Prêtre diocésain à Versailles durant 16 ans, l’abbé Guimon avait soif d’être missionnaire autrement. Envoyé au Bénin auprès de l’archevêque de Parakou, Mgr Pascal N’Koué, le curé versaillais a foncé.
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“La dimension missionnaire m’a toujours intéressé”, confie l’abbé Guimon, joint par téléphone au Bénin où il est confiné. Vicaire pendant deux ans, puis chapelain de Notre-Dame des Armées à Versailles durant quatorze années, le prêtre avait soif d’une nouvelle mission. Lorsque son prédécesseur, l’abbé Le Pivain, l’a invité au Bénin pour inaugurer une nouvelle école construite grâce aux dons des paroissiens versaillais, le prêtre quarantenaire est revenu en France avec l’idée d’y retourner, cette fois-ci pour y vivre.
Six ans plus tard, le voici à la tête d’un chantier du monastère des sœurs Contemplatives de Jésus Eucharistie, professeur de liturgie au Grand séminaire de Parakou, et aumônier diocésain pour la jeunesse. Tant d’apostolats qui réjouissent le nouvel arrivant, et qui lui font découvrir un tout autre monde, bien différent de celui plus cossu de Versailles aux besoins paroissiaux assez différents.
“La mission est partout”
Appelé par Mgr Pascal N’Koué, l’archevêque de Parakou, qui souhaite développer la forme extraordinaire du rite romain pour son jeune diocèse tout juste évangélisé, l’abbé Guimon a réussi à concilier la dimension missionnaire et la forme extraordinaire du rite romain. Au Bénin, il apprécie particulièrement l’”enrichissement mutuel” entre les deux formes (ordinaire et extraordinaire), qui bénéficie selon lui aux Béninois soucieux de s’initier au grégorien et de découvrir la liturgie de la messe célébrée en latin.
En effet, Mgr N’Koué invite tout prêtre de son diocèse à célébrer orienté, quelle que soit la forme. La messe selon la forme extraordinaire peut être aussi accompagnée de “chants locaux avec le djembé et autres instruments typiques du pays”, souligne l’abbé Guimon. Avec l’accord de Rome, il est possible au Bénin d’utiliser le calendrier, les lectures et les Évangiles de la forme ordinaire dans la célébration, selon la forme extraordinaire.
“Cet engouement pour les formes traditionnelles de la liturgie s’explique par un désir fort des jeunes Églises locales de se plonger davantage dans la grande Tradition de l’Église pour y trouver des racines”, affirme l’ancien prêtre de Versailles.
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Un apostolat auprès des jeunes
Un autre apostolat auquel l’abbé Guimon s’adonne à cœur joie est le développement du scoutisme. À côté de camps, de rassemblements de jeunes, le prêtre consacre davantage de temps à l’initiative de Baden Powell. Ces activités en pleine nature et en équipe sont l’occasion pour les plus jeunes de prendre des initiatives, de “ne pas être de simples répétiteurs comme à l’école, mais vraiment des créateurs”. Par les outils pédagogiques comme “la responsabilité, l’imagination, l’engagement”, les plus jeunes apprennent à se prendre en main et à innover. L’abbé Guimon y travaille donc, selon le souhait de Mgr N’Koué.
Les différents mouvements de jeunes dont il s’occupe ne sont pas tous citadins. Les “deux mondes complètement différents”, celui de la ville et de la brousse, comprennent chacun leur mission particulière. Dans le second par exemple, les jeunes femmes passent assez subitement de l’enfance à la vie maritale : c’est pourquoi une “pastorale auprès d’elles est nécessaire”. En ville comme en brousse, le même message de l’Évangile reste à transmettre, affirme l’abbé Guimon, celui de “mettre en valeur la dignité de chacun et découvrir le Christ”.
“J’ai essayé d’être pauvre et je n’ai pas réussi”
Au Bénin, il faut accepter l’imprévu, l’eau qui ne coule pas dans les robinets de la maison, le courant qui ne passe plus… “De nombreux Béninois vivent au jour le jour avec très peu de moyens. Ils n’ont pas de réserves pour l’après-demain”, explique-t-il. La “découverte de la pauvreté” et de l’abandon occupait une part moins importante dans son ancienne affectation, “où tout était généralement prévu à l’avance”, confie le missionnaire. Au Bénin, “nous sommes bloqués en permanence, ce qui permet de relativiser”.
Aux paroissiens versaillais étonnés par ce nouveau choix de vie, l’ancien chapelain répondait avec un brin d’humour : “À Versailles, j’ai parfois essayé d’être pauvre. Je n’ai pas réussi. Ici, c’est plus facile”. Pour autant, la dimension de mission existait aussi à Versailles, mais elle était différente. Il pouvait parfois y avoir une certaine forme de matérialisme ou de mondanité. “Et en même temps, les fidèles ont toujours une soif spirituelle forte. Ils se donnent, et les prêtres reçoivent beaucoup et sont de grands privilégiés”, se réjouit l’abbé Guimon.
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