Le 10 mai 1794, périssait sous la guillotine Élisabeth de France, sœur de Louis XVI. Cette chrétienne accomplie s’était consacrée à Dieu, sans devenir religieuse. La phase diocésaine de son procès de béatification a été ouvert par l’archevêque de Paris.
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Très jeune, à 15 ans, la sœur cadette de Louis XVI se consacre à Dieu en décidant de ne pas se marier. Décision prémonitoire qui lui permettra plus tard de soutenir plus librement la famille royale dans ses épreuves. Dès juillet 1790, au sein d’une association qui secourt les pauvres, elle fait vœu de se consacrer au Cœur immaculée de Marie “pour obtenir la conservation de la religion en France”. Pour commémorer ce vœu, elle offre à la cathédrale de Chartres un Cœur de Jésus joint au Cœur de Marie, faits tous les deux en or pur. Ils y sont toujours conservés. Fidèle à l’Église de Rome, elle sera une des âmes de la résistance spirituelle de la foi durant ces temps troublés.
Sceptique à l’égard de la Révolution
Douée pour l’équitation et les travaux manuels, elle est vive de caractère et intelligente. Mais ce qui la différencie le plus de son frère aîné, c’est son scepticisme à l’égard des idées nouvelles et sa défiance envers la Révolution, alors que la plupart des élites de l’Ancien Régime leur sont favorables avant d’en devenir les victimes.
Tout de suite, dès les premiers événements de 1789, elle est hostile au mouvement révolutionnaire, et n’a de cesse de mettre en garde le Roi. Elle l’encouragera à faire front, regrettant sa pusillanimité. D’un naturel timide, elle ne craindra pas cependant d’exhorter les siens au courage devant l’adversité et la mort.
“Ne les détrompez pas !”
Les événements s’accélèrent. Elle comprend que sa vocation de chrétienne consiste à accompagner et soutenir la famille royale dans la tourmente, surtout après l’arrestation à Varennes (21 juin 1791). En résidence surveillée aux Tuileries, elle aura une attitude héroïque le 20 juin 1792. Ce jour-là, 20.000 manifestants envahissent le palais parisien. Elle leur commande de vive voix : “Respectez votre roi.” Puis, les esprits s’échauffant, des assaillants demandent qu’on leur montre la Reine afin de mettre sa tête sur une pique. C’est à ce moment que certains prennent Madame Élisabeth pour Marie-Antoinette. Son écuyer veut les détromper. Elle lui dit alors : “Ne les détrompez pas. S’ils pouvaient me prendre pour la Reine, on aurait le temps de la sauver.” Mais peu à peu, elle se résigne à la situation, même si elle continue à entretenir une correspondance abondante avec l’extérieur, tout en consolant son frère.
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“Vous qui avez tout sacrifié pour être avec nous”
Puis vient l’enferment à la prison du Temple, où elle met le comble à son dévouement. Elle réconforte sa famille, en gardant une sérénité surnaturelle. Après le roi et la reine, vient son tour d’être exécutée. Dans les dernières heures précédant le supplice, elle continue à exhorter et encourager les personnes promises comme elle à la mort. À un aristocrate ami des Lumières, et indigné par sa condamnation, elle dit : “S’il est beau de mériter l’estime de ses concitoyens, croyez qu’il est encore plus beau de mériter la clémence de Dieu.” Elle encourage si bien une mère désespérée de voir son enfant condamnée avec elle, que la femme finira par dire à son fils, en le serrant dans ses bras : “Viens, nous monterons ensemble.” À la marquise de Sénozan, traumatisée durant le trajet vers le lieu d’exécution par les hurlements hostiles qui leur parviennent de la rue, elle confie en guise de consolation : “Madame, bientôt nous serons dans le sein de Dieu avec notre famille.”
Une absolution clandestine
Sur la charrette qui conduit les condamnés au supplice, elle aperçoit tout à coup, à la fenêtre d’une mansarde, un prêtre qui donne à distance (et clandestinement) l’absolution aux victimes. L’abbé trace le signe de la croix en prononçant les paroles sacramentelles. Enfin, sur l’échafaud où elle est la dernière de la « fournée » de la journée à être exécutée, elle prie le De profondis (psaume 129) avant d’être immolée.
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Ainsi s’acheva la courte existence de la sœur de Louis XVI (elle meurt à trente ans). Restée solidaire de la famille royale à laquelle elle se dévoua corps et âme, elle édifia tous ceux qui l’approchèrent dans ces moments décisifs, au point que Marie-Antoinette lui écrira, le jour de son exécution (16 octobre 1793) : “Vous qui avez tout sacrifié pour être avec nous.”
La prière de Madame Élisabeth de France
La jeune femme est l’auteur d’une des plus belles prières jamais composées :
Que m’arrivera-t-il aujourd’hui, ô mon Dieu, je l’ignore.
Tout ce que je sais, c’est qu’il ne m’arrivera rien que vous ne l’ayez prévu de toute éternité.
Cela me suffit, ô mon Dieu pour être tranquille.
J’adore vos desseins éternels, je m’y soumets de tout mon cœur.
Je veux tout, j’accepte tout, je vous fais un sacrifice de tout et j’unis ce sacrifice à celui de votre cher Fils, mon Sauveur,
vous demandant, par son Sacré-Cœur et par ses mérites infinis, la patience dans les maux et la parfaite soumission qui vous est due
pour tout ce que vous voudrez et permettrez.
La Conférence des évêques de France a donné en 2017 un avis favorable à la l’ouverture de sa cause, et la congrégation pour la cause des saints, son Nihil obstat. L’archevêque de Paris a ouvert officiellement sa cause. Depuis 2018, la phase diocésaine du procès est en cours.
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