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Quand l’un des deux époux rentre du travail le soir, il est probablement non seulement épuisé, mais en plus son esprit est alourdi par une avalanche de messages. Une quantité d’informations qui, comme un bruit de fond, s’ajoutent aux fatigues de la journée et menacent la paix de son cœur. Ces messages sont sous forme de paroles ou de slogans, de regards ou d’images… comme ceux qui accusent la femme de ne pas être assez mince, belle ou jeune, pas assez bien habillée ou pas assez séduisante, pas assez maman parfaite ou femme catho ou intello, etc. Bref, ces messages qui suggèrent qu'elle ne mérite pas d’être aimée, et qu'en plus tout est de sa propre faute. Et même si au fond d’elle-même, elle sait que ce n’est pas tout cela qui compte vraiment dans la vie, il n’empêche que les messages qu’elle reçoit du monde extérieur l’accusent…
En fait, je devrais plutôt dire que ces messages proviennent tous de la même voix, celle du "prince de ce monde" (Jn 12,31), l’ennemi de notre paix, "l’accusateur, qui nous accuse jour et nuit" (Ap 12,10), celui qui nous fait oublier que notre immense dignité ne dépend pas de nos réussites, mais du simple fait d’être les enfants de Dieu.
Quant à l'homme, même s’il doit toujours faire semblant que tout va bien, lui aussi perçoit souvent cette épée de Damoclès au-dessus de sa tête, cette voix qui l'accuse de ne pas être à la hauteur de sa mission, de ne pas être assez riche, pas assez successful ou malin comme les autres de son âge, pas assez attractif ou pas capable de subvenir aux besoins de sa famille. En fait, la plupart des hommes craignent de devoir réussir tout le temps, bref, eux aussi ressentent qu’ils n’en font pas assez.
Quelle femme ou quel homme n’aimerait pas entendre de son conjoint : "tu es toute ma joie", "tu es mon roc", "tu es mon lieu de confort" ?
Dans l’Évangile, il y a une scène qui m’a toujours énormément touché. Jésus a 30 ans, il se rend au Jourdain pour être baptisé. Après le baptême, il va passer quarante jours au désert en préparation de ses trois ans de mission. Il ignore alors que pendant ces quarante jours, il sera fortement tenté… Mais son Père le sait :
Cela veut dire que le Père voit que son fils va vivre non pas une journée lourde, mais un grand combat de quarante jours et de quarante nuits… Il sait que son fils Jésus, celui qui sera notre Sauveur, a besoin d’entendre ce que j’appelle une parole-bouclier, un mot aimable et encourageant à la fois, qui deviendra une vraie protection pour Jésus, à la fois une source de confort et de paix pendant tout cette période. À un autre moment de la vie de Jésus, à la fin de sa mission, juste avant de monter vers Jérusalem pour son combat final, le Père prend à nouveau la parole : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le !" (Mt 17,5).
C’est toujours très émouvant d’observer la joie profonde de celui qui entend les compliments de l’autre qui dit du bien : il s’agit vraiment d’une "béné-diction".
Quel est l’enfant qui n’aimerait pas entendre de son père ou de sa mère : "tu es toute ma joie" ! De la même manière, quelle femme ou quel homme n’aimerait pas entendre de son conjoint : "tu es toute ma joie", "tu es mon roc", "tu es mon lieu de confort" ? Quand Dieu le Père encourage son fils Jésus, ce n’est pas uniquement pour nous émouvoir, c’est surtout un message et une indication pour nous, qui avons entendu ces mots si forts du Christ : "Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés" (Jn 15,12). C’est pourquoi je me pose cette question : En couple, est-ce qu’on se dit assez de paroles aimables et réconfortantes, assez de paroles-bouclier ?
Chaque année, quand je prépare les jeunes au mariage, je leur demande de me dire en présence du ou de la fiancée ce que chacun aime ou apprécie particulièrement chez l’autre. C’est toujours très émouvant d’observer la joie profonde de celui qui entend les compliments de l’autre qui dit du bien : il s’agit vraiment d’une béné-diction. Il arrive souvent que ces jeunes reconnaissent qu’ils n’avaient jamais osé dire à l’autre de tels compliments et si ouvertement. Il y a d’autres couples où je vois que l’un et l’autre est habitué à dire du bien de son conjoint, mais il n’empêche que cela fait toujours du bien de dire le bien à l’autre, ou de l’entendre nous le dire.
Pourquoi ne pas renforcer votre conjoint régulièrement d’une parole-bouclier ? Non seulement le soir à son retour mais, mieux encore, le matin avant qu’il (ou elle) quitte la maison.
Alors, si cela fait tellement de bien de donner ou de recevoir une béné-diction, pourquoi les couples déjà mariés se disent si peu de paroles aimables ? Cela ne veut pas dire que les époux ne s’apprécient pas, ni même que chacun ne pense aucun bien de l’autre, mais trop souvent tout cela reste dans le non-dit. C’est dommage, car cela ferait tellement de bien ! En revanche, lorsqu'il faut dire une parole critique, ce qui est parfois inévitable, alors il se crée un déséquilibre pas très heureux et parfois même blessant. Les raisons peuvent être multiples, mais peu importe : dire du bien à l’autre (bénir), c’est un acte bénéfique, une habitude à prendre et à réapprendre en couple.
Le pape François le dit ainsi :
Revenons à ce conjoint qui rentre fatigué et un peu oppressé après sa journée de travail. Pourquoi ne pas le renforcer régulièrement d’une parole-bouclier ? Non seulement le soir à son retour mais, mieux encore, le matin avant qu’il (ou elle) quitte la maison. J’ai demandé à des couples de me dire quelles seraient les paroles qui, si elles étaient dites par leur conjoint de temps en temps, leur procureraient un vrai soulagement. Parmi celles qu’ils m’ont dites, en voici quelques-unes.
Il y a des femmes qui aimeraient entendre de leurs époux :
"je t’aime et je t’aimerai toute ma vie !",
"tu es jolie",
"j’ai confiance en toi",
"tu es une personne très bonne",
"tu es douée dans ce que tu fais, tu es à ta place",
"je me sens bien avec toi".
Certaines m’ont dit qu’elles aimeraient que leur époux leur parle plus en profondeur de certaines de leurs propres qualités.
En même temps, il y a des hommes qui aimeraient entendre de leurs épouses :
"avec toi, je me sens en sécurité",
"tu es fort en ce que tu fais",
"je t’admire pour ceci, pour cela",
"j’ai confiance en toi",
"je sais que tu es capable de beaucoup des choses",
"je sais que tu vas réussir dans ce qui compte vraiment",
"je t’aime".
Certains m’ont dit qu’ils aimeraient que leur épouse les rassure en leur disant que, pour elles, l’argent n’est pas ce qu’il y a de plus important.
Dieu connaît la vie de votre couple. Il connaît vos joies et vos tristesses ; vos souffrances et vos peurs. Et je suis sûr qu’Il aimerait franchement ouvrir les cieux sur votre conjoint pour lui dire la chose suivante : "Tu es mon enfant bien-aimé, en qui je trouve ma joie". Pour le faire, Il voit en vous un complice, Il compte sur votre parole. C’est sans doute pour cela que saint Paul lance aux couples cette invitation, dans la lettre aux Thessaloniciens : "Réconfortez-vous mutuellement et édifiez-vous l’un l’autre, comme vous le faites déjà" (1 Th 5,11). Et de son côté, saint Pierre précise que ce n’est pas une option, c’est carrément une mission qui incombe à chacun des époux : "Ne rendez pas le mal pour le mal, ni l’insulte pour l’insulte ; au contraire, invoquez sur les autres la bénédiction, car c’est à cela que vous avez été appelés" (1 Pe 3,9). À mon avis, l’une ou l’autre parole-bouclier, bien placée de temps en temps dans un moment de fatigue ou de besoin spécial, voilà ce qui va énormément rebooster votre conjoint, ainsi que votre couple et toute votre famille. Et, tout simplement, c’est aussi une occasion en plus de faire honneur à votre promesse de mariage, celle d’aimer l’autre tous les jours de votre vie. Au travail !