À l’occasion de la 57e journée mondiale de prière pour les vocations, le 3 mai, Aleteia a rencontré le père Gérard Pelletier, supérieur de la Maison Saint Augustin, à Paris, qui accueille des jeunes hommes qui réfléchissent à un éventuel sacerdoce. Durant le confinement, leur discernement continue.“Des vocations il y en a, encore faut-il qu’elles soient bien accueillies”, lançait le pape François en 2016. Dans le diocèse de Paris, la Maison Saint Augustin (MSA) propose à des hommes qui se posent la question de la prêtrise une année de fondation spirituelle – anciennement appelée propédeutique – c’est-à-dire de discernement et de formation. Cette année précède l’entrée au séminaire. Depuis sa création en 1984, elle a accueilli près de cinq cents jeunes et formé de nombreux prêtres.
“L’avantage de l’année de propédeutique, c’est que l’on est par principe confiné”, note le père Gérard Pelletier, supérieur de la MSA, qui accueille cette année une dizaine de jeunes. “Nous sommes une grande année de retraite spirituelle et le temps d’études est moindre par rapport aux années de séminaire. Il nous suffit de rester sur place et de continuer notre vie. Nous avons ajouté un temps d’adoration tous les après-midi. Nous prions sainte Geneviève et nous jeûnons le mercredi, comme l’a proposé Mgr Michel Aupetit ». Globalement, la vie de la maison a peu changé, explique-t-il, si ce n’est l’absence des professeurs extérieurs qui viennent habituellement pour la formation des jeunes. De plus, les propédeutes ne bénéficient plus comme avant de leurs sorties du mercredi soir et du dimanche après-midi au cours desquelles ils pouvaient retrouver famille et amis. Ce qui donne davantage de temps pour du bricolage et autres travaux pratiques. Certains repeignent la sacristie, d’autres s’adonnent à des travaux de jardinage. Les jeunes continuent à assumer leurs services de courses, de ménage ou de cuisine et pratiquent le sport, du frisbee – très pratique pour respecter les distances réglementaires – à la course à pied… “La maison n’est pas touchée par l’ennui mais il y a une plus grande monotonie”.
“Cela peut faire bouger des lignes”
Pour l’instant, explique le père Gérard Pelletier, la grande question des propédeutes est : “Qu’est-ce que je décide pour l’an prochain ?”. En effet, à cette période, ils devraient normalement être en train de faire leur retraite de trente jours selon les exercices spirituels de saint Ignace de Loyola. Un renoncement qui n’est peut-être pas évident pour tous, d’autant qu’ils s’y préparent tout au long de l’année. À la place, il est prévu qu’ils en fassent une de huit jours à la fin du mois de mai. “Nous sommes dans un moment-clé de la conclusion de l’année. Ce sont des questions concrètes qu’ils ont à se poser, celle de l’entrée ou non au séminaire, du choix du diocèse, du célibat consacré. Je vois que cela les travaille. Ce que nous vivons pose des éléments pour faire des choix, il y a une vraie dimension spirituelle”.
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Parmi les changements qui bouleversent le rythme des propédeutes, l’annulation de leur temps hebdomadaire d’apostolat. “Le jeudi après-midi, d’habitude, ils vont faire des visites avec les Aumôneries des hôpitaux de Paris. Depuis le début du mois de mars, elles sont suspendues”, souligne le supérieur de la maison. Il a conscience de la déception de ses jeunes qui auraient aimé, durant ce temps de confinement où le temps s’étire comme jamais, visiter des personnes âgées et aider les paroisses avoisinantes. Mais prudence oblige, les propédeutes sortent peu, d’autant que quelques-uns d’entre eux ont été malades. “Spirituellement, c’est une expérience d’abandon à la Providence. La charité est intra-communautaire. De fait, cela amène éventuellement quelques tensions dans une petite communauté où tout le monde se connaît, avec ses qualités et ses défauts, mais nous vivons de belles choses”.
Cela aura-t-il un impact sur la prochaine promotion de la MSA ? “Nous nous sommes dit que nous aurions peut-être moins de monde l’année prochaine”, poursuit le père Gérard Pelletier, arguant que, pour le moment, le confinement empêchait tous les rendez-vous de jeunes pour l’année suivante. Cependant, cette période particulière aura peut-être des bénéfices. “Je pense qu’elle va en avoir fait méditer un certain nombre. C’est ce que nous espérons. Cela peut faire bouger des lignes et permettre à quelques-uns de réfléchir à la vie de l’Église et de nos communautés chrétiennes”. En attendant, tous en prière pour les vocations pour demander au maître de la moisson “d’envoyer des ouvriers dans sa moisson” (Mt 9, 38).
En partenariat avec l’Œuvre des vocations