Fin mai, des groupes terroristes ont sévi dans la ville de Macomia, dans la province gazière de Cabo Delgado, au nord-est du Mozambique. Les carmélites Thérèsiennes de saint Joseph, présentes depuis 16 ans dans la ville, y accomplissent un travail remarquable dans le domaine éducatif. Quelques jours après l’attaque, elles sont revenues sur les lieux et racontent ce qui s’est passé.
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L’attaque a commencé à l’aube du jeudi 28 mai. “Elle a été forte, cruelle et a duré trois jours”, explique sur sa page Facebook sœur Blanca Nubia Castaño, du carmel de Macomia. Avec les religieuses de son couvent, elle s’occupe d’une école et d’un pensionnat. Elles avaient abandonné le siège de leur mission quelques jours avant l’attaque, conscientes des risques qu’elles prenaient en restant sur place.
“Depuis deux ans et demi”, écrit sœur Blanca, la région de Macomia et toute la province de Cabo Delgado sont “terrifiées” par les attaques cruelles de groupes armés djihadistes. Leurs motivations pourraient être liées à la découverte de riches gisements sous-marins de gaz au large des côtes de cette province. Depuis le début de l’année, ils ont intensifiées leurs opérations, semant la terreur parmi la population, brûlant les villages, s’attaquant aux civils le long des voies de communication et dans les transports publics.
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Certaines maisons brûlées, d’autres pillées
Le jeudi 4 juin dernier, les sœurs ont décidé de retourner à Macomia pour voir l’ampleur des dégâts causés par les terroristes, “bien que les risques ne soient pas complètement écartés”. Elles ont souhaité se rendre sur place pour “visiter, encourager et aider au moins les employés et leurs familles.” “À la suite de cette barbarie, la zone urbaine a été complètement démolie, la plupart des infrastructures de l’État ont été endommagées et la zone commerciale réduite en cendres”, raconte sœur Blanca Nubia Castaño.
Outre la destruction matérielle, le bilan humain reste à déterminer. “Nous ne connaissons toujours pas le nombre de victimes civiles ni celles des forces de sécurité. Le 3 juin, les gens ont commencé à retourner lentement dans leurs maisons, mais certaines ont été brûlées, d’autres pillées… Souvenez-vous qu’il y a seulement un an, nous subissions le passage destructeur du cyclone Kenneth…” Cette dépression tropicale a en effet particulièrement touché la province de Cabo Delgado causant des dégâts considérables.
“Notre mission a été sauvée parce qu’elle se trouve dans les hauteurs, à côté d’une base militaire.”
Lors de l’attaque de fin mai, la zone de la mission des carmélites Thérèsiennes de saint Joseph a été épargnée, semble-t-il, uniquement parce qu’elle se situe relativement en dehors de la zone attaquée par les terroristes. “Notre mission a été sauvée parce qu’elle se trouve dans les hauteurs, à côté d’une base militaire.” Pour des raisons de sécurité, elles n’ont pas pu rester à Macomia, et ont dû retourner le jour-même dans l’autre mission où elles avaient fui.
200.000 personnes déplacées depuis fin 2017
Depuis la fin de l’année 2017, les violences dans la région ont fait plus de 1.100 morts, dont 700 civils, a recensé l’ONG Armed Conflict Location and Event Data Project (Acled). Les violences ont provoqué le déplacement de 200.000 personnes, depuis fin 2017, selon l’ONU. D’après les mêmes sources, la dernière opération contre la ville de Macomia, qui accueillait déjà 30.000 déplacés, a de fait causé un nouvel exode. Lors de son message Urbi et Orbi du dimanche de Pâques, le pape François avait lui-même attiré du monde sur cette crise méconnue.
En 2015, une délégation de l’AED s’était rendue chez les carmélites de Macomia, à qui la fondation avait fourni une voiture pour soutenir leur travail pastoral. “Je suis profondément désolé pour la situation à Macomia et surtout encore plus parce que j’ai fait la connaissance personnellement des sœurs lors de mon dernier voyage au Mozambique”, a déclaré Rafael d’Aqui, responsable des projets au Mozambique pour l’AED. Impressionné par tout le travail réalisé par les religieuses, il explique que “leur engagement ne s’étend pas seulement au pensionnat qu’elles dirigent, mais aussi à l’ensemble de la population environnante”. Elles s’occupent bien sûr des élèves, mais sont également attentives aux professeurs et aux familles. Ainsi, les mères qui viennent d’accoucher peuvent bénéficier d’un programme d’aide, qui peut aller de l’apprentissage de l’allaitement aux premiers soins de santé pour les bébés.
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