Parents de huit enfants, Cinderella et Nicolas Lucas viennent d’obtenir la garde de Clara, 11 ans, jusqu’à présent confiée aux services de l’aide sociale à l’enfance. Émouvante histoire, lorsque quelques semaines de vacances en dehors du foyer prennent finalement un goût d’éternité…“Je prononce la mainlevée du placement de Clara à l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance) et la confie à Monsieur et Madame Lucas au titre de tiers dignes de confiance”. Cette phrase, prononcée par un juge du Pas-de-Calais le 28 août dernier, résonne encore aux oreilles de Cinderella et de son mari Nicolas. Heureux dénouement d’une démarche familiale entamée après le confinement. Une étape bouleversante, que d’autres jugeront déconcertante, dans la vie trépidante de cette famille nombreuse angevine. Cinderella et Nicolas Lucas, tous deux âgés de 37 ans et forts de quinze années de mariage, sont les heureux parents de huit enfants âgés de 15 ans à 9 mois : Paul-Hugo, Ombeline, Hortense, Baptiste, Léopold, Louis-Alexandre, Philippine et Pierre-Édouard. Elle est psychologue et lui, cadre commercial. Toute la tribu est adepte de grandes aventures à vélo et animée d’une foi profonde.
De famille d’accueil à tiers dignes de confiance
Clara, ils la connaissent bien. Depuis 2017, Cinderella et Nicolas sont famille d’accueil pendant les vacances scolaires, par le biais du Secours Catholique. Clara leur a été confiée pour la première fois en juillet 2017. Alors âgée de 8 ans, elle était à cette époque placée en foyer. « Très vite, Clara est venue nous bouleverser, nous chambouler », confie Cinderella à Aleteia. “Nos enfants découvraient que l’enfance n’était pas la même pour tout le monde. Clara est revenue plusieurs fois à la maison, à la Toussaint, à Noël… et les départs devenaient de plus en plus durs, pour elle comme pour nous. Rapidement, nos enfants nous ont interrogés : et si on accueillait Clara pour toujours ?”. Une question qu’ils ont posée à plusieurs reprises, “comme un appel”, réalise la mère de famille.
Début juillet, après des mois de confinement particulièrement difficiles, Clara arrive avec ses valises pour les vacances d’été chez les Lucas. “Je veux rester toute la vie ici, pour toujours”, affirme-t-elle du haut de ses 11 ans. Chez Cinderella et Nicolas, au contraire, le confinement a resserré les liens et “décuplé leur force et leur puissance familiale”. C’est le temps du discernement. Touchés par le livre de Clotilde Noël Risquer l’infini, ils découvrent leur profond désir d’aimer, et leur envie d’oser lâcher prise. Ce passage de l’ouvrage les marque : “Si nous n’arrivons pas à abandonner nos peurs pour avancer, nous ne pourrons pas vivre totalement ce qui est prévu pour nous. Il faut lâcher, avancer un pas après l’autre, pour découvrir doucement le paysage qui nous est offert.” Certains proches leur font part de leur appréhension, de leur crainte, ces derniers demandent : “Avez-vous une porte de sortie si cela s’avère trop difficile ?”. Cinderella et Nicolas répondent : “Lorsque nous choisissons d’accueillir un enfant dans notre famille, nous l’accueillons tel qu’il est et on ne se demande pas s’il y a une porte de sortie !”. D’ailleurs, fait remarquer Cinderella, les canadiens ne disent pas “prendre le risque”, ils disent “prendre la chance”. “Cela nous va bien !”, s’exclame-t-elle.
Ta lettre au juge change notre vie : merci.
Après de nombreux échanges de courriers, l’audience du 28 août les désigne tiers dignes de confiance. Le soir même, trois jours avant la rentrée des classes, ils rentrent chez eux avec Clara. “C’était un peu à l’image des naissances de nos enfants. Sauf que là, il n’y avait pas que moi qui serrait la main de Nicolas. Et nos enfants ont autant crié de joie qu’à la naissance de leurs petits frères et sœurs”, raconte Cinderella. La joyeuse tribu avait même rédigé un petit discours pour l’arrivée de cette “grande petite sœur” : “Ta lettre au juge change notre vie : merci”.
« Une vraie pépite dans nos vies »
“Clara nous amène sur le chemin de l’amour, de la différence, de la fragilité et de la vulnérabilité. C’est une petite fille cassée par la vie, avec son histoire et ce qu’elle est. Elle nous apporte beaucoup, c’est une vraie pépite dans nos vies. Elle nous invite à toujours plus d’attention, de douceur et d’affection en famille ! Par sa simple présence, elle nous invite à suivre le Christ : “Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait” (Mt 25, 40)”.
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