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Comment sont choisis et nommés les évêques ?

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Cathédrale Notre-Dame de Paris. Messe avec les évêques des Conférences épiscopales d'Europe (CCEE). Procession d'entrée.

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Jacques Perrier - publié le 28/05/20
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Les procédures de nomination des évêques peuvent varier, mais seuls des évêques peuvent ordonner des évêques, en les inscrivant dans la succession des apôtres. Un évêque est “catholique”, s’il accepte la mission qui lui est confiée et qu’il est en communion avec le successeur de Pierre. Seul le pape a autorité pour nommer librement les évêques ou confirmer ceux qui ont été légitimement désignés.

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Dans le processus de désignation d’un évêque, il faut d’abord distinguer sa nomination de son ordination ou consécration. Pour comprendre cette distinction, il suffit de penser à l’entrée en fonction du président de la République ou des rois de France. Pour le président, selon les régimes, son mode de désignation a varié : élection par un collège de notables et, aujourd’hui, au suffrage universel. Le soir du deuxième tour, la personnalité choisie est “élue” mais n’a aucun pouvoir. Quelques jours plus tard, s’accomplira un rituel comportant notamment la transmission des codes nucléaires, la proclamation du résultat des élections par le président du Conseil constitutionnel et la remise du grand cordon de la Légion d’honneur. C’est alors seulement que l’élu devient président de la République. Sous l’Ancien Régime, l’héritier de la couronne était désigné par les règles de succession, mais il était ensuite sacré à Reims et recevait alors les insignes du pouvoir royal.

L’ordination est un acte sacramentel

Pour un évêque, le processus est analogue. Si un diocèse est privé d’évêque pendant quelques mois, un administrateur prend les décisions nécessaires jusqu’à ce que l’évêque désigné prenne possession de son siège et soit ordonné. Jusque-là, on dira officiellement qu’il est “évêque nommé”. L’ordination épiscopale, appelée autrefois “sacre”, est un acte sacramentel. Seul un évêque, normalement accompagné de deux autres, peut ordonner un évêque.

Des procédures de nomination variées

Les procédures de nomination n’ont pas toujours été les mêmes au cours de l’histoire. Aujourd’hui encore, elles ne sont pas identiques selon les pays. Mais le principe vaut partout que les évêques sont “successeurs des apôtres”. Déjà saint Paul se préoccupait de laisser des responsables dans les communautés qu’il avait fondées. Il rappelle à Timothée qu’il lui a imposé les mains, geste central de l’ordination. Pour la suite, il faut se garder d’être trop affirmatif quant au mode de désignation des évêques : les sources manquent. Sans doute, dans beaucoup de cas, un évêque vieillissant choisissait un successeur parmi ses prêtres. Dans le cas d’Ambroise, à Milan, la désignation s’est faite par acclamation. Ambroise était l’équivalent du préfet de la ville. L’Église était alors divisée entre ariens et catholiques. Ambroise dut intervenir lors d’une échauffourée quand un enfant aurait dit : “Ambroise, évêque !” La foule avait applaudi à cette idée, étrange, puisque Ambroise n’était pas prêtre. Malgré ses efforts pour repousser cette désignation, il dut finalement s’incliner. Heureusement ! C’est lui qui catéchisera et baptisera saint Augustin.

Le rôle du pouvoir politique

La faveur de la communauté, mais aussi le pouvoir politique du moment ont toujours joué un rôle. La tentation des princes, à toutes les époques, est de nommer eux-mêmes les évêques et de les investir de leur charge. Ce fut l’origine de la “Querelle des investitures” entre l’Empire romain germanique et le Saint-Siège et, plus tard, entre les rois de France et Rome. Mais si le pouvoir politique présente un candidat, les papes veulent rester libres de les reconnaître et de les instituer au plan religieux, même s’ils dépendent du pouvoir politique au plan temporel. Ce conflit demeure très actuel en Chine communiste.


BISHOP CARDINAL
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En France, sous le régime concordataire, c’est-à-dire jusqu’en 1905, les évêques étaient nommés par le pouvoir politique, que ce soit sous la Royauté, l’Empire ou la République, non sans consultation auprès d’hommes d’Église. En vocabulaire technique, un candidat choisi par l’État devait être “préconisé” par Rome avant d’être nommé. Par suite de leur rattachement à l’Empire allemand après la guerre de 1870, les diocèses concordataires de Strasbourg et de Metz vivent toujours sous ce régime. Ainsi, les procédures de désignation varient aussi d’un pays à un autre. À Cologne, par exemple, c’est le chapitre des chanoines de la cathédrale qui présente à Rome une liste de trois noms. Mais cette recommandation n’est pas contraignante.

La communion avec le Pape

L’ensemble des évêques succède aux Douze apôtres et l’Église catholique tient beaucoup à cette succession sacramentelle, ininterrompue depuis l’origine. Dans le “collège” des Douze, Pierre est toujours nommé en tête et Jésus lui a confié la charge d’affermir ses frères. Aujourd’hui, les successeurs des Douze se doivent d’être en communion avec le Pape, successeur de Pierre. Les risques de schisme ont toujours existé. Saint Irénée, évêque de Lyon, au IIe siècle, pose un principe simple : « Toute Église doit nécessairement s’accorder avec l’Église de Rome. » Dans le cas particulier des Églises orientales catholiques, les évêques sont choisis par des synodes locaux : Rome en est informée et leur accorde la reconnaissance. C’est ce qu’exprime, en quelques mots, le Code de droit canonique de 1983 : « Le Pontife suprême nomme librement les évêques ou il confirme ceux qui ont été légitimement élus. » De même, lors de son ordination, le futur évêque répond à huit questions, dont l’une porte sur l’obéissance « au successeur de Pierre ».

Comment se trouvent les futurs évêques ?

Ce n’est pas aux prêtres de poser leur candidature (CEC 875). Les évêques en fonction ont obligation, soit en se concertant, soit isolément, d’indiquer au nonce les noms de prêtres qu’ils jugent aptes à ce ministère. Il appartient au nonce de s’informer sur chacun d’eux, en interrogeant, avec précision et sous le sceau du secret, les personnes les plus à même de les connaître. Ces personnes consultées peuvent être des prêtres, mais aussi des religieux ou religieuses et des laïcs. À chaque personne interrogée, il est demandé, en conclusion, un jugement synthétique : tel prêtre vous paraît-il apte à être évêque, et dans quel type de diocèse ? Chacun peut aussi donner d’autres noms de personnes à consulter.



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Ensuite le nonce consulte et se renseigne sur les besoins du diocèse. Il s’informe sur les caractéristiques des diocèses pour lesquels il faut trouver prochainement un évêque. Pour cela, il consulte le président de la Conférence épiscopale, les évêques de la province ecclésiastique et, dans le diocèse concerné, quelques prêtres et des “laïcs reconnus pour leur sagesse”. Cette information porte sur le diocèse et ses besoins. Ce n’est pas un sondage sur des candidats éventuels, ni un portrait-robot de l’évêque idéal. Entre les trois noms proposés ou en dehors d’eux, la Congrégation donne son avis au pape à qui appartient la nomination. L’évêque nommé est libre d’accepter ou de refuser. S’il accepte, le gouvernement français est prévenu.

Le rôle de la congrégation pour les évêques

À Rome, les “congrégations” sont l’équivalent des ministères dans un gouvernement, mais leurs attributions sont très différentes. La Congrégation des évêques, sous divers noms, existe depuis le XVIe siècle. Elle comporte environ vingt-cinq cardinaux et archevêques, dont Mgr Michel Aupetit. Certains résident à Rome mais d’autres y viennent à l’occasion. Le préfet de la Congrégation, actuellement le cardinal Marc Ouellet, rencontre très régulièrement le pape pour lui présenter les candidatures, mais le pape reste libre de sa décision. L’absence de publicité évite les pressions et permet des nominations originales.

L’intéressé est prévenu par le nonce de la décision du Pape. Rapidement, le prêtre désigné doit dire s’il accepte ou refuse sa nomination. La procédure étant confidentielle, l’évêque nommé est lui-même libre de sa décision : par la suite, nul n’est censé savoir que tel prêtre a refusé d’être évêque de tel ou tel diocèse. Si l’intéressé accepte, le gouvernement français est prévenu, puisque, malgré la loi de séparation des Églises et de l’État, le ministère de l’Intérieur comprend toujours un Bureau des cultes. Quelques semaines lui sont laissées pour faire valoir d’éventuelles objections. Il semble que ce fut le cas pour certaines nominations après la Seconde Guerre mondiale. Durant tout ce délai, la discrétion est maintenue. Il arrive qu’il y ait des fuites, mais il faut se méfier des rumeurs. La nomination est publiée par la Salle de Presse du Saint-Siège, invariablement à midi.

Plusieurs “catégories” d’évêques

Il faut distinguer les évêques diocésains, les coadjuteurs et les évêques auxiliaires. En France, le plus souvent, l’évêque nommé n’est pas originaire du diocèse où il est nommé. Comme les apôtres par Jésus, il est envoyé. Il arrive avec un regard neuf. Assez fréquemment, les évêques sont déplacés d’un diocèse à un autre : en effet, ils ont été ordonnés au service de l’Église en tel diocèse, et non au service de tel diocèse exclusivement. Le concile Vatican II a souligné que l’évangélisation du monde entier était confiée à tous les évêques solidairement, “collégialement” en langage ecclésiastique.

Un évêque “diocésain” est chargé plus particulièrement d’un territoire ou d’une population particulière. Il en est “l’Ordinaire”. En France, les diocèses correspondent, depuis le concordat de 1804, aux départements. Parfois, deux départements ne forment qu’un diocèse : ainsi la Haute-Vienne et la Creuse forment le diocèse de Limoges. Parmi les populations particulières disposant de leurs propres évêques, citons les militaires ou les fidèles d’Églises orientales : les maronites, les Ukrainiens, les Arméniens…

Si le diocèse est très peuplé, l’évêque diocésain peut être assisté d’un ou de plusieurs évêques auxiliaires : il en existe une douzaine en France. L’évêque auxiliaire est “titulaire” d’un diocèse qui a cessé d’exister : c’est le cas des innombrables diocèses qui existaient en Afrique du Nord ou en Turquie avant l’Islam. Souvent, l’évêque auxiliaire devient quelques années plus tard évêque diocésain dans un autre diocèse. Pour préparer la transition, le pape nomme parfois auprès d’un évêque proche de la retraite, un évêque coadjuteur avec droit de succession. Habituellement, cette situation ne dure que quelques mois.

Fin de mission

Arrivé à soixante-quinze ans, l’évêque est invité à présenter sa démission au Pape. Ordinairement, celui-ci l’accepte, quitte à le maintenir en fonction jusqu’à l’installation du successeur. L’évêque en retraite, ou “émérite”, reste rattaché au diocèse dont il était l’évêque. Dans les pays communistes, les évêques ont souvent été maintenus jusqu’à un âge très avancé, faute de pouvoir en nommer de nouveaux, sans qu’ils soient immédiatement incarcérés.

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