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Le meilleur moyen de ne plus avoir peur du lendemain

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Marzena Devoud - publié le 15/05/20
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En cette période de déconfinement, nous reprenons progressivement le cours de nos vies. Mais au moment de rouvrir enfin nos portes pour renouer avec le monde extérieur, la peur du lendemain nourrie par une perspective de récession économique guette… Comment accepter la peur du changement et en faire un bon usage ?

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Après avoir été confinés pendant de longues semaines pour lutter contre la propagation de l’épidémie de coronavirus, nous allons progressivement être autorisés à reprendre le cours de nos vies. Que l’on soit de nature anxieuse ou d’un tempérament calme, nous venons incontestablement tous de subir un traumatisme. Pendant deux mois, nous avons dû changer radicalement notre mode vie et passer le plus de temps possible chez nous. Pour certains, c’était difficile. Pour d’autres, c’était une période bienvenue de calme et de reconnexion avec soi-même… Seulement, au moment de rouvrir enfin nos portes et de pouvoir enfin renouer avec le monde extérieur, la peur du lendemain, provoquée par les indicateurs de la récession profonde qui se dessine, commence à nous guetter. Les chiffres impressionnants du chômage, les prévisions des licenciements décrites par les experts réveillent en nous la peur de l’inconnu.

Pour Christophe André, médecin psychiatre et auteur notamment de Psychologie de la peur, avoir peur du lendemain – c’est à dire de l’inconnu – est le propre de la nature humaine. Selon lui la peur est une « émotion fondamentale », au même titre que la colère, la tristesse, la joie ou la honte. Elle est une réaction ancestrale et automatique face à une modification de l’environnement.

Comme toute émotion, la peur est un signal d’alarme. Elle peut mener à des attaques d’anxiété, voire de panique. Elle peut provoquer un repli sur soi jusqu’aux manifestations de l’agressivité…

Sa fonction est donc d’aider à notre survie. Comme toute émotion, la peur est un signal d’alarme avec ses inconvénients. En effet, elle peut mener à des attaques d’anxiété, voire de panique. Elle peut provoquer un repli sur soi jusqu’aux manifestations de l’agressivité (« le danger, c’est l’autre ») amplifiées par nous-mêmes ou nos proches (« ça va être un tsunami  économique »). Mais, bonne nouvelle, la peur peut aussi avoir aussi ses avantages.

Christophe André explique dans son livre que pour faire face à la peur du changement, plutôt que de la vaincre, il faut apprendre à l’affronter et l’accepter pour en faire un bon usage. En effet, la réaction de stress face à l’inconnu a un sens : le cerveau la déclenche comme une alerte face à une situation qu’il a peur de ne pas savoir gérer. Peut-être y a-t-il une bonne raison… ou pas. Pour le savoir, un exercice facile peut-être utile : lister les questions. Vu la situation actuelle, cette liste pourrait être la suivante : D’où vient ce changement ? Nous est-il imposé ? Y a-t’il eu des situations de changements dans notre vie qui ont été bénéfiques ? Et si oui, lesquels ? Comment l’avons-nous affronté concrètement ? Et surtout, que se passera-t-il si nous acceptons ce changement, plutôt que de le refuser ? Il s’agit de démonter le mécanisme, exposer les rouages… car plus nous divisons une peur diffuse en réponses concrètes, moins la situation semblera insurmontable.

Se concentrer sur ce qu’on a à faire au moment présent

Nous vivons dans une société où les sources de nos souffrances sont supposées être extérieures à nous-mêmes : nos maux sont la faute de nos parents, de notre passé, de notre gouvernement, des autres… Nous négligeons nos ressources intérieures. Sous prétexte de réalisme, cela nous amène à gérer les angoisses par le biais de toutes sortes d’assurances anti-peur. Mais ces assurances ne pourront jamais nous préserver à 100% du danger.



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Le vrai antidote reste de vivre dans le présent, centrés sur ce que nous avons à faire aujourd’hui. Prendre un café en terrasse avec un ami, quel bonheur… Mais il a fallu que les bistros soient fermés pour s’en rendre compte ! La crise en cours aura certainement cette vertu : voir dans les petits gestes d’une vie ordinaire les grâces de la gratitude. Saint Louis de Gonzague disait : « Si l’on m’annonçait ma mort imminente, je continuerais à jouer, si c’est l’heure de jouer ». Voilà ce que le Christ nous invite à pratiquer dans l’Évangile :

« N’ayez pas peur pour votre vie… Voyez les oiseaux du ciel, ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n’ont ni cave ni grenier, et cependant Dieu les nourrit » (Mt 6,26).

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