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Quand l’aveu public de la prière dit une vérité sur l’homme

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Jean Duchesne - publié le 25/08/20
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Le gravissime accident du coureur cycliste néerlandais Fabio Jakobsen, le 5 août dernier lors de la première étape du Tour de Pologne, a suscité des prières publiques de toute part. Un mouvement spontané qui a fait émerger une vérité à ne pas oublier sur l’homme.

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Un petit mot de cinq lettres, un verbe à l’infinitif, est revenu plusieurs fois début août dans les médias « généralistes » d’où il est généralement proscrit. Pourquoi proscrit ? Pour respecter le principe de laïcité, ou pour ne heurter aucune incroyance en affichant une religiosité, ou simplement par pudeur, parce que c’est quelque chose de personnel et même d’intime. Ce petit mot, c’est : « prier ».

« Pour qu’il survive »

Il faut bien sûr rappeler quelle circonstance a motivé plusieurs personnalités à dire qu’elles priaient. À l’arrivée au sprint de la première étape du Tour de Pologne, un coureur cycliste hollandais a fait un écart, envoyant un rival, compatriote (d’ailleurs paré du maillot de champion national) qui était sur le point de le dépasser, valdinguer par-dessus les balustrades et percuter un officiel. La victime, un garçon de 23 ans nommé Fabio Jakobsen, a été transportée à l’hôpital et l’on a appris que, selon la formule devenue usuelle, « le pronostic vital était engagé ».

C’est alors que Patrick Lefevere, le manager de son équipe, a déclaré : il « s’est cassé tous les os du visage. […] Nous continuons à prier pour qu’il survive ». Son coéquipier français Julian Alaphilippe, populaire en raison de son panache d’attaquant et pas seulement de ses succès, a dit de son côté : « Pour le moment, ma priorité est d’avoir des nouvelles de Fabio, prier pour lui et se concentrer sur Milan-San Remo. » (Il avait remporté cette grande classique l’an dernier et a finalement terminé second cette année, comme aussi du championnat de France dimanche dernier.) 

Compétition et solidarité

Une autre « étoile » du cyclisme depuis une douzaine d’années a « twitté » : « Prions pour Fabio Jakobsen. » Il s’agit du belge Philippe Gilbert, ancien champion du monde et vainqueur de quatre des cinq plus prestigieuses courses du calendrier (il ne lui manque que Milan-San Remo, justement). 

Enfin, l’Américain Lance Armstrong, sept fois vainqueur du Tour de France et déchu pour dopage, n’a pas craint de joindre sa voix discréditée : « Mes pensées et mes prières vont à Fabio Jakobsen. »

Tout cela mérite qu’on y revienne. Il n’est bien sûr pas question de « récupérer » ceux qui ont dit qu’ils priaient pour ce jeune homme. Ils n’ont pas précisé à qui ces prières étaient adressées ni confessé aucune foi particulière. Mais il y a plusieurs leçons à tirer de ces réactions identiques et spontanées. La première est la solidarité corporative ou professionnelle et intergénérationnelle. Elle est d’autant plus remarquable dans un milieu compétitif. C’est un indice que les lois empiriques de la concurrence et des rapports de force ne régissent pas tout, mais sont relativisées par les réalités plus profondes de la fraternité, de l’esprit de famille entendu au sens le plus large, et finalement de la vie.

La source de toute vie

Il y a ensuite un paradoxal mélange d’impuissance et d’espérance : on sait qu’on ne peut rien faire et on ne peut pourtant pas rendre les armes. On sait d’instinct que le prochain, l’autre soi-même, ne doit pas être abandonné. On sent qu’on n’est pas seul à vouloir qu’il vive. On se dit qu’une multitude de soutiens, fussent-ils impalpables, peut obtenir ce qu’aucun ne peut accomplir à lui seul. Et on perçoit que la communion qui s’opère ainsi est participation à une puissance supérieure parce que non conditionnée, désintéressée : celle qui n’a pas de meilleur nom que l’amour qui, dans toute sa pureté, fait que la vie vaut d’être vécue. 

La singularité de l’homme, qui fait aussi sa grandeur, est de rechercher la source de toute vie et de s’y brancher – autrement dit de prier.

Pour le croyant, la force de vie réveillée par la solidarité dans l’épreuve s’appelle Dieu. Pour le chrétien, cette fraternité se comprend comme unissant les enfants de l’unique Père des cieux qui a envoyé son Fils donner sa vie et émettre l’Esprit afin que tous puissent y avoir part. Mais que la source de toute vie soit identifiée ou non, ce qui ressort est que la singularité de l’homme, qui fait aussi sa grandeur, est de rechercher cette source et de s’y brancher – autrement dit de prier.

La vérité sans filtre

Il y a là une vérité sur l’homme qu’occultent les affaires, rivalités et problèmes concrets du quotidien. Parce que la victime et ceux qui se sont publiquement émus de son sort étaient des « célébrités », l’accident de Fabio Jakobsen a permis à cette vérité d’affleurer. Sans doute est-elle trop répandue, trop banale même pour être détectée par les radars médiatiques qui, comme le filtre des pharisiens, retiennent les moucherons et laissent passer les chameaux (Mt 23, 24). 



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Il faut en tout cas noter que nul ne s’est étonné et encore moins offusqué de ces prières et invitations à s’y associer. Personne n’a contesté au paria Lance Armstrong le droit de faire chorus. Et il faut relever pour finir que ces prières n’ont pas été vaines : Fabio Jakobsen survit ; il est même espéré qu’il recourra. Raison de plus pour continuer à prier — cette fois en action de grâce, mais aussi parce que les motifs pour demander l’aide du Dieu bon ne manquent pas, qu’il s’agisse de menaces et de catastrophes ou de comparativement petits soucis.

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