Jean Paul II pouvait prier partout. Seul dans sa chapelle, en marchant dans la forêt, en contemplant les montagnes ou avec des millions de fidèles rassemblées lors de ses voyages partout dans le monde... La prière était pour lui au centre de sa vie, et toute action en résultait. Sa capacité de prière impressionnait en particulier lorsqu’il célébrait sa messe du matin dans la chapelle de la résidence d’été de Castel Gandolfo, en petit comité. Dans son livre Jean-Paul II, Pierre au tournant du nouveau millénaire consacré à la figure de Jean Paul II, le cardinal Philippe Barbarin décrit ainsi cette expérience saisissante :
« Par un petit matin d’été, le 19 août 1983, j’entre avec les jeunes de « l’équipe Saint-Louis » dans la chapelle du palais apostolique de Castel Gandolfo. La veille au soir, un coup de fil du secrétaire, Mgr Dziwisz, apportait in extremis la réponse à une demande datant de plusieurs mois : « Oui, vous pouvez venir demain matin à la messe. Soyez à 7 heures devant la porte. » À mon arrivée, je vois qu’il est là, à genoux, devant le Saint Sacrement. À vrai dire, je vois surtout son dos un peu voûté, symbolisant l’homme concentré qui porte sur lui le poids du monde entier. Il semble ne faire qu’un avec Celui qui est là, devant lui, et qu’il adore. Je ne sais pas ce qui se passe, mais j’imagine : dialogue, écoute, questions, échanges, demandes, confiance, supplications... Ce qui me frappe surtout, c’est cette impression de sentir qu’il est là, comme un bloc, ou plutôt qu’avec Jésus présent devant lui sur cet autel. Ils forment tous deux un bloc : le rocher, la pierre angulaire. C’est difficile à expliquer. Un évêque qui l’a bien connu écrit : «Devant le Saint Sacrement, je ne l’ai jamais vu qu’à genoux. »
Quelques jours après son élection, Jean Paul II sort déjà du Vatican et se rend au sanctuaire marial de la Mentorella, près de Rome, pour y parler de la prière : « La prière est la première expression de la vérité intérieure de l’homme, la première condition de la liberté authentique de l’esprit. La prière donne un sens à toute la vie, à chaque instant, en toutes circonstances. » Quelques années plus tard, lors de sa venue à Lyon, en 1986, les jeunes rassemblés au stade de Gerland lui posent directement la question "Comment prie le pape ?" Jean Paul II leur répond alors que la prière est "une conversation avec Dieu" :
Dans sa lettre apostolique Au début du nouveau millénaire, qui est un peu son testament, Jean Paul II voyait « un christianisme qui se distingue avant tout dans l’art de la prière » (no 32). Il avait remarqué qu’il y a dans le monde « une exigence diffuse de spiritualité, qui s’exprime justement en grande partie dans un besoin renouvelé de prière » (no 33). Il y voyait là un signe des temps. Tout était dit.
Jean Paul II, Pierre au tournant du nouveau millénaire, Mame avec la Fondation Jean Paul II, Cercle de Belgique, juin 2020