La Vulgate, ou version latine de la Bible, est l’œuvre d’un homme, saint Jérôme (342-420), humaniste latin, docteur et Père de l’Église. Jérôme par une rigoureuse méthode exégétique et un profond respect des textes originaux a su, en effet, proposer à l’occident une traduction de la Bible en langue latine appelée à un bel et long avenir…
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C’est à son retour à Rome en 382 que Jérôme reçoit de la part du pape Damase, qui l’a engagé comme secrétaire, le soin de traduire en latin la Bible. Natif de la ville de Stridon, région correspondant à l’actuelle Croatie, Jérôme a reçu une solide éducation dans les arts libéraux à Rome. Bénéficiant des meilleurs maîtres – dont le fameux Aelius Donat – le jeune homme excellera rapidement dans toutes les austères disciplines de la grammaire, la rhétorique, la philosophie sans oublier le grec… Son goût pour les lettres surpasse toute autre chose ainsi qu’en témoigne cet aveu dans une lettre à Eustachium :
Misère de moi ! Je jeûnais puis je lisais Cicéron : après nombre de nuits passées à veiller, après les larmes que le souvenir de mes fautes anciennes arrachait du plus profond de mon cœur, c’était Plaute que je prenais entre mes mains ! Si d’aventure, me ressaisissant, je me mettais à lire les prophètes, leur style sans élégance me rebutait. Mes yeux aveuglés ne voyaient plus la lumière et j’accusais non pas mes yeux mais le soleil !
Cette formation contribuera assurément à faire de Jérôme un fin lettré, lui qui deviendra docteur et Père de l’Église, et sera désigné comme saint patron des libraires. Lettré, mais surtout traducteur intransigeant. Avec son caractère certain – ce qui lui vaudra bien des brouilles et querelles – Jérôme va en effet vouer sa vie entière à la traduction de la Bible et à son exégèse. Aussi sera-t-il présenté dans l’histoire de l’art entouré de livres avec son lion et un chapeau (certes anachronique) de cardinal.
Un travail de traduction sans équivalent
La Vulgate va naître, en effet, de cet esprit forgé aux études et à l’ascétisme dont fera preuve saint Jérôme notamment dans le désert de Chalcis. C’est à partir des textes originaux grecs et hébreux qu’il commence cette immense traduction. Fort de ses solides études et de sa culture classique, il compare les versions de la Septante et soumet à sa sévère critique les quelques traductions latines qui avaient été faites avant lui. Avec la Vulgate, Jérôme révise les quatre Évangiles, le Psautier et traduira même l’Ancien Testament directement de l’hébreu qu’il a appris… De cet immense travail naît la Bible latine qui sera désignée par la suite du simple nom de Vulgate, du latin vulgo (“qui diffuse”) avant d’être reconnue par le Concile de Trente au XVIe siècle. Cette traduction deviendra ainsi le texte authentique de l’Église latine et fera autorité avec une diffusion plus large encore lorsque Gutenberg en fait le premier livre à être imprimé en Europe en 1456. Ce sera le début d’une longue évolution puisque de nombreuses éditions se succéderont, celle commandée par Sixte Quint lors du Concile de Trente, puis par le pape Clément VIII, des commanditaires qui donneront leur nom à cette nouvelle édition de la Vulgate appelée “sixto-clémentine”.
La Vulgate, au plus près du texte biblique
Jérôme, dont l’humilité n’était pas forcément la qualité première, adopte pour la Bible un respect absolu du texte élaboré par ses prédécesseurs. La Vulgate n’entend pas proposer une traduction nouvelle, mais bien d’approcher au plus près le texte originel, en en corrigeant les ambiguïtés ou obscurités par une méthode exégétique dans laquelle il excelle depuis ses études. Jérôme déploie pour sa traduction en latin un soin tel qu’il va jusqu’à respecter l’ordre des mots du texte d’origine… Ce respect constitue le vecteur de sa vocation lorsqu’il affirme : “Ignorer les Écritures, c’est ignorer le Christ“. La Vulgate entend justement faciliter cette proximité avec la parole de Dieu pour chaque croyant. Pour le saint, chaque chrétien se doit de nourrir un dialogue intime avec la Bible en étudiant et méditant inlassablement le texte sacré à la manière des ascètes du désert.
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Saint Jérôme avec la Vulgate a offert aux chrétiens une Bible qui saura s’imposer de la fin de l’Antiquité jusqu’au XXe siècle, date à laquelle Jean Paul II adoptera la Nova Vulgata ou Nouvelle Vulgate afin de répondre à la réforme de la liturgie latine. Cependant, bien que revue, la Vulgate de saint Jérôme, qui sut s’imposer pendant près de quinze siècles, aura assurément et littéralement jeté un pont entre orient et occident, un lien reposant sur un amour immodéré de l’Écriture sainte.