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Aleteia : Pourquoi choisir la fête de la Visitation pour commencer ces huit jours de prière pour les couples blessés dans leur désir de donner la vie ?
Clémence Delorme : La Visitation, c’est la rencontre entre deux femmes enceintes. Ni l’une ni l’autre ne s’y attendait. Élisabeth est âgée. Elle et Zacharie ne croient plus en leur fertilité. Aux yeux de tous, c’est une malédiction pesant sur eux. Cette pensée commune rôde autour de ce couple blessé dans son désir d’enfants. Et pourtant… malgré sa vieillesse, elle attend un enfant. Cette grossesse inespérée bouleverse sa vie. Elle qui était la stérile, elle qui vivait dans le deuil, elle qui n’attendait plus rien, Dieu lui donne tout. De son côté, Marie est jeune. Tellement jeune qu’elle n’est pas encore mariée. Et c’est elle que Dieu choisit. Elle accepte, humblement et joyeusement, cette grossesse inattendue. Quand elles se retrouvent, ces deux femmes disent leurs surprises mais surtout leur action de grâce. Une joie immense les traverse. N’est-ce pas un magnifique témoignage d’espérance pour nous ?
À l’intention des couples en espérance d’enfants, comment ces huit jours de prière ont-ils été pensés ?
J’ai l’intuition qu’aucune situation ne se ressemble. Dans le cadre de mon métier, mais aussi à travers mon engagement dans une association d’accompagnement et de sensibilisation au deuil prénatal, je me rends bien compte que les contextes diffèrent. Le chemin est distinct pour chaque couple. Cependant, la souffrance reste la même. C’est pourquoi, cette communauté de prière me semble importante. Prier ensemble, c’est être solidaire les uns des autres. Comme Marie et Élisabeth, c’est nous rejoindre pendant huit jours dans une commune bienveillance. À travers la méditation audio, d’un verset de la Bible, d’un témoignage écrit par un couple, d’un chant méditatif et d’une prière, nous aurons à cœur de demander chaque jour une grâce particulière. Si les chemins sont différents, celui de la prière reste ouvert à tous.
Malgré la souffrance, quelle peut être l'espérance pour ces couples ?
Il s’agit d’un sujet très délicat et sensible. Chaque mot doit être pesé pour ne pas blesser. J’espère ne heurter personne dans mes propos. Je dois dire qu’on ne peut pas tout spiritualiser. La femme comme l’homme vivent dans ces situations une douleur charnelle. Mais n’est-ce pas celle du Vendredi saint ? Cette expérience psychologique, humaine et spirituelle nous façonne et nous plonge dans le mystère de la souffrance. Moi-même marquée par le deuil de deux enfants, décédés d’une maladie génétique à la naissance, je sais que le chemin de deuil peut être long. On passe d’une projection idéalisée de sa famille à la réalité. C’est une nouvelle dynamique de vie à trouver pour être heureux malgré la blessure. Comme Marie qui marche vers Ein Kerem, nous nous mettons en chemin. L’Espérance n’est pas un conte de fée. Le Vendredi saint annonce la Résurrection. Nous pouvons le vivre à notre tour. Que le Fiat de la Vierge Marie devienne Magnificat !