En Samarie, la ville de Béthel nous fait remonter aux plus anciens temps bibliques avec Abraham qui y dressa sa tente et un autel à la gloire de Dieu, mais aussi Jacob qui y fit son célèbre songe de l’Échelle. Cité biblique par excellence, Béthel appelée également “Maison de Dieu” deviendra un sanctuaire réputé qui entrera même en concurrence avec celui de Jérusalem. Surtout, Jésus fera référence à ce lieu et évoquera le songe de Jacob pour sa prochaine glorification…Si le site de Béthel dans l’ancienne Samarie, situé à une vingtaine de kilomètres au nord de Jérusalem, a connu une occupation très tôt dans l’Histoire (3e millénaire av. J.-C.), la Bible l’évoque pour sa part au temps des patriarches, dès la Genèse. Le récit biblique relate, en effet, qu’Abraham suivant en cela l’injonction divine se rendra à Bethel : “Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai“ (Gn 12, 1). Le lieu est alors occupé par les Cananéens qui y ont établi leurs temples. La Genèse précise que “De là, il se rendit dans la montagne, à l’est de Béthel, et il planta sa tente, ayant Béthel à l’ouest, et Aï à l’est”. C’est à cet endroit qu’Abraham bâtit un autel et rendit gloire au Seigneur en invoquant son nom. Dieu lui a promis de donner à sa descendance la terre sur laquelle son peuple pourra s’établir. Mais, Béthel qui signifie, pour ces raisons, “Maison de Dieu” peut aussi s’enorgueillir d’avoir également accueilli un autre patriarche, Jacob, qui fit en ce lieu son fameux songe de l’échelle…
L’échelle de Jacob
Rappelons que Jacob, fils d’Isaac et petit-fils d’Abraham, poursuit l’œuvre de ses aînés. Partant de Bershéba, il se dirigea vers Harane. Alors que la nuit était tombée, il prit une pierre pour y poser sa tête et s’endormit. C’est alors qu’il fit un curieux songe : “voici qu’une échelle était dressée sur la terre, son sommet touchait le ciel, et des anges de Dieu montaient et descendaient”. Le Seigneur se tenait près de lui et lui dit : “Je suis le Seigneur, le Dieu d’Abraham ton père, le Dieu d’Isaac. La terre sur laquelle tu es couché, je te la donne, à toi et à tes descendants. Tes descendants seront nombreux comme la poussière du sol, vous vous répandrez à l’orient et à l’occident, au nord et au midi ; en toi et en ta descendance seront bénies toutes les familles de la terre. Voici que je suis avec toi ; je te garderai partout où tu iras, et je te ramènerai sur cette terre ; car je ne t’abandonnerai pas avant d’avoir accompli ce que je t’ai dit”(Gn 28,13). Jacob se réveillant est saisi de crainte, il prend conscience qu’il se trouve dans “la maison de Dieu, la porte du ciel”…
En un geste de piété, il décide alors de prendre la pierre qu’il avait mise sous sa tête pour dormir et la dresse pour en faire une stèle, tout en versant de l’huile en son sommet, un rituel qui parviendra jusqu’à nous pour toute consécration d’autel. Il donnera à cet endroit, qui auparavant se nommait Louz, le nouveau nom repris par la Genèse et aujourd’hui connu de Béthel, c’est-à-dire “Maison de Dieu”.
Un sanctuaire renommé
Fort de ce legs biblique, Béthel se devait de perpétuer une tradition de lieu saint. Sous le règne des rois David et Salomon, elle retrouvera une nouvelle splendeur entourée de puissantes fortifications après un violent incendie. Mais, ce fut alors l’époque des divisions qui conduiront au schisme entre Roboam, fils de Salomon, et Jéroboam, sacré nouveau roi d’Israël et soutenus par les tribus du Nord. Jéroboam fait alors ériger un veau d’or pour honorer le culte de Yahvé et, de ce fait, détourne son peuple de Jérusalem et du Temple comme le rapporte l’Ancien Testament au Premier Livre des Rois : “Maintenant, le royaume risque fort de se rallier de nouveau à la maison de David. Si le peuple continue de monter à Jérusalem pour offrir des sacrifices dans la maison du Seigneur, le cœur de ce peuple reviendra vers son souverain, Roboam, roi de Juda, et l’on me tuera. Après avoir tenu conseil, Jéroboam fit fabriquer deux veaux en or, et il déclara au peuple : “Voilà trop longtemps que vous montez à Jérusalem ! Israël, voici tes dieux, qui t’ont fait monter du pays d’Égypte. Il plaça l’un des deux veaux à Béthel, l’autre à Dane et ce fut un grand péché” (1R 12,26).
Cette rivalité ne pouvait que conduire à un retour à l’idolâtrie condamnée par les commandements divins, une conduite qui sera violemment critiquée notamment par le prophète Osée : “Israël était une vigne luxuriante, qui portait beaucoup de fruit. Mais plus ses fruits se multipliaient, plus Israël multipliait les autels ; plus sa terre devenait belle, plus il embellissait les stèles des faux dieux”. La conduite immorale du peuple de Dieu ne restera pas impunie par Dieu et engendrera destructions et pleurs pour avoir violé le don divin.
Cependant, fort heureusement, c’est une autre et plus belle image de Béthel que gardera Jésus lorsqu’il annoncera sa glorification à ses disciples. C’est en effet au songe de Jacob et implicitement à Béthel même que le Christ fera directement référence en annonçant : “Amen, amen, je vous le dis : vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme” (Jn 1,51). À ce titre, la célèbre cité des patriarches de Béthel demeure pour les croyants “La Maison de Dieu”.
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