Éric Dupond-Moretti, Gérald Darmanin, Barbara Pompili, Bruno le Maire… Le nouveau gouvernement de Jean Castex comporte son lot de surprises et d’attendus. Des compétences, des caractères… et des convictions variés.
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Après avoir prononcé leurs discours de passation, les nouveaux membres du gouvernement de Jean Castex prennent progressivement leurs marques. Plus ou moins connus du grand public, plus ou moins marqués politiquement, ils devraient rapidement se dévoiler dans les prochaines semaines à travers leurs actions. Mais qu’en est-il de leurs convictions personnelles… et spirituelles ? Sont-ils catho-friendly ?
Éric Dupond-Moretti, Garde des Sceaux
La nomination du ténor du barreau de Paris en tant que ministre de la Justice en a surpris plus d’un. Surnommé « acquittator » en raison du nombre d’acquittements qu’il a réussi à décrocher pour ses clients (plus de 140), il devra désormais se faire un nom en tant que garde des Sceaux. Mais quelle spiritualité se cache derrière l’orateur ? Fils d’émigré italien, Éric Dupond-Moretti a été élevé dans la religion catholique. De sa scolarité au lycée catholique Notre-Dame de Valenciennes (Nord), il en garde un souvenir détestable. Au point de rejeter totalement la religion. « Un bon ami m’a… comment dire… un peu ramené dans le troupeau », confiait-il néanmoins à La Croix en 2017. Et de reconnaître être ému par certains passages de la Bible. “Que deux criminels aient côtoyé le Christ ou qu’une prostituée lui ait lavé les pieds, ça a de la gueule ! Enfin, moi, ça me touche.” Séduit par la personnalité du pape François, il explique se définir aujourd’hui “comme catholique non pratiquant”. À noter néanmoins que lors de sa passation de pouvoirs avec Nicole Belloubet, il a assuré vouloir porter la PMA pour toutes “avec détermination“.
Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et des Cultes
Nouveau ministre de l’Intérieur et des Cultes, Gérald Darmanin, catholique, a déclaré dans son discours de passation : “En République, la liberté de conscience et de croyance doivent être ardemment défendues, mais jamais la foi ne doit être au-dessus de la loi”. Durant sa carrière politique, il n’a pas hésité à financer, avec sa réserve parlementaire, la restauration d’un retable, s’est fermement opposé au « mariage pour tous » ainsi qu’aux fameux « ABCD de l’égalité » qui proposaient d’enseigner la théorie du genre à l’école.
Bruno Le Maire, ministre de l'Économie
Reconduit à Bercy, Bruno Le Maire n’a jamais caché sa foi. Passé par le lycée parisien Saint-Louis-de-Gonzague, tenu par les jésuites, il a également fait partie des Petits Chanteurs de Chaillot et s’est à ce titre produit devant le pape Jean Paul II au parc des Princes en juin 1980 apprend-t-on dans le livre d’Olivier Biscaye, Bruno Le Maire, l’insoumis, paru en 2015. Mais s’il est catholique pratiquant, il n’en a pas pour autant contesté, en 2012, le mariage pour les couples de même sexe. “Quand on me dit qu’à Science Po, on fait un Hijab Day, je suis totalement opposé à cela, expliquait-il à La Vie à quelques mois de la présidentielle de 2017 alors qu’il était candidat à la primaires des Républicains. “Mais de la même façon, quand dans les manifestations contre le Mariage pour Tous, je vois revenir un catholicisme politique et que l’on me dit que l’Église peut prendre des positions politiques, moi le catholique, dont toute la famille est catholique, je dis non. Je sais bien que cela crée de l’incompréhension, mais je tiens à cette ligne-là. Si cela aboutit à me faire traiter de laïcard, tant pis. […] Mais dès que la religion tombe dans la politique, quelle que soit la religion, cela me pose une vraie difficulté.”
Roselyne Bachelot, ministre de la Culture
Sa nomination en tant que ministre de la Culture signe le retour en politique, à 73 ans, de Roselyne Bachelot. Dans un entretien accordé au magazine Pèlerin en 2016, elle confiait être croyante “tantôt oui, tantôt non” avant d’enchaîner : “Je ne veux pas avoir une foi de circonstance, de peur. J’entre dans la vieillesse, la mort se rapproche. Je refuse que la foi soit une béquille”. Au journaliste l’interrogeant sur la place que tient Jésus dans sa vie elle répondait : “Ah, Jésus ! Dans ce monde de folie, il est celui auquel tout croyant ou non-croyant peut se référer. Les Béatitudes, c’est admirable ! La pécheresse Marie-Madeleine ! Lazare ! La rédemption !… Je ne dis pas que je crois en Jésus mais ce qu’il apporte dans ce monde d’argent, de haine de soi et de l’autre, c’est beau”. Plus récemment, une vidéo datant de 2018 la montre confirmant exclure tout retour en politique… sauf pour devenir ministre de la Culture. Elle y fait une allusion complexe à la grotte de Lourdes et à une prière lui permettant de le devenir, comme par miracle…
Ca date d’octobre 2018 et elle l’avait bien dit (et je m’en souvenais…)
Une bise de félicitation particulière @R_Bachelot (et une pensée pour Bernadette Soubirous donc 😇) dont je n’ai pas oublié qu’elle fut des rares qui défendirent une ministre en jean !@najatvb @sderoyer pic.twitter.com/EPbf6ZUaq6
— Cécile Duflot (@CecileDuflot) July 7, 2020
Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique
Nouvelle ministre de l’Écologie, Barbara Pompili ne s’est jamais exprimée publiquement sur sa foi. Mais certaines positions défendues sur la gestation pour autrui (GPA) ou le suicide assisté laissent penser qu’elle a une conception de la vie bien différente de celle défendue par l’église. En 2014, invitée de l’émission « Face aux chrétiens », elle indiquait, à propos de la GPA, avoir réfléchi à la question et déclarait qu’elle aurait été capable de le faire pour sa sœur « en gardant par la suite un lien avec cet enfant ». Sur la fin de vie, elle s’est déclarée favorable à ce que la loi autorise le suicide assisté. « Je suis pour que chacun puisse avoir le choix ».
Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires Étrangères
Confirmé au quai d’Orsay, Jean-Yves Le Drian est bien parti pour un bail de 10 ans sans discontinuer au gouvernement. Il y est entré en 2012 comme ministre de la Défense au début du quinquennat de François Hollande. Ancien de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), le Breton a toujours été relativement discret sur ses convictions religieuses. Mais en tant que ministre des Affaires étrangères, il a alerté à plusieurs reprises sur la situation dramatique des chrétiens d’Orient et des minorités au Moyen-Orient. “La question des chrétiens d’Orient et des minorités n’est pas une niche diplomatique ni le reliquat d’un passé révolu ; à travers le sort de ces populations auxquelles nous a liés l’histoire, c’est une certaine idée du Moyen-Orient et du rôle de la France dans cette partie du monde qui se joue”, avait-il déclaré en mars 2019.
Amélie de Montchalin, ministre de la Transformation et de la Fonction publique
Jusqu’alors chargée des Affaires européennes, Amélie de Montchalin a été nommée ministre de la Transformation et de la Fonction publique. Catholique pratiquante et mère de trois enfants, elle avait assuré défendre lors de sa première nomination “une laïcité de liberté”. Elle a rejoint, “au début de sa vie étudiante”, “la grande famille jésuite”, a-t-elle raconté dans un discours prononcé en 2017 en Belgique, rapporte LCI. Un discours dans lequel elle explique : “J’ai répondu à un appel en janvier – pas de l’Ange Gabriel, mais d’un certain Emmanuel […] mi-apeurée, mi-curieuse et sentant qu’il y avait beaucoup à apprendre […] à sortir d’un chemin professionnel et familial prenant certes mais plutôt confortable et bien tracé […] Comme quand les pères Jésuites sont envoyés en mission, loin et différemment de leurs attentes”.