Les chefs d’État du monde entier sont décontenancés par le coronavirus, cette pandémie qu’aucun n’avait prévue. Dans l’encyclique visionnaire « Laudato Si’ », le pape François avait mis en garde l’humanité contre les facteurs d’« autodestruction » qui la menacent. Aujourd’hui, il se fait son avocat auprès du Créateur.
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
Successeur de saint Pierre, dépositaire des clés de la Vie éternelle, le Pape intercède pour le salut de ce monde rongé par le matérialisme. Il prie aujourd’hui pour un monde incroyant ou sceptique qui ne priait plus. Dans l’épreuve morale et spirituelle de ce confinement qui isole chacun en lui donnant la nostalgie de la fraternité, son témoignage incite à recréer d’autres liens entre les hommes, et à se soucier des plus faibles. Il apporte un souffle de vie à une humanité désemparée. Une humanité hantée par la peur de la mort, dont elle a pourtant provoqué les lugubres engrenages.
Lire aussi :
Christophe Dickès : « Le pape François sait la gravité des temps »
Le fléau du coronavirus est parti du dernier grand empire de l’athéisme, la Chine à la fois communiste et capitaliste, dont le dictateur actuel Xi Jinping avait prétendu effectuer une réécriture nationaliste de la Bible, par volonté de puissance personnelle. Un détournement de la Parole de Dieu. La Chine, pionnière de monstrueuses manipulations génétiques. Une folie, au centre du monde moderne, qui lui-même bafoue la Création divine, et contrarie les lois de la nature, tant la nature humaine que l’environnement biologique et physique.
Pour une conversion vers un “autre style de vie”
Les pays riches manipulés se sont laissé envahir par une “culture de mort” que les papes successifs, de Paul VI à François ont inlassablement combattu, au nom d’une “écologie intégrale” qui englobe tous les aspects de l’existence, de la conception à la mort naturelle, de la vie personnelle et familiale à la vie économique, sociale et politique. Le pape François a renouvelé et complété l’enseignement de Paul VI pour le développement des peuples, l’Évangile de la Vie de Jean Paul II (1995) et l’enseignement de Benoît XVI sur la « maison commune » des hommes dans sa propre encyclique de 2015, Laudato Si’.
Lire aussi :
À l’heure de la pandémie, les chrétiens, témoins de l’espérance
Ce texte visionnaire de François appelle à “une conversion écologique” consistant à “miser sur un autre style de vie”, à “tourner le dos à une étape d’autodestruction”. Il apparaît aujourd’hui dans toute sa dimension prophétique comme une charte universelle : le pape Bergoglio y invitait les hommes à discuter “des conditions de vie et de survie d’une société, pour remettre en question les modèles de développement, de production et de consommation”… Aujourd’hui, le “coronavirus” invisible a arrêté brutalement la marche de l’économie mondiale : il enraye les processus absurdes de la course financière au profit maximal et de la course guerrière aux armements ; il casse le rythme fou de la vie des mégalopoles à la concentration urbaine incontrôlée ; mais il compromet gravement l’avenir de populations entières…
“Une présence à la souffrance du monde”
Chef spirituel de l’Église catholique, le pape François intercède pour le monde auprès de Jésus-Christ et de la Vierge Marie. “Dans cette situation jamais vécue auparavant dans toute l’histoire de l’humanité, il s’est fait le messager d’une présence très vivante et concrète de l’Église à la souffrance du monde”, a déclaré son ancien porte-parole le père Lombardi. Le Pape a demandé la remise de la dette des pays les plus pauvres. Il a été écouté et… partiellement suivi par plusieurs chefs d’État, qui ont préconisé… un report de cette dette pour des peuples menacés de disparaître. Emmanuel Macron — déclarant : “Ce moment ébranle beaucoup de choses en moi” — a tenu à s’entretenir au téléphone ce 21 avril avec le souverain pontife, quelques instants avant une rencontre du gouvernement avec les représentants des religions en France au sujet du déconfinement des cultes…
Un temps “apocalyptique”
L’Église peut sortir spirituellement renforcée de cette épreuve, d’autant plus qu’elle a commencé à payer un tribut douloureux à ce fléau : de nombreux prêtres se dévouant auprès des familles touchées sont morts du Covid-19, en particulier en Lombardie, la patrie de saint Charles Borromée, l’apôtre qui lutta jadis contre la peste à Milan.
Sans verser dans un désespoir catastrophiste, on peut toutefois percevoir l’aspect apo-calyptique des événements, au sens étymologique de ce terme : le mot grec apocalypsis signifie la révélation née du fait de dé-couvrir : ici, c’est la toute-puissance de Dieu qui pourra se révéler à travers la faiblesse des hommes, dévoilée devant une épidémie mondiale d’une dimension sans précédent… C’est ici que la prière de l’Église à Dieu revêt tout son sens. Le pape François a appelé les chrétiens et tous leurs frères à la “contagion de l’espérance”. Georges Bernanos disait que “l’espérance est un risque à courir”. Le moment est venu : ce risque incite à agir sans peur…
François le successeur, la complémentarité des papes, Denis Lensel
Éditions Pierre Téqui, juin 2020, 19 euros