La Bible éthiopienne témoigne assurément de la richesse de la foi dans le Dieu d’Israël dans cette région de l’Afrique qui a été parmi les premières à connaître l’introduction du christianisme. Associant origines légendaires et avérées, cette riche histoire se conjugue aujourd’hui à une foi toujours aussi fervente puisant à ces racines millénaires…
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
La Bible éthiopienne trouve son origine entre légende et histoire, une origine rapportée par l’Ancien Testament avec le fameux épisode de la reine de Saba, nommée Melket Hava dans l’Ancien Testament (1 Roi 10, 1-13), Reine de Midi dans l’Évangile de Luc (Lc 11, 31), et Balkis dans le Coran. Puissante, belle et riche, la renommée du roi Salomon était cependant parvenue jusqu’à son royaume de Saba, royaume correspondant à l’actuel Yémen en Arabie du Sud, au nord de l’Éthiopie et à l’Érythrée. Celle qui pourtant a tout décide cependant une expédition afin de juger par elle-même de la véracité de la sagesse du roi d’Israël. La Bible évoque avec forts détails et d’éloquence cette expédition à nulle autre pareille avec son interminable file de chameaux chargés d’or et de pierres précieuses en quantités incroyables traversant le désert jusqu’à son arrivée à Jérusalem. Après avoir rencontré Salomon, la reine est conquise par la sagesse du grand roi et avoue :
Ce que j’ai entendu dire sur toi et ta sagesse dans mon pays était donc vrai ! Je n’ai pas voulu croire ce qu’on disait avant de venir et de voir de mes yeux, mais vraiment on ne m’en avait pas appris la moitié : tu surpasses en sagesse et en prospérité la renommée dont j’ai eu l’écho.
La reine de Saba décidera alors d’abandonner les dieux qu’elle vénérait jusqu’alors et ramène dans son pays, la future Éthiopie, le culte du Dieu d’Israël et peut-être même l’Arche de l’Alliance. La légende rapporte, par ailleurs, qu’elle aurait eu un enfant de Salomon nommé Ménélik 1er, premier empereur d’une longue dynastie qui ne s’éteindra qu’au XXe.
Une des plus anciennes Église de l’Afrique
Ainsi, l’origine de la foi au Dieu d’Israël en Éthiopie remonterait à la conversion de la Reine de Saba aux temps les plus anciens. Mais, c’est véritablement au IVe siècle de notre ère que le christianisme deviendra en cette contrée africaine la religion prédominante. Au milieu du IVe siècle, l’empereur Constance II demanda, en effet, aux rois d’Axoum de présenter officiellement leur évêque nommé Frumentius à Alexandrie afin de vérifier que leur foi était bien conforme au reste de l’Empire romain. Le royaume d’Axoum se situait sur les hautes terres du plateau abyssin, à la croisée des riches routes commerciales entre l’Inde et la Méditerranée. L’hellénisme et la langue grecque étaient parvenus jusqu’en ces lieux au sud de l’Égypte et des croix retrouvées datant du IVe siècle confirment le développement de la religion chrétienne en ces terres reculées, même si les divinités traditionnelles resteront cependant toujours présentes, soit concurremment ou le plus souvent associées à la nouvelle religion.
Depuis cette époque, bien que l’histoire du développement du christianisme en Éthiopie demeure quelque peu méconnue, l’Église chrétienne éthiopienne fut rattachée à l’Église d’Alexandrie, un rattachement qui perdurera jusqu’au XXe.
Lire aussi :
De la Bible aux Bibles : les manuscrits de la mer Morte
Des sources fragmentaires
Les plus anciens manuscrits de la Bible rédigés dans la langue ancienne éthiopienne nommée “ge’ez” parvenus jusqu’à nous remontent aux XIIIe et XIVe siècles, tel le manuscrit Borg. Trois sont conservés aujourd’hui à la Bibliothèque vaticane. Cependant, deux Évangéliaires de Garima enluminés conservés au monastère d’Abba Garima au nord de l’Éthiopie, récemment soumis à des examens au carbone 14, ont révélé pour leur part une datation entre le Ve et le VIIe siècle, les classant ainsi parmi les plus anciens manuscrits des Évangiles. C’est à partir du grec et de la Bible alexandrine qu’une partie de la Bible éthiopienne sera rédigée en “ge’ez”. Cette première traduction sera accompagnée parallèlement de textes grecs notamment un bestiaire christianisé, des textes patristiques et des textes apocryphes. Les spécialistes débattent encore sur les diverses influences du judaïsme dans le christianisme éthiopien qui accorde à l’Ancien Testament une place prioritaire alors même qu’esprits et démons issus des cultes zoroastriens souvent représentés par un serpent continueront de cohabiter avec le texte sacré. À l’évidence, la Bible éthiopienne ne nous a pas encore livré tous ses secrets…
Une influence majeure sur la société éthiopienne
La langue éthiopienne conservera jusqu’à nos jours cette mémoire biblique. Celle-ci demeure encore aujourd’hui la langue liturgique en vigueur de l’Église chrétienne avec l’utilisation de la Bible éthiopienne. Cette dernière est à l’origine de nombreux traits culturels de ce pays africain riche de légendes et d’histoire et nourrira largement l’inspiration d’artistes offrant de splendides peintures religieuses.
De nos jours, le christianisme en Éthiopie demeure très actif, particulièrement depuis la fin de la dictature militaire en 1991, et représente 60% de la population.
Lire aussi :
En Éthiopie, des chercheurs découvrent une basilique du IVe siècle