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Ennio Morricone, l’ami des papes

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Concert d'Ennio Morricone “Avec les pauvres et pour les pauvres”, 2016, salle Paul VI (Vatican).

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I.Media - publié le 06/07/20
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Le célèbre compositeur Ennio Morricone s’est éteint à l’âge de 91 ans, le 6 juillet 2020. Issu d’une famille catholique et se définissant lui-même comme un « homme de foi », le musicien italien a eu pendant toute sa vie un lien particulier avec l’Église, au point d’influencer son art, particulièrement dans son rapport à la musique sacrée. Une connivence qui se retrouve aussi dans les rapports singuliers qu’il a entretenus avec les papes de son temps.

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Auteur plus de 500 musiques pour le cinéma, deux fois oscarisé, le compositeur italien Ennio Morricone a tiré sa révérence ce lundi 6 juillet à Rome à l’âge de 91 ans. Un grand artiste mais aussi un homme qui n’a pas hésité à mettre son talent au service de sa foi. Né le 10 novembre 1928 dans la Ville Éternelle, Ennio Morricone, diplômé de l’Académie nationale de Sainte-Cécile à Rome en trompette, composition, instrumentation et direction d’orchestre, voit sa carrière décoller spectaculairement grâce aux musiques originales qu’il réalise pour les fameux westerns spaghettis de Sergio Leone dans les années 1960. Pour une poignée de dollars (1964) puis Pour quelques dollars de plus (1965) et Le Bon, la Brute et le Truand en 1966, par leurs succès internationaux, le placent immédiatement dans la cour des plus grands compositeurs de son temps.

Mais la notoriété et la réussite qu’il connaît dès lors n’ont jamais suscité chez Ennio Morricone la folie des grandeurs. Issu d’une famille religieuse, le musicien est resté toute sa vie très en retrait des podiums et paillettes que lui offrait Hollywood. À l’origine de cette foi simple et humble, il y a ces moments où, au temps de la Seconde Guerre mondiale, il priait le chapelet chaque jour, bercé par la voix maternelle récitant les Ave Maria. “Ma foi est née en famille”, a-t-il déclaré à Credere lors d’un entretien le 5 juillet 2015. Au nom de ce catholicisme enraciné et fervent, il protège sa propre famille durant toute sa vie, malgré la renommée immense qu’il a obtenue grâce au cinéma.


ENNIO MORRICONE
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Le Saint-Siège n’est pas indifférent à ses compositions qui montrent une vraie sensibilité religieuse comme Mission en 1986, mais ce sont surtout les bandes sonores très touchantes d’un téléfilm sur Jean XXIII, Il papa buono (2002) puis de deux autres sur Jean Paul II en 2005 et 2006 qui le mènent à rencontrer des papes, lui le Romain habitué à les contempler de loin, depuis la place Saint-Pierre.

Benoît XVI, en 2009, le convie en présence de nombreux représentants du monde de l’art contemporain : le cadre de la rencontre met à l’honneur cette défense de la beauté qui anime autant les pontifes que les compositeurs : la Chapelle Sixtine et son plafond peint par Michel-Ange. Ennio Morricone apprécie particulièrement ce pape musicien et mélomane, dont le frère Georg, décédé récemment, était maître de chapelle en Allemagne. C’est donc avec joie que le 4 juillet 2011, Ennio Morricone décide de rendre hommage avec 60 autres artistes, aux 60 ans de sacerdoce du pape Benoît XVI, dans un spectacle mettant en avant le lien entre musique et foi.

Proche du 265e pape, le musicien italien a salué en lui un “esprit d’une grande noblesse” et un “homme d’une grande culture et aussi d’une grande force”. Réprouvant la présence excessive des guitares et chants “pops” au sein de l’Église, il a soutenu le pape allemand dans ses réformes liturgiques remettant notamment à l’honneur le chant grégorien, cette “tradition vitale et importante de l’Église”, comme il le déclarait le 15 septembre 2015 à Zenit.

Une messe célébrée pour le pape et les Jésuites

Auteur de nombreuses musiques de film – plus de 500 lui sont attribuées –, mais aussi de cantates, arrangements pour la télévision et chansons, Ennio Morricone n’a en revanche composé une messe que très tardivement dans sa carrière. C’est le pape François qui a suscité cette décision. En voyant arriver sur le trône de Pierre un jésuite, le maestro décide de dédier une messe (38 morceaux exactement, ndlr) au nouveau pontife qu’il appelle La Missa Papae Francisci. En faisant ainsi, il rend hommage non seulement à l’évêque de Rome, mais plus généralement aux Jésuites, et surtout à sa femme. Car cette dernière, auprès de lui depuis le début de sa carrière, lui en réclamait une depuis fort longtemps. La première représentation de cette pièce tardive a lieu le 15 juin 2015.



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Le choix de la date n’est pas anodin : il s’agit de célébrer les 200 ans du rétablissement de l’ordre des Jésuites, et ce sont en tout 38 compositions musicales qui retentissent au Gesù, l’église mère des Jésuites à Rome. Fait touchant pour le compositeur : des choristes de l’académie Sainte-Cécile dans laquelle il a été formé chantent à cette occasion. Enfin, le maestro a conclu par un magnifique final de 30 minutes, reprenant le thème musical du film Mission.

À l’origine de ce lien fort avec les Jésuites, il y a l’histoire singulière d’une des plus grandes compositions d’Ennio Morricone, celle de la bande-son de Mission, de Roland Joffé, Palme d’Or 1986 dans laquelle il raconte l’évangélisation au XVIIIe siècle du peuple Guarani dans l’actuel Paraguay par des missionnaires Jésuites, ces derniers convertissant notamment grâce à leurs instruments de musique. Il parvient à harmoniser les divers thèmes musicaux magistralement, et ce « miracle technique » a été selon lui une « grande bénédiction ».

Un “extraordinaire engagement artistique”

Après avoir de nouveau rencontré le pape François le 12 novembre 2016 dans la salle Paul VI au Vatican, Ennio Morricone, accompagné de l’orchestre Roma Sinfonietta, de l’Académie nationale de Sainte-Cécile et du père Marco Frisina, compositeur, a donné ce même jour un concert “Avec les pauvres et pour les pauvres”, dans le but de reverser l’ensemble des bénéfices aux projets de charité du souverain pontife.

“Pour son extraordinaire engagement artistique, qui a aussi eu des aspects de nature religieuse”, le pape François a d’ailleurs décidé de remettre au grand maestro la Médaille d’or du Pontificat, par le cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical pour la Culture, le 15 avril 2019. Nul doute qu’il trouvera désormais sa place dans l’harmonie céleste.

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