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La sagesse chrétienne en temps de panique

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Pierre Vivarès - publié le 11/09/20
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Face aux peurs collectives qui s’emparent d’une société, la sagesse chrétienne n’est pas inconscience : elle est une lucidité sereine qui apaise nos cœurs et ceux de nos proches.

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Chaque jour sont égrenés des chiffres de contamination, de personnes testées positives donc potentiellement dangereuses parce que contagieuses. Des nouvelles contradictoires sont assénées quotidiennement chaque jour par des experts si bien que l’on ne sait plus qui croire ou que croire. Lorsque l’on rencontre une nouvelle personne, la première question est désormais de se demander quel degré de terreur elle atteint sur l’échelle du Covid afin de pouvoir adapter son attitude, ses gestes et sa distance. Soit les personnes s’en moquent éperdument, soit elles sont extrêmement prudentes : excès de zèle pour certains, inconscience pour d’autres. Comme pasteurs nous sommes désormais obligés non seulement à la prudence requise mais aussi à deviner et respecter les angoisses de l’autre pour se faire “tout à tous” (1 Co 9,22).

Le fruit de la confusion

Dans la mythologie grecque, le dieu Pan semait la terreur dans les rangs des armées, suscitant la fuite et donc la défaite. Il provoquait une panique collective, une angoisse diffusée à tous, comme lorsqu’il se servit de l’écho des montagnes lors d’une bataille, faisant croire aux guerriers que leurs ennemis étaient myriades et créant ainsi la déroute. Les vents de panique de nos sociétés semblent le fruit de cette même confusion où certains jouent le rôle du joueur de flûte de Hamelin qui séduit par sa musique tous les enfants pour les conduire à la mort. De nombreuses peurs émaillent notre société dans les débats actuels, d’autant plus difficiles à maîtriser qu’elles sont diffuses, sans visages, nées de tous les fantasmes, répétées en écho par les réseaux sociaux, nourries par des théories du complot nationales ou mondiales.



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Quelle serait l’attitude chrétienne face à toutes ces terreurs proposées ? Lorsque l’on annonçait au roi saint Louis que les troupes mongoles s’avançaient dangereusement vers l’Occident et risquaient de tout raser sur leur passage, saint Louis répondait tranquillement : “Eh bien ! nous mourrons en martyrs.” Identifier ses peurs, les nommer, les regarder en face ne les enlève pas de nos cœurs mais permet de remettre en perspective les véritables dangers auxquels nous devons faire face, ne pas céder à la panique et à ne pas déserter les combats. La sagesse chrétienne proclame avec saint Paul (Rm 8, 35-39) :

Alors, qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? la détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le glaive ? […] Mais, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l’avenir, ni les Puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur.

“Que votre sérénité soit connue de tous”

Un chrétien peut avoir de l’espoir : espoir d’un vaccin, espoir d’une paix sociale, espoir d’une reprise économique, espoir de la conversion de ceux qui font le mal. Cela est sain mais un simple espoir peut être ébréché par ces angoisses collectives dont nous pouvons être aussi les victimes. L’on doit d’abord demander la vertu d’espérance, vertu théologale qui nous fait proclamer que “rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu” et cultiver cette paix face aux désordres du monde. La sagesse chrétienne n’est pas inconscience : elle est une lucidité sereine qui apaise nos cœurs et ceux de nos proches. “Que votre sérénité soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. Ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, priez et suppliez, tout en rendant grâce, pour faire connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut concevoir, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus” (Ph 4, 4-7).


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