Si le latin avec la Vulgate domine pour l’écriture des Bibles de l’Église catholique, la Réforme encouragera, pour sa part, la traduction des Écritures saintes dans les langues vernaculaires des fidèles. Ce sera alors le point de départ d’un grand nombre d’éditions non latines, notamment en langue française, dès le XVIe siècle.
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Les versions de la Bible en latin ont prédominé en France jusqu’au XVIIe siècle. Hérité de l’institutionnalisation du christianisme en religion officielle avec Théodose, le latin s’imposa tôt comme langue des lettrés et du pouvoir, ce qui explique en partie la quasi-absence de traduction en français des Écritures saintes jusqu’au XVIIe siècle. Les guerres de Religion n’ont, par ailleurs, guère favorisé un élan de traductions en langues vernaculaires. Traduire la Bible dans la langue courante, c’était en effet donner raison aux thèses de Luther et de Calvin, ce que l’Église catholique ne pouvait qu’exclure, préférant imposer pour la prédication, comme pour la diffusion de textes théologiques, la seule langue latine et la Vulgate traduite par saint Jérôme au IVe siècle. Rappelons que le Concile de Trente en 1545 avait officialisé cette position en retenant : “Le sacro-saint synode dispose et déclare que cette édition ancienne de la Vulgate […] doit être tenue pour authentique dans les lectures, disputes, prédications et exposés publics”.
Le français bénéficiant de la Réforme
Avec l’humanisme et l’invention de l’imprimerie due à Gutenberg, les mentalités vont évoluer et favoriser un retour aux sources et une volonté d’étude intrinsèque de la Bible par les fidèles. En France, cet élan se caractérisera, alors, par des initiatives de nouvelles traductions, telle celle du fondateur du Cénacle de Meaux, Lefèvre d’Étaples, qui traduira le Nouveau Testament en français à partir de la Vulgate en 1524. Cette traduction entraînera la condamnation de son auteur par l’Église romaine. Néanmoins, Lefèvre d’Étaples traduira de nouveau, quelques années plus tard, l’Ancien Testament à partir de la même source, permettant ainsi aux protestants francophones de disposer des Écritures Saintes dans la langue dite vulgaire (par opposition à la langue latine officielle).
Il faudra, cependant, attendre encore dix ans et la traduction de l’humaniste Pierre Robert Olivétan (vers 1506 – 1538), cousin de Jean Calvin, pour que naisse en 1535 à Neuchâtel la première Bible protestante écrite en français à partir des originaux en hébreu et en grec. Cette Bible dite “Bible de Neuchâtel” ou “Bible d’Olivétan” ne rencontrera, cependant, qu’un faible succès et sera suivie en 1540 d’une autre édition plus accessible dénommée “Bible à l’Épée” réalisée par l’imprimeur Jean Girard à Genève. Toujours sur la lancée de la Bible d’Olivétan, une troisième édition sortira à Genève en 1553 par les soins de Robert Estienne, imprimeur et érudit dont les éditions soignées furent très appréciées.
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Si La Bible d’Olivétan n’a pas elle-même eu le succès escompté, cette dernière a eu cependant le mérite d’ouvrir une voie essentielle à une longue série d’éditions et de traductions en langue française avec notamment la Bible de David Martin (Amsterdam, 1696-1707) ou encore la Bible d’Ostervald (Neuchâtel, 1744), bien avant la fameuse Bible protestante nommée Louis Segond et La Nouvelle Bible Segond qui s’imposeront aux siècles suivants…
Les Bibles catholiques françaises
Cet élan de traduction dans la langue française définitivement fixée avec l’institution de l’Académie française en 1634 allait également profiter aux bibles catholiques. Nicolas de Leuze et François de Larben publieront ainsi à Louvain dès 1550 “La Saincte Bible” suivie de la célèbre Bible dite “Lemaistre de Sacy” du nom de son principal auteur, ou encore nommée “Bible de Port-Royal” fruit du travail des lettrés de Port-Royal auquel appartenait également le philosophe Pascal. Cette dernière Bible traduite en français à partir de la Vulgate est restée fameuse pour sa qualité littéraire représentative de l’esprit Grand Siècle. Cette traduction, née d’un travail collectif avec des esprits aussi raffinés que ceux de Lemaître de Sacy, Pascal, Nicole et Arnauld, devait connaître une longue et belle postérité pendant plus de deux siècles, tant sur le plan religieux que littéraire. Elle fut notamment celle de Victor Hugo et de Rimbaud…
Sa postérité sera telle qu’il faudra attendre la fin du XIXe et le XXe siècle. pour que de nouvelles Bibles en français prolongent et perpétuent cet effort de traduction.
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