide aussi de les aider clandestinement. Elle réussit à leur donner en cachette de la nourriture, à les écouter, à apporter à chacun un petit mot de consolation ou au moins un sourire. Pour ces prisonniers, cette jeune franciscaine représente un réel réconfort et un véritable soutien. Ils la baptisent très vite “l’Ange de bonté”.

Lorsque les religieuses les conduisent auprès du corps inanimé, ils se mettent à pleurer et à embrasser ses mains en répétant : “Sainte Sancja, sainte Sancja”…

En juillet 1942, son état de santé s’aggrave brutalement. Très faible, Sancja est transportée dans une petite maison dans le jardin du couvent, appelée “Bethléem”, juste à côté des installations des prisonniers. Seule à seule avec Jésus, elle veut se préparer à le rejoindre. Avant de partir, le 29 août 1942, elle dit aux sœurs qui l’accompagnent en silence : “Confiez-moi vos soucis, vos doutes, vos difficultés, et moi, je les arrangerai, car je meurs d’amour et l’Amour ne peut rien refuser à l’amour. »

Le lendemain, les prisonniers pensant qu’elle est encore en vie, souhaitent se rassembler à son chevet pour demander de ses nouvelles. Lorsque les religieuses les conduisent auprès de son corps inanimé, ils se mettent à pleurer et à embrasser ses mains en répétant : “Sainte Sancja, sainte Sancja”…

La réputation de sainteté de sœur Sancja, proclamée ainsi par les prisonniers, se répand rapidement, mettant en lumière son cheminement spirituel exprimé si bien par ses propres mots : “Etre telle que Dieu désire, faire ce qu’il ordonne et vouloir ce qu’Il souhaite”. Il suffit d’aimer, disait-elle.

Les informations contenues dans cet article proviennent du livre “Bienheureuse sœur Sancja Szymkowiak, Vivre d’amour” de Caroline Montsarrat, préface de Mgr Jean-Yves Riocreux


EDITH ZIERER
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