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Pendant deux mois, elle a pris soin d’une famille par la lecture

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Domitille Farret d'Astiès - published on 15/05/20
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Durant les huit semaines de confinement, de nombreuses formes de bénévolat ont émergé. À Aix-en-Provence, cette mère de famille a raconté des histoires par téléphone à une famille vivant dans une situation précaire. “Tout à coup, tout s’est ralenti”, se souvient Brigitte Leroy, 66 ans, en repensant au début du confinement. “J’étais certaine qu’il y avait des familles pour lesquelles cela serait atroce d’être confiné”. Impossible pour cette épouse, mère et grand-mère qui habite la région d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) de rester les bras croisés en pensant à ceux qui allaient se retrouver enfermés dans des appartements étroits : “Je songeais à toutes ces familles en cage dans des petits espaces, condamnées à être enfermées dans des appartements exigus et à crever de chaud”, souligne-t-elle.

Elle se met rapidement en lien avec Le Rocher Oasis des cités qui intervient auprès des habitants des quartiers sensibles. Au cours du confinement, l’association a vu son nombre de propositions bénévoles bondir en quelques jours. Ces “bénévoles de crise” se sont mis à la disposition de l’association pour de l’aide aux devoirs avec les écoliers ou pour appeler régulièrement des familles en difficulté. Brigitte est aussitôt mise en contact avec Albana, jeune mère de famille albanaise, arrivée en France un an plus tôt avec son mari et leurs trois enfants de 6 ans, 4 ans et 7 mois. Ils habitent dans un quartier populaire de Marseille. Pendant tout le confinement, Brigitte leur lira des histoires par téléphone.

Des histoires très positives

“Ils n’ont pas mis le nez dehors pendant huit semaines”, s’exclame aujourd’hui Brigitte. À défaut d’un extérieur, ses contes leur ont permis de s’évader autrement. Chaque soir excepté le dimanche, entre le goûter et le dîner, la conteuse s’installe dans un coin de de son jardin et attrape son téléphone pour appeler les membres de la famille qui l’écoutent du fond d’un canapé. Si Rikki, 4 ans, dont l’attention est restreinte, vaque rapidement à ses occupations de petit gars, Gloria, 6 ans, et sa maman, restent captivées. Certes, Brigitte avait bien déjà l’expérience du bénévolat, en revanche “sous cette forme-là, par téléphone, c’était la première fois”, note Brigitte, ancienne maîtresse d’école en maternelle.


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“J’ai très vite compris que le meilleur moment était le dîner, entre 17h et 17h30. Je me suis toujours appuyée sur des livres, notamment les albums du Père Castor, qui sont des histoires très positives avec de la poésie et de l’humour”. Albana, Gloria et Rikki découvrent La vache Amélie, Marlaguette, Michka, Les bons amis… Brigitte complète parfois la lecture en envoyant une ou deux images qui font la joie de la petite Gloria. Assez rapidement, elle se met à chanter. “Je leur ai appris des chansons au téléphone et elles aussi chantaient parfois”. Quelle n’a pas été la fierté de Gloria de pouvoir chanter à son tour à son petit frère “Fais dodo, Colas mon p’tit frère”.

Au fil des semaines, les échanges deviennent de plus en plus long. “J’étais très heureuse de pouvoir le faire. Au fur et à mesure, cela a pris beaucoup de place dans la vie des enfants et de la maman”, explique Brigitte. Et si la lecture des contes se fera de plus en plus rare avec la reprise des activités, elle souhaite rencontrer Albana et ses enfants au moins une fois, pourquoi pas autour d’un goûter, mais en chair et en os, cette fois.



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