Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France (CEF) et évêque de Reims publie le 3 juin une lettre au président de la République dans laquelle il livre quelques réflexions pour la période post Covid-19.
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
“Une épidémie a valeur d’avertissement”. Ce mercredi 3 juin, Mgr de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France (CEF) et évêque de Reims, publie en son nom Le matin, sème ton grain, un livre d’une soixantaine de pages sous la forme d’une longue lettre. Il s’agit en réalité d’une réponse à l’invitation d’Emmanuel Macron qui avait encouragé les cultes au début du confinement à partager leurs réflexions sur la crise sanitaire.
““Le vent souffle où il veut” [Jn 3,8 ndlr], nul ne peut le contraindre, et surtout pas le vent de l’Esprit saint, mais il appartient à notre devoir d’être humain de choisir une direction, en espérant ne pas trop manquer le vent”, note l’évêque de Reims dans son préambule. Articulé autour de quatre thèmes – mémoire, corps, liberté, hospitalité – , son propos vient interroger les modes de vie et la façon de consommer de ses contemporains. “Pour les chrétiens, l’avertissement n’est pas autant qu’on le croit facilement l’annonce d’une catastrophe”, précise l’évêque qui croit plutôt à une “promesse”. “Autre chose est possible”, souligne-t-il, se réjouissant que, malgré la probable future guerre commerciale et économique, “pour le moment aucune société n’a sombré dans la violence et aucun pays n’a profité du confinement généralisé pour s’emparer par la force d’une portion de territoire. […] Pour tous les humains, c’est un motif de soulagement et de fierté, de confiance aussi”.
Ne pas faire du confinement une “journée du souvenir”
Revenant sur le confinement, l’homme d’Église de 58 ans salue un temps “moins frénétique, parfois très plein mais d’activités plus limitées en nombre” et invite à garder en mémoire ceux qui ont vécu des deuils. Le souvenir de l’épidémie ne doit être “ni un musée ni une journée du souvenir de plus” mais un catalyseur qui invite à se mettre en mouvement. L’évêque de Reims propose de repenser la question du logement qui doit être “une demeure” pour chacun. Il propose également d’instaurer “un vrai repos dominical” et suggère qu’une fois par mois un dimanche soit “confiné” partout dans le pays : “un dimanche sans voiture ou sans dépasser un certain périmètre, sans commerces, sans travail productif, où tous soient appelés à chercher des activités accessibles à pied ou à bicyclette ou en transports en commun”.
Lire aussi :
Le virus du dimanche sans repos
Se garder de la “tentation de l’euthanasie”
Vient ensuite une réflexion sur le corps, et notamment le corps social. La crise a prouvé que les soignants gardaient la conviction que leur métier n’était pas juste de prendre soin d’un corps, mais d’une personne toute entière avec “une famille, des amis, une histoire, des projets, une certaine compréhension d’elle-même, de sa vie et de la vie, et de la mort comme de sa mort possible”. Pour l’évêque, “il est urgent que les politiques de santé incluent réellement cette conviction”. Il invite à revoir les plans d’urgence des hôpitaux afin d’inclure davantage les aumôniers et tous les visiteurs et alerte sur “la tentation de l’euthanasie” qui “exerce sa fascination sur nos sociétés occidentales”.
Lire aussi :
Logement et précarité : comment relever le défi de l’après-confinement ?
Méditant sur la notion de liberté, il revient sur l’interdiction de culte quand d’autres réunions étaient autorisées et s’interroge sur la question de la liberté de culte, et au-delà, sur la liberté intérieure et la responsabilité personnelle. Enfin, habité par la question de l’hospitalité, le président de la CEF, notant que le confinement a été “la restriction drastique de toute hospitalité concrète”, interroge le sens de l’hospitalité. “L’épidémie nous a fait toucher du doigt que chacun de nous était par son comportement responsable du sort de tous les autres”, souligne-t-il en abordant la question de l’accueil des migrants et du comportement des hommes et des femmes d’aujourd’hui vis-à-vis de leur “maison commune”, thème abordé par le pape François dans son encyclique Laudato Si’.
Le matin sème ton grain : lettre en réponse à l’invitation du Président de la République, par Éric de Moulins-Beaufort, édité chez Le Cerf/Bayard/Mame le 3 juin 2020, 5 euros.
Lire aussi :
Les dix questions à se poser pour conclure ce temps de confinement