La première diaconesse dont l’histoire a retenu le nom est sainte Phoebe de l’Église de Cenchrées, mentionnée par saint Paul (Rm 1<6, 1). L’ordre des diaconesses est ensuite cité régulièrement tout au long des premiers temps de l’Église, par exemple par Pline le Jeune dans une de ses lettres à Trajan, ou par la Didascalie des apôtres, texte vénérable du IIIe siècle. Les diaconesses assument très tôt diverses missions au profit des communautés chrétiennes, surtout auprès des femmes se préparant au baptême. Les Constitutions apostoliques précisent au IVe siècle qu’elles sont ordonnées par l’évêque qui leur impose les mains (VIII, 24). Elles seront plus tard rattachées aux ordres mineurs du clergé séculier, au même rang que les sous-diacres.
Préparer au baptême
Les diaconesses sont choisies dès les premiers siècles parmi les vierges et les veuves les plus respectables. L’âge minimal pour l’ordination a varié avec le temps : d’abord 60 ans, puis 40, avant que cette exigence ne disparaisse. Leur principale mission consiste à préparer les femmes catéchumènes au baptême. Elles les instruisent donc au préalable, et l’on peut encore voir dans les catacombes la trace des chaires qu’elles utilisaient, notamment dans la chapelle Sainte-Émérentienne. Puis elles assistent l’évêque pendant la cérémonie du baptême réalisée alors par immersion complète : elles soutiennent la baptisée pendant son immersion, la sèchent et enduisent son corps avec le saint chrême, puis la revêtent de l’habit blanc pour la suite de la cérémonie. Les diaconesses exercent un ministère de charité et d’hospitalité tourné plus particulièrement vers les femmes : elles assistent les mères, visitent les femmes malades et leur apportent la communion, font la toilette funèbre des défuntes.
Des femmes illustres
Avec la conversion de l’Europe au christianisme, que ce soit l’Empire romain ou les royaumes barbares, la tâche principale des diaconesses rattachées à l’ordre séculier, le baptême des femmes adultes, a progressivement disparu. S’éloignant des missions paroissiales et baptismales, elles se sont progressivement rapprochées des ordres réguliers, comme la célèbre Olympias, correspondante de saint Jean Chrysostome, ou la diaconesse Ourbicia qui vivait en recluse à Jérusalem. Les ordres religieux vont un temps ordonner des diaconesses, mais l’expression désigne désormais une dignité honorifique plus qu’une mission. Ainsi, au VIe siècle, sainte Radegonde, épouse du sinistre roi Clotaire, entre dans les ordres et est ordonnée diaconesse. Cette distinction honorifique finit par disparaître de l’Église latine dans le courant du Moyen Âge, bien que Thomas d’Aquin en défende encore l’utilité. Les ordres mineurs seront ensuite exclus du sacrement de l’ordre par Pie XII en 1947.
L’Église syriaque, l’Église maronite et les Églises grecques-orthodoxes vont garder la tradition des diaconesses ordonnées pendant quelques siècles. Au Xe siècle, il existe encore une zone réservée aux diaconesses dans la cathédrale Sainte-Sophie de Constantinople. Les dernières diaconesses maronites disparaissent finalement au XIXe siècle.