Ce sont vos futurs prêtres, et comme vous, ils sont restés confinés pendant presque deux mois. Pour beaucoup, ce temps d’une certaine façon hors du temps a été l’occasion d’approfondir leur futur sacerdoce et d’avancer dans leur discernement.
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Certains ont découvert de façon accrue la richesse de la vie fraternelle. D’autres ont réalisé qu’ils n’étaient certainement pas appelés à devenir moines. Quelques-uns ont monté des vidéos à l’intention de leurs paroissiens, ont illustré des messages pour Pâques ou envoyé des cartes aux prisonniers de la Santé. D’autres, enfin, ont contracté le virus et ont compris quelque chose de l’ordre de la compassion… Pour beaucoup, ces deux mois de confinement ont été l’occasion d’approfondir leur futur sacerdoce.
À l’image d’Antoine Gros, 20 ans, qui termine sa première année de séminaire à la maison Saint-Louis (IVe arrondissement de Paris). Le jeune homme, qui était confiné avec d’autres séminaristes, a découvert “un surcroît de charité et de délicatesse dans les relations fraternelles”. “J’ai fait l’expérience de vivre la charité dans les petites choses de chaque jour et je crois que c’est le cœur de notre vie de séminariste qui se retrouvait là”, confie-t-il à Aleteia. Une bienveillance qui relève selon lui de “la charité de la salade de fruits”, une expression utilisée au séminaire de Paris . “C’est très pénible à préparer mais c’est très bon à manger ! », s’exclame-t-il. À l’image des petites attentions quotidiennes qui parfois coûtent mais qui font finalement beaucoup de bien à ceux qui en bénéficient. Le jeune homme évoque aussi “la charité du silence et de la solitude” qui a permis de vivre paisiblement la vie communautaire. “Il faut intégrer le fait que certains sont plus angoissés que d’autres et apprendre à les respecter. Dans la maison, nous n’avons pas tous réagi de la même façon”, note-t-il.
“Habiter le lieu où nous vivons”
“Cela a été une grand grâce d’habiter le lieu où nous vivons. J’ai redécouvert des commerçants qui restaient ouverts, comme le boulanger. Pour des prêtres, c’est essentiel d’habiter sa paroisse, son quartier”, poursuit-il, soulignant l’importance d’apprendre à “demeurer là où on habite” et à ne pas être toujours ailleurs. Une réalité vécue également par Timothée de Barbentane, 29 ans, en cinquième année de séminaire à la maison Saint-Roch (1er arrondissement). Là-bas, ils étaient 15 séminaristes et deux prêtres. Au début du confinement, leurs responsables ont échangé avec eux afin de discerner leur lieu de confinement. “Assez unanimement, nous nous sommes dit que nous voulions rester à Paris. C’est le peuple de Dieu qui était là. Nous étions ordonnés pour Paris”. Un choix selon lui “pas évident” mais “qui s’est imposé facilement”.
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À la maison Saint-Louis, tous ont attrapé le Covid-19. “Nous avons tous été malades. Cela nous a permis de comprendre dans notre corps ce que signifiait la maladie”. Timothée a connu l’agueusie, la fatigue… “Être malade, ce n’est pas rien. Cela m’a fait réfléchir à ce que signifie ralentir son rythme, être affecté dans son corps. Je trouve que dans notre société, on est tout le temps à bouger. Cela nous a obligés à prendre le temps et à nous réjouir de vivre en communauté. Cela m’a rappelé les moments en famille où l’on joue tranquillement”.
“Dans le creux de mon lit, j’étais davantage associé à des gens qui peuvent vivre la solitude. C’était une solitude qui était pleinement habitée par la présence du Christ. Cela donne de la joie et de la force.”
Albert Zogo, 25 ans, est en deuxième année de séminaire pour le diocèse de Meaux. Il habite à la maison Saint-Séverin (Ve arrondissement). Lui aussi est tombé malade et a dû se confiner durant plusieurs jours. Cette expérience l’a marqué. “C’est un temps qui m’a permis de réfléchir et de prier davantage. Je n’étais pas en état de travailler. Cela m’a donné un approfondissement de la communion spirituelle. Dans le creux de mon lit, j’étais davantage associé à des gens qui peuvent vivre la solitude. C’était une solitude qui était pleinement habitée par la présence du Christ. Cela donne de la joie et de la force”. Cet “approfondissement de la prière dans le silence de la chambre” lui a permis de se tourner vers les autres. “Je comprends ce que les moines peuvent vivre quand ils parlent de communion spirituelle avec les gens du monde même quand ils ne les voient pas”.
À Saint-Séverin, plusieurs hommes de la rue étaient hébergés par la paroisse grâce à l’opération Hiver Solidaire qui s’est prolongée durant le confinement. Joseph Amiel, 22 ans, également séminariste dans cette maison, a été édifié par l’engagement d’un prêtre de la paroisse qui a déménagé son propre lit pour s’installer avec eux. “C’était un témoignage très fort sur le don du prêtre. Cela me dit quelque chose du don qu’il fait de sa personne dans le ministère”. À Saint-Roch, les séminaristes avaient un stock de gâteaux, chocolats et bonbons initialement destinés au Frat qu’ils ont pu distribuer au moment de Pâques aux personnes de la rue qui faisaient la queue devant les Restos du Cœur. Ambiance garantie ! “C’était chouette de pouvoir les soutenir”, note Timothée.
Pour Joseph, le fait de devoir fermer l’église aux paroissiens a été difficile. “Cela fait creuser cette conscience de la vocation pastorale. Je me suis rendu compte que les paroissiens me manquaient”. Qu’ils soient au fond de leur rue ou dans la rue, l’expérience de ces dernières semaines leur a donné un avant-goût de leur futur sacerdoce. Comme le résume Antoine Gros, “le confinement est un peu à l’image de la vie du prêtre : c’est exigeant mais dans cette exigence, le Seigneur fait vraiment jaillir sa grâce”. Aujourd’hui, tous se réjouissent des ordinations sacerdotales qui se dérouleront samedi 27 juin à Paris en l’église saint-Sulpice. Soutenez les futurs prêtres dans leur formation en donnant à l’Œuvre des vocations.
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