La pandémie de covid-19 vient bouleverser de nombreuses vies, y compris chez les personnes engagées dans des missions de solidarité internationale. Pourtant, plusieurs parmi elles ont choisi d’intégrer cette réalité à leur mission pour servir davantage. Comme ces volontaires partis avec Fidesco aux quatre coins du monde.
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Si la pandémie de covid-19 et le confinement changent drastiquement la façon de vivre en France, il en est de même dans de nombreux autres pays, parfois confrontés à des risques de difficultés sanitaires accrues. Certains volontaires engagés dans des missions humanitaires à l’étranger ont dû rapidement décider de la poursuite ou non de leur mission. C’est le cas d’Anne-Gaëlle Py, pédiatre et volontaire dans un dispensaire à Fianarantsoa (Madagascar), envoyée par Fidesco. Cette ONG catholique envoie depuis bientôt 40 ans des volontaires dans de nombreux pays du monde afin de participer à des projets de développement lancés par l’Église locale. “Ici, les défis au niveau de la santé sont énormes. Nous ne savons pas vraiment vers quoi nous avançons avec cette pandémie”, explique-t-elle. “La promiscuité, l’absence d’hygiène de base, la dénutrition chronique et l’absence de structures sanitaires adaptées font craindre le pire. Beaucoup de familles vivent au jour le jour, sans aucune réserve d’argent ni de nourriture et un confinement strict les affamerait très vite”.
Un constat partagé par Claire Drapeau et Perrine Dupuy, respectivement infirmière et sage-femme, en mission à Ithanga, un petit village de brousse du Kenya. “Le pays est doté de 160 respirateurs contre 5.000 en France et les services de réanimation ou soins intensifs en possédant sont peu nombreux et centralisés dans les grandes villes, donc pas accessible pour la majorité des Kenyans vivant dans la brousse”, note Perrine.
Une réorganisation des soins
Malgré tout, la vie dans leurs centres de soins s’est réorganisée et des mesures ont été prises dès l’annonce des premiers cas. “Nous portons tous un calot, un masque et une casaque lavable. Nous manquons de matériel de protection, mais dès les premiers jours, des infirmières ont fait des masques en tissu pour tout le personnel, que nous lavons chaque soir à la maison, sûrement pas aux normes internationales, mais c’est un début”, explique Anne-Gaëlle. L’accueil a été réorganisé et un petit chapiteau a été monté à l’extérieur. À Ithanga, plusieurs gestes barrières ont été mis en place. Le lavage des mains a été imposé à tous à l’arrivée et à la sortie, et une entrée unique permet aux soignants de trier les patients. La télévision dans la zone d’attente diffuse des programmes d’éducation.
“Nous ferons face ensemble à ce challenge. Cette situation de pandémie fait partie de ma mission à part entière.”
Pour Perrine, poursuivre sa mission relevait de l’évidence. “La semaine dernière, un collègue me dit : “Mais toi, si on t’envoie un billet d’avion, tu rentreras en France, non ?””, raconte-t-elle. “Tout de suite, levant la tête de mon dossier, je lui répond “Hapana !”, ce qui veut dire non en kishawili”. Une réponse qui suscite la surprise de son interlocuteur. “Je me sens trop bien au Kenya pour avoir envie de rentrer. Si le coronavirus arrive jusqu’à Ithanga nous ferons face ensemble à ce challenge. Cette situation de pandémie fait partie de ma mission à part entière”.
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Une solidarité évidente
Anne-Gaëlle est émerveillée par les nombreux gestes de solidarité dont elle témoin. À l’image de cette voisine peu fortunée qui, après avoir reçu une prime de son employeur au début du confinement pour pouvoir faire des stocks alimentaires, a acheté des savons pour tous ses voisins qui n’ont pas les moyens d’en avoir. “Je suis à la fois marquée et émerveillée de voir que ce sont souvent les personnes avec peu de ressources qui pensent aux plus pauvres qu’eux”.
De même, les transports de la ville ayant été supprimés, ce sont les employés qui chaque jour s’organisent pour véhiculer leurs collègues. “Ambiance sympathique assurée !”, s’exclame la volontaire. Claire se veut positive : “Le virus a d’abord touché la Chine et l’Europe avant d’atteindre le continent africain, ce qui nous a permis de nous préparer à sa venue. De plus, les recherches concernant la propagation du virus et les études concernant les traitements ont progressé. Tout cela nous aide à anticiper le drame. Ce qui nourrit mon espérance, c’est de voir qu’en trois semaines, il n’y a pas une progression du nombre de personnes atteintes aussi forte qu’en France ou en Italie””.
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“La foi profonde de tous les gens et en particulier du staff me touche beaucoup”, explique Perrine. “Quelle que soit leur église, ils croient que Dieu ne nous abandonnera pas et qu’il nous aidera à faire face”. Pour tenir quotidiennement, chacun rivalise d’imagination et propose qui du yoga dans le jardin avec le staff, qui des massages faciaux ou une séance cinéma… “Cette épidémie nous permet de reprendre conscience de ce qui est essentiel o non dans notre vie”, conclut la jeune femme. “À nous de nous poser les bonnes questions et de nous laisser chahuter par cette tempête pour retrouver le bon équilibre et reprendre pied pour fonder une société plus juste à l’écoute des plus pauvres”. Pour ceux qui voudraient découvrir des témoignages de volontaires sur le front en cette période de pandémie, Fidesco a lancé une série de podcasts hebdomadaires qui seront diffusés le vendredi sur ses comptes Facebook et Instagram et sa chaîne YouTube.
En partenariat avec Fidesco