Alors que la Biélorussie traverse actuellement une crise politique grave à la suite de l’élection contestée d’Alexandre Loukachenko dimanche 9 août, les communautés chrétiennes soutiennent et prennent part à la mobilisation.
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Depuis l’élection controversée d’Alexandre Loukachenko dimanche 9 août, des dizaines de milliers de manifestants défilent dans les rues de Minsk et d’autres villes de Biélorussie afin de réclamer le départ du président, au pouvoir depuis 1994. Alors que la répression menée par ce dernier est d’une grande violence, ces deux images donnent à comprendre l’une des nombreuses facettes de cette contestation et la manière dont les Églises du pays se mobilisent.
La première s’est déroulée le 21 août. Une chaîne humaine de 13 kilomètres reliant deux lieux symboliques, la prison Akrescina, dans laquelle des manifestants ont été emprisonnés par le gouvernement après les premières manifestations, et la forêt de Kourapaty une zone forestière des environs de Minsk où de nombreuses exécutions furent perpétrées par le régime soviétique de 1937 à 1941, a été organisée. Appelée “chaîne de la repentance”, elle a été lancée à l’initiative d’un activiste protestant. “L’idée était d’incarner symboliquement un lien entre les violences bolchéviques de l’époque et les violences perpétrées actuellement”, explique à Aleteia Andrej Strotsev, étudiant biélorusse actuellement en master 2 en Sciences sociales de la religion à l’EHESS. Certains sont venus avec des icônes, des drapeaux, d’autres encore avec des bougies. “Si elle a été lancée par un protestant, ce n’est pas une manifestation religieuse mais un rassemblement qui témoigne de l’unité des Biélorusses, par-delà leur religion”.
Very beautuful and symbolic protest: from Kurapaty forest to Akrescina prison. People created the 13km human chain between the two most horrific places in Minsk where people were tortured and killed. To not forget. pic.twitter.com/5idR7miWm9
— Franak Viačorka (@franakviacorka) August 21, 2020
La deuxième image s’est déroulée le 26 août. Une manifestation se tenait dans la soirée place de l’Indépendance, une des places centrales de la ville, lorsque des forces de l’ordre sont venues afin d’arrêter les manifestants. Alors qu’une centaine d’entre eux se sont réfugiés dans l’église Saint-Siméon-et-Sainte-Hélène, surnommée l’église rouge de Minsk, les forces de l’ordre ont bloqué les portes de l’édifice. “Cette image est en train de devenir virale”, prévient Andrej Strotsev. “Dans la mémoire des Biélorusses, elle rappelle les images des nazis et de ceux qui ont collaboré avec eux enfermant des gens dans les églises avant de les bruler”.
L’Église catholique du pays a réagi dans la foulée à une telle provocation de la part du gouvernement. “Le blocage de l’entrée et de la sortie de ces personnes contredit le droit des citoyens à la liberté de conscience et de religion garanti par la Constitution de la République de Biélorussie”, a ainsi dénoncé le vicaire général de l’archidiocèse de Minsk-Moguilev, Mgr Yuri Kasabutsky. “De telles actions sont inadmissibles et illégales. L’Église est un sanctuaire de Dieu ouvert à tous”.