Alors que plusieurs statues de personnalités historiques associées à l’esclavage ou à la colonisation ont été déboulonnées ces derniers jours dans différents pays en marge de manifestations dénonçant le racisme, c’est au tour d’une statue de Baden-Powell, fondateur du scoutisme, installée à Bournemouth (sud de l’Angleterre) d’être au cœur des débats.
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C’est un cas loin d’être isolé. Alors que les manifestations dénonçant le racisme se multiplient dans plusieurs pays depuis la mort de George Floyd, un noir asphyxié lors d’un contrôle de police aux États-Unis, plusieurs protestataires vandalisent des statues de personnalités historiques associées à l’esclavage ou au colonialisme. Depuis quelques jours, c’est une statue de Robert Baden-Powell située dans le port de Bournemouth, dans le sud de l’Angleterre, qui fait débat.
Installée il y a douze ans, cette statue du fondateur du scoutisme devrait être déplacée prochainement afin d’éviter d’éventuelles dégradations. Elle bénéficiera jusque-là d’une surveillance 24h/24, rapporte la BBC. Le député Mark Howell a précisé dans une déclaration qu’il avait pris cette décision rapidement compte tenu des menaces de vandalisme mais que cette dernière sera réinstallée “dès que les tensions seront apaisées”.
Héros de la seconde guerre des Boers
Certains lui reprochent une prétendue sympathie pour Hitler et le fascisme. Des propos difficilement démontrables à l’exception d’un document déclassifié en 2010 par les services de renseignement révélant que Robert Baden-Powell avait rencontré, en 1937, Joachim von Ribbentrop et Hartmann Lauterbacher, un haut responsable des Jeunesses hitlériennes.
Né en 1857 en Grande-Bretagne, Robert Baden Powell devient officier de cavalerie dès l’âge de 19 ans et est envoyé dans la foulée en Inde puis en Afrique. En 1883, à l’âge de 26 ans, son régiment est envoyé en Afrique du Sud, alors colonie britannique. C’est durant cette période qu’il forme selon ses propres méthodes des unités d’éclaireurs (ou scouts, en anglais). Réparties en petits groupes, ou « patrouilles », ces unités très mobiles sont capables d’explorer le terrain et de s’approcher au plus près de l’ennemi sans se faire repérer. Elles lui seront d’ailleurs très utiles pour remporter la victoire lors du siège de la ville de Mafeking, en 1899, pendant la seconde guerre des Boers.
Un premier camp scout en 1907
De retour en Angleterre, il a l’idée d’appliquer aux jeunes britanniques les expériences qu’il a tirées de sa carrière militaire. C’est ainsi que le 1er août 1907, une vingtaine de jeunes embarquent pour l’île britannique de Brownsea, afin de vivre au contact de la nature durant une semaine. C’est le tout premier camp scout, qui marque la naissance du scoutisme. À l’issue de ce camp, il écrit un ouvrage intitulé scouting dans lequel il précise les contours de ce mouvement et la fameuse pédagogie scoute fondée sur cinq piliers : la santé, le sens du concret, la personnalité, le service et le sens de Dieu.
Lui et son épouse, Olave Baden-Powell, passent par la suite une bonne partie de leur temps à parcourir le monde afin de soutenir le développement des groupes scouts. Se retirant au Kenya à la fin de sa vie (il meurt en 1941), Baden-Powell laisse un dernier message aux scouts du monde entier :
Chers scouts,
Rappelez-vous que c’est le dernier message que vous recevrez de moi ; méditez-le soigneusement. J’ai eu une vie très heureuse et je souhaite à chacun de pouvoir en dire autant. Je crois que Dieu vous a placés dans ce monde pour y être heureux et jouir de la vie. Ce n’est ni la richesse, ni le succès, ni le laisser-aller qui créent le bonheur. L’étude de la nature vous apprendra que Dieu a créé des choses belles et merveilleuses afin que vous en jouissiez. Contentez-vous de ce que vous avez et faites-en le meilleur usage possible. Regardez le beau côté des choses et non le plus sombre.
Essayez de laisser ce monde un peu meilleur qu’il ne l’était quand vous y êtes venus et quand l’heure de la mort approchera, vous pourrez mourir heureux en pensant que vous n’avez pas perdu votre temps et que vous avez fait « de votre mieux ».
Soyez prêts à vivre heureux et à mourir heureux. Soyez toujours fidèles à votre promesse même quand vous serez adultes.
Que Dieu vous aide.
Votre ami
Robert Baden-Powell
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