Ce n’est pas par hasard que nous pouvons tout aussi bien dire la « bienheureuse Vierge Marie » que « la sainte Vierge Marie »… En effet, le meilleur synonyme du mot “saint” est bien le mot “heureux”. Ces deux termes signifient historiquement la même chose.
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Il peut y avoir de nombreuses théories sur ce qu’est la sainteté. Mais comme le remarque le pape François dans son encyclique Gaudete, Exsultate, rien n’est plus éclairant que de revenir aux paroles de Jésus et de recueillir sa manière de transmettre la vérité. Jésus a expliqué avec grande simplicité ce que veut dire être saint, et il l’a fait quand il nous a enseigné les béatitudes (Mt 5, 3-12) : “Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux”. Pour Jésus, le mot “heureux” ou “bienheureux”, devient synonyme de “saint”. Il exprime le fait que la personne qui est fidèle à Dieu et qui vit sa Parole atteint, dans le don de soi, le vrai bonheur.
“Saint” et “heureux”, les mots interchangeables
Pour Marie-Christine Hazaël-Massieux, professeur de Linguistique à l’Université Aix-Marseille et auteur entre autres de 36 questions sur Dieu avec les Pères de l’Eglise Il est intéressant de voir que depuis le XIIe siècle, ces deux termes “saint” et “heureux” (ou “bienheureux”) sont devenus historiquement interchangeables. “Chacun désigne ceux que l’Église considère, après leur mort, comme entrés dans la joie de Dieu : ceux qu’elle propose comme modèles aux vivants. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien qu’on peut dire aussi bien la “bienheureuse Vierge Marie” que “la sainte Vierge Marie”, précise-t-elle. Plus tardivement, on s’est mis à distinguer les “bienheureux”, comme un premier degré de sainteté (ceux qui ont été béatifiés), les “saints” étant ceux qui ont atteint un degré supérieur de reconnaissance et qui ont été canonisés.
Ce qui est premier dans la sainteté c’est la présence de Dieu dans la vie des saints, et cette présence fait leur joie. Le saint ne peut ainsi qu’être joyeux.
Mais c’est chez les Pères de l’Antiquité chrétienne, que la sainteté est souvent étroitement mêlée avec la joie. De façon complexe car si le saint est promis au bonheur futur (à la béatitude éternelle), il connaît la joie déjà en ce monde, malgré les épreuves. À la lecture des premiers Pères, comme explique Marie-Christine Hazaël-Massieux, “le saint est fondamentalement celui qui vit dans la joie de Dieu : les saints sont ceux qui ont choisi Dieu, la vie avec Dieu. C’est encore en ce sens que nous parlons de la “communion des saints”, qui inclut bien sûr les vivants. Ce qui est premier dans la sainteté c’est la présence de Dieu dans la vie des saints, et cette présence fait leur joie. Le saint ne peut ainsi qu’être joyeux. Sainteté et joie sont donc intimement liées”, précise-t-elle encore.
Les Odes de Salomon en sont un bel exemple. Composé de quarante-deux poèmes écrits au début de l’ère chrétienne, ce recueil classé parmi les apocryphes du Nouveau Testament, “respire la joie”. Comme cet extrait qui révèle le lien profond entre la joie et la sainteté :
Comme la course de l’ardeur, sur le crime,
Ainsi la course de la joie, sur l’aimé,
Rapporte de ses fruits sans barrage.
Ma joie, c’est le Seigneur,
Ma course, vers lui,
Que ma Voie est belle !(Ode VII, 1-2)
Cette joie est bien présente : celle des saints qui ne sont pas seulement ces morts que nous honorons mais aussi ceux qui comptent parmi nous. Il y a nécessairement une grande variété de saints puisque chaque histoire est aussi unique que le sont les personnes. Il n’y a pas donc pas un seul modèle de sainteté. À nous d’inventer notre propre chemin vers la sainteté, synonyme de joie. Car si la sainteté ne peut qu’être joyeuse, la vraie joie, est nécessairement sainte !