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Avec Laudato si’, le pape François se situe à la fois comme un pionnier d’avant-garde face aux défis de l’après-pandémie et comme un continuateur de l’écologie intégrale de Paul VI, de Jean Paul II et de Benoît XVI. Auteur de “François le successeur”, qui vient de paraître aux éditions Téqui, Denis Lensel met en évidence l’étonnante généalogie de ces papes. Unis par des liens mystérieux, ils se sont transmis un héritage pastoral et doctrinal qu’ils ont fait fructifier pour le bien de l’Église et l’évangélisation du monde.
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Le pape François vient d’annoncer une Année Laudato Si’ du 24 mai 2020 au 24 mai 2021 pour les cinq ans de son encyclique en faveur du développement humain intégral. En phase avec les nouveaux défis de l’époque, il propose une prière évoquant la présence de Dieu pour “les plus vulnérables” et appelant à la “solidarité créative” pour “affronter les conséquences de cette pandémie mondiale” et “répondre au cri de la terre et au cri des pauvres”, à l’heure où nous pouvons “tous nous sentir interconnectés et interdépendants”. Le Saint-Père affirme que “les souffrances actuelles peuvent être les douleurs de l’accouchement d’un monde plus fraternel et durable”.
La résistance spirituelle des papes “pasteurs” ou “docteurs”
Depuis Vatican II, l’Église catholique a connu une alternance frappante de papes “docteurs” et de papes “pasteurs”, se complétant pour enseigner et diriger la Barque de Pierre : après Pie XII, ce maître ex cathedra, Jean XXIII a été un pasteur ouvrant largement la bergerie à un dialogue de paix ; Paul VI a été un docteur itinérant qui a réorganisé l’Église et s’est fait le messager de la foi à travers le monde ; Jean Paul II, athlète complet de l’évangélisation, a mené une action libératrice de pasteur globe-trotter de Jésus-Christ, tout en publiant une œuvre doctrinale avec l’aide de ce grand docteur de la foi qu’est Joseph Ratzinger, devenu le pape Benoît XVI. Enfin, “venu du bout du monde”, le pape argentin Jorge Bergoglio est un pasteur conquérant, dont la priorité absolue est d’aller vers toutes les “périphéries existentielles” de la planète. Premier pape non européen, François est un apôtre du Tiers-Monde.
La rude école de la résistance au totalitarisme
Cependant, tous ces papes ont un point commun : ce sont des hommes formés à la rude école d’une résistance spirituelle aux systèmes d’oppression totalitaire sécrétés par diverses formes de matérialisme. Le futur Jean XXIII et le futur Paul VI se sont d’abord opposés à la “statolâtrie” du fascisme mussolinien dans leur propre pays, puis, devenus papes, ils ont fait face au péril mortel de la Guerre froide entre le monde communiste et l’Occident capitaliste. Fils de la Pologne écrasée par l’alliance diabolique du Pacte germano-soviétique d’août 1939 entre Hitler et Staline, Jean Paul II a su déstabiliser le Mur de Berlin tout en combattant la “culture de mort” à l’Ouest. Issu d’une famille allemande opposée à la séduction du nazisme, Benoît XVI a dénoncé ensuite la “dictature du relativisme”.
Formé par une grand-mère qui avait dénoncé et fui l’Italie fasciste, le pape François combat le totalitarisme de l’argent et la “culture du déchet”, au nom d’une écologie intégrale, pour sauvegarder l’humanité en chaque homme. Aujourd’hui, à l’heure de la crise mondiale du coronavirus, son encyclique de 2015 Laudato si’ apparait comme un texte visionnaire qui a mis en garde contre les risques mortels de la dégradation générale des conditions de vie sur la planète.
Une volonté de sauvegarde de la nature et de l’humanité
Le pape François est un disciple déclaré de Paul VI : il voit dans le pape Montini un maître intellectuel et spirituel, à la lumière de ses textes fondateurs Ecclesiam suam et Evangelii nuntiandi sur l’évangélisation dans le monde moderne. Les deux hommes partagent une même volonté de sauvegarde de la création divine et de la nature humaine : cette sensibilité commune est devenue un trait d’union pour une écologie intégrale portée par l’Église. Elle a été relayée par Jean Paul II et Benoît XVI pour préserver la vie sur terre, de la conception à la mort naturelle, dans l’harmonie de la justice sociale et de l’équilibre international.
Le pape François est aussi un cadet spirituel de Jean XXIII : il a adhéré comme lui à l’idéal de saint François d’Assise, celui de “Dame Pauvreté”. Angelo Roncalli, le futur pape Jean est devenu tertiaire franciscain dès l’âge de quinze ans ; quant à Jorge Bergoglio, il est très attaché à l’idéal franciscain, à la fois par l’”option préférentielle pour les pauvres“, primordiale en Amérique latine, et du fait de sa volonté de protection de la nature, déjà vénérée par le saint d’Assise. Déjà papabile en 2005, il aurait alors envisagé d’adopter le nom de Jean XXIV…
Une “unité intérieure” entre Jean Paul II et François
Cependant, dans une lettre du 15 mai dernier en hommage à son prédécesseur le pape Wojtyla, Benoît XVI a souligné “l’unité intérieure du message de Jean Paul II et des intentions fondamentales du pape François” à propos de la miséricorde de Dieu, sur laquelle tant François que Jean Paul II ont mis l’accent avec insistance. Benoît XVI a observé que Jean Paul II “n’est pas un rigoriste moral, comme certains l’ont en partie représenté”, mais qu’”en rappelant que la miséricorde divine est au centre, il nous permet d’accepter l’exigence morale, même si nous ne parvenons jamais à l’accomplir pleinement”. Une démarche en réalité assez proche de celle de François…
Mais le pape François a aussi créé au début de cette année 2020 une Fondation Jean Paul Ier, pour faire connaître l’influence réelle de ce prédécesseur, le pape Luciani au pontificat de trente-trois jours, éphémère mais fructueux. Issu d’une famille très modeste, Albino Luciani a souffert de la faim pendant son enfance. À peine élu, en septembre 1978, à la suite de Paul VI, Jean Paul Ier, “le pape au sourire”, a simplifié les apparences de la charge pontificale, en s’exprimant à la première personne du singulier, au lieu du “nous” traditionnel, et en préférant une simple mitre d’évêque à la tiare. Le pape Luciani a réclamé une enquête sur d’éventuelles irrégularités à la Banque du Vatican. À la veille de sa mort, il préparait un discours demandant aux jésuites de resserrer leurs liens avec l’esprit de leur fondateur saint Ignace de Loyola : une orientation que Jean Paul II a reprise… Et aujourd’hui, c’est François, un pape jésuite, qui tient le gouvernail…
Le chemin de Jean Paul II et de Benoît XVI
Quant à l’avenir de l’Église, Jean Paul Ier avait décidé de faire du cardinal Ratzinger, jeune archevêque de Munich et brillant théologien, son légat en Amérique latine : il a préparé ainsi à l’avance une audience internationale pour le futur Benoît XVI. En outre, en lui permettant d’étudier sur place le phénomène de la théologie de la libération, il lui offrait l’occasion d’une expérience bientôt précieuse à la Congrégation de la doctrine de la foi auprès du futur pape Jean Paul II… Au-delà de cette première étape, cette familiarisation précoce du cardinal Ratzinger avec l’Amérique latine, allait ensuite l’amener, une fois devenu le pape Benoît XVI, à découvrir l’importance pour l’Église de la personnalité de l’archevêque de Buenos Aires, à l’heure de la conférence d’Aparecida en 2007 : ce serait bientôt l’heure de Jorge Bergoglio, le futur pape François.
Comment ne pas discerner l’intervention de la Providence de Dieu dans ces jalons et ces étapes de la vie de ces papes ?
François le successeur, la complémentarité des papes, Denis Lensel
Éditions Pierre Téqui, mai 2020, 19 euros