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La “messe en ré”, l’œuvre de Beethoven qui l’a sauvé de l’exil

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Louise Alméras - publié le 26/05/20
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L’année Beethoven a déjà commencé, l’occasion de redécouvrir son oeuvre alors que nous fêtons les 250 ans de la naissance de ce génie hors du commun, qui donna souffle, puissance et joie à la musique. Ludwig van Beethoven, né en décembre 1770, a triomphé de sa droiture et de sa force morale au coeur d’une Vienne secouée par la guerre, l’endormissement et les frivolités.

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Au début de l’année 1824, Ludwig van Beethoven vient de quitter depuis trois ans une période de cinq ans parsemée de longs silences. Vienne, où il est établi depuis sa jeunesse, est loin de ressembler à Bonn, sa ville natale, située de part et d’autre du Rhin. La nature n’y règne pas, mais plutôt la vie publique avec ses vices et ses apparats. Il vient de terminer d’écrire sa Neuvième symphonie, aussi appelée Symphonie avec chœur final sur l’Ode à la Joie, qui se termine par le célèbre texte écrit par Schiller. Le futur hymne européen et l’une des symphonies les plus belles au monde.

La tentation de l’exil

Mais déçu, humilié, sortant difficilement de la misère, il souhaite s’établir à Londres pour y créer son œuvre monumentale dans laquelle il a mis toute sa puissance. En apprenant cette nouvelle, l’élite de l’Allemagne, du prince Lichnowsky à Diabelli, lui adresse un courrier. Romain Rolland en retranscrit une partie dans son article Vie de Beethoven destiné aux Cahiers de la quinzaine, ce qui nous permet de la connaître. Tous veulent empêcher celui qu’ils considèrent comme une force de leur pays de partir, et, en somme, de les abandonner. Ce qui frappe dans leurs mots est l’importance qu’ils donnent à sa foi et à sa grandeur morale :

“Nous savons que vous avez écrit une nouvelle composition de musique sacrée (la Messe en ré, op. 123), où vous avez exprimé les sentiments que vous inspire votre foi profonde. La lumière surnaturelle qui pénètre votre grande âme l’illumine. Nous savons d’autre part que la couronne de vos grandes symphonies s’est augmentée d’une fleur immortelle…”.


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Son œuvre sacrée l’aide à retrouver sa place

Beethoven vient, en plus de sa symphonie, de terminer sa célèbre Missa solemnis, à laquelle il a travaillé pendant plusieurs années. C’est l’une de ses rares compositions à caractère sacré et pourtant l’une des pièces majeures de son œuvre globale. Bien que cette œuvre soit adressée à son ami l’Archiduc Rodolphe, alors élevé au rang de cardinal, il a personnellement une foi très profonde et sincère. Elle est d’ailleurs très présente dans ses écrits personnels.

“Votre absence, écrivent encore ses amis, pendant ces dernières années, affligeait tous ceux qui avaient les yeux tournés vers vous. Tous pensaient avec tristesse que l’homme de génie, placé si haut parmi les vivants, restait silencieux, tandis qu’un genre de musique étrangère cherchait à se transplanter sur notre terre, faisant tomber dans l’oubli les productions de l’art allemand… De vous seul la nation attend une nouvelle vie, de nouveaux lauriers, et un nouveau règne du vrai et du beau, en dépit de la mode du jour… Donnez-nous l’espoir de voir bientôt nos désirs satisfaits… Et puisse le printemps qui vient, refleurir doublement, grâce à vos dons, pour nous et pour le monde.”

Beethoven, profondément touché par cette lettre, resta évidemment à Vienne et put y créer sa Neuvième symphonie en même temps que sa Messe en ré. Les deux œuvres soulevèrent un enthousiasme quasi frénétique et le succès fut tout simplement triomphal ; tandis que la Missa solemnis fut jouée pour la première fois à Saint-Pétersbourg. Malgré cette nouvelle affection du public et de l’élite, le concert le laissa dans la misère matérielle. Ce à quoi il répondit par la sagesse dans son carnet personnel : “Sacrifie, sacrifie toujours les niaiseries de la vie à ton art! Dieu par-dessus tout !”

Découvrez la version de la Missa solemnis avec Jessye Norman et Placido Domingo :

 

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