Une personne proche de votre famille est à l’hôpital. Vous êtes inquiet pour sa santé et pour sa vie. Confiné avec vous, votre enfant ressent votre inquiétude, il se pose des questions. Comment lui en parler ?
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Dire la vérité
Face à la maladie ou la mort, les parents ont souvent le désir de protéger leur enfant soit en se taisant, soit en minimisant la réalité. “Il est important au contraire de prononcer des mots vrais”, explique Fanélie Robin, spécialisée dans l’accompagnement au deuil, écoutante sur les plateformes Family Phone et Mieux traverser le deuil. “Les parents peuvent montrer la réalité, dire que ce virus s’attaque aux personnes les plus âgées et les plus fragiles, dire aussi que certaines peuvent en mourir mais que beaucoup rentrent chez elles guéries.” Si des mots ne sont pas posés clairement sur la réalité, la peur peut s’installer et laisser place à tout type d’interprétation.
Expliquer
« Concernant le Covid-19, des éléments très concrets, voire un peu techniques ou scientifiques aident l’enfant à s’approprier les choses et à ne pas partir dans l’imaginaire, poursuit l’accompagnatrice. On peut lui dire par exemple ce qu’est un virus, comment il agit dans l’organisme, comment le corps se défend. A tout âge, les enfants, ont la capacité de comprendre le monde et la vie. En leur expliquant, montrons-leur que nous avons confiance en eux pour appréhender, même des choses difficiles. » Si vous avez besoin d’un support, vous pouvez par exemple regarder avec l’enfant les mini BD de Marguerite de Livron.
Accueillir les questions de l’enfant
Souvent, les parents hésitent à parler de la maladie et de la mort avec leurs enfants car ces questions les déstabilisent. Pourtant, « montrer une ouverture et de l’attention par rapport à cette question n’oblige pas à détenir toutes les réponses », indique Josée Masson, auteur de Mort mais pas dans mon cœur, accompagner un jeune en deuil (DDB). L’essentiel est de ne pas laisser l’enfant seul avec ses craintes et ses questions et de chercher soi-même sa réponse. Si elle est incomplète, pourquoi ne pas indiquer simplement à l’enfant où on en est ? « Quand l’enfant pose une question complexe, le plus simple est de lui dire : ta question est importante et je vais essayer de te répondre, conseille la psychothérapeute Hélène Romano. Cela lui montre qu’il est important et crée un lien de confiance avec lui ». Cette confiance ne peut s’établir que dans la vérité.
Dire ses émotions
Suspendu au téléphone, vous attendez des nouvelles et en donnez à d’autres. Immanquablement, votre enfant perçoit votre état émotionnel. « Dans la mesure du possible, c’est important de trouver un moment pour dire la réalité de la situation et de ce que l’adulte ressent”, explique Fanélie Robin. “On peut lui dire par exemple : je suis triste parce que ta grand-mère est à l’hôpital. Il est essentiel que l’enfant puisse être au courant, partager ce qui se passe dans la famille et suivre l’évolution d’une maladie qui pourrait mener à la mort. »
Proposer des gestes concrets
En période de confinement, les visites à l’hôpital ou auprès de personnes malades du virus sont interdites. « S’il y a une possibilité de contact visio, c’est une chance”, poursuit l’écoutante. “L’adulte peut encourager ou suggérer des initiatives comme dessiner, écrire un mot, nommer les personnes pendant la prière d’intercession, prier pour elles, etc. Ces gestes concrets sont des occasions de laisser l’enfant exprimer ses émotions et de partager avec lui. »
Sensibiliser à la maladie et la mort
Jusqu’ici la maladie et la mort étaient évacuées dans notre société de performance, croyant tout maîtriser. Aujourd’hui, la mort s’invite au quotidien. Les parents ne peuvent pas l’esquiver. « C’est d’autant plus important que si un décès arrive dans une famille en ce moment de confinement, il va être vécu à distance”, remarque Fanélie Robin. “La famille ne pourra pas vivre les rites habituels et essentiels du deuil (voir la personne morte, participer à l’enterrement etc.). » Cette période où les familles sont rassemblées est un cadre favorable pour aborder avec l’enfant des questions difficiles comme la maladie et la mort. « Le meilleur endroit pour parler de la mort reste évidemment la maison familiale”, indique Josée Masson. “Quoi de mieux pour un jeune que d’entendre parler de ce sujet par ses parents qui sont, généralement, l’incarnation de la sécurité ? »
Mieux vaut prévenir que guérir
Les enfants ne sont pas dans une bulle, ils captent ce que disent les médias, ne serait-ce qu’à travers leurs parents. « Cette pandémie et ce confinement sont difficiles à vivre pour tous. Plus l’enfant se sentira entouré et pourra parler des choses, mieux il franchira cet épisode”, recommande Fanélie Robin. “Mais si les adultes sentent que l’enfant est trop perturbé, qu’il fait beaucoup de cauchemars par exemple, qu’ils n’hésitent pas à faire appel à un professionnel. »
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