Bien que retirés du monde, les Pères du désert ont transmis leur enseignement à de nombreux disciples qui venaient leur rendre visite, notamment à travers des anecdotes appelées apophtegmes. Leur stratégie de communication ? Employer un langage imagé, accessible et de fait encore très actuel.
“Il nous faut devenir d’habiles changeurs, des changeurs spirituels, des changeurs selon l’Évangile”, écrit Jean Cassien, le fondateur, au Ve siècle, de l’abbaye Saint-Victor à Marseille, dans sa Première conférence. Dans quel but ? Pour pouvoir discerner le bien du mal, les pensées qui viennent de Dieu de celles qui risquent de nous en éloigner.
Il compare ainsi le discernement au métier des changeurs d’or. “À l’époque de Cassien, explique Marie-Anne Vannier, spécialiste des Pères de l’Église, dans l’ouvrage Prier 15 jours avec les Pères du désert (Nouvelle Cité), les changeurs permettaient d’avoir de la monnaie des différents pays ou provinces et ils étaient attentifs aux pièces qu’on leur donnait pour savoir si elles étaient valables ou truquées”. Un effort de discernement afin de reconnaître l’or véritable. “L’habileté et la science des changeurs triomphent à discerner l’or parfaitement pur et celui qui n’a pas subi au même degré l’épreuve du creuset”, précise Cassien.
Mettre ses pensées sur la balance de son cœur
Cet or est-il vrai ? Est-il frappé à l’effigie du roi ou d’un usurpateur ? Fait-il le poids ? Autant de questions que l’on peut appliquer sur le plan spirituel : cette action, cette pensée est-elle pure ? Vient-elle de Dieu ? N’a-t-elle pas perdu de sa valeur à cause de la “rouille de la vanité” ? Un exercice invitant à mettre ses pensées sur la balance de son cœur afin de discerner celles qui viennent de Dieu des autres.
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