Avec les contraintes qu’il apporte, le confinement bouscule bien des habitudes mais il est également l’occasion de vivre autrement les relations. C’est ce qu’expérimentent à Nantes les habitantes d’une colocation de La Maison Marthe et Marie.
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Séverine, Magalie, Victoire, Aya, Laure, Julie, Clara… Volontaires, femmes enceintes et jeunes mamans, ces sept femmes vivent ensemble à Nantes dans un appartement de La Maison de Marthe et Marie avec deux bébés : Amir, 3 mois, et Aron, 1 mois. La Maison de Marthe et Marie organise des colocations solidaires entre des femmes enceintes en difficulté et de jeunes volontaires qui viennent habiter sur place tout en poursuivant leur vie professionnelle à l’extérieur. Pour ces femmes, le confinement est le prolongement de l’aventure qu’elles partageaient déjà.
“Avant l’annonce, les mamans étaient angoissées par ce qui allait se passer et avaient beaucoup de questions”, explique Victoire, 24 ans, volontaire et professeur de français. “Ce n’était pas facile à gérer. Après, quand elles ont appris que nous restions avec elles, elles étaient étonnées, mais soulagées”. Ici, cette période particulière a débuté fort puisqu’elle a été marquée par une naissance. En effet, quelques heures après l’annonce officielle du confinement par le président de la République, Magalie, 22 ans, l’une des futures mamans de la coloc, a donné naissance à son petit garçon Aron. L’accouchement s’est très bien passé et la première rencontre entre le nourrisson et les colocataires s’est faite…en visioconférence. Quelques jours après, la jeune maman et son bébé ont pu rejoindre l’appartement.
Un nouveau rythme à trouver
À la coloc, au-delà de l’arrivée d’un nouveau petit colocataire, la vie s’est réorganisée. Si les mamans étaient accoutumées à passer leurs journées ensemble dans l’appartement, les volontaires avaient l’habitude de partir travailler à l’extérieur en journée. Un nouveau rythme s’est donc installé. Laure, 23 ans, une autre volontaire, se retrouve au chômage technique, ce qui lui permet de passer plus de temps avec les mamans. “Le confinement me permet vraiment d’avoir du temps avec elles”, explique-t-elle à Aleteia. “Nous partageons plus de moments qu’avant, nous avons beaucoup plus le temps de nous poser et de jouer. Nous dînons aussi davantage toutes ensemble”.
“On a de la chance d’être ensemble.”
À nouveau rythme, nouveaux rituels. Cinq fois par semaine, les colocs se rejoignent pour une séance sport à 18 heures en suivant des vidéos YouTube. Du sport adapté à l’après-grossesse, bien sûr. Souvent, après le dîner, elles prennent un petit bol d’air de cinq minutes. Et le vendredi soir, rendez-vous est donné pour regarder Koh-Lanta. Il y a aussi les mille et une petites attentions qui illuminent leurs journées, comme ces pizzas ou ces bouquets de tulipes déposés devant leur porte.
Si le tableau n’est bien sûr pas idyllique, elles apprennent à en déceler les richesses. “Nous avions déjà des liens plutôt forts, mais il y a des tas de choses dont on ne se rend pas compte d’habitude et qui peuvent agacer” reconnaît Victoire. Elle donne ses cours à distance et a dû s’adapter à cette nouvelle réalité qui lui vaut parfois d’être dérangée dans son travail par un pleur de bébé. “On n’a pas les mêmes exigences, pas les mêmes rythmes, pas les mêmes habitudes. Mais cela nous apprend à nous connaître autrement”, poursuit-elle. Elle a ainsi pu découvrir de nouveaux talents culinaires chez ses colocataires.
Magalie, la jeune maman, confie qu’elle s’adonne volontiers à la pâtisserie quand elle a un peu répit pour préparer fondant au chocolat, flan ou verrines selon l’inspiration du moment… Pour elle, si le confinement “se ressent comme une sorte d’emprisonnement”, la vie communautaire “aide à pallier cet enfermement”. “On a de la chance d’être ensemble et je suis contente d’avoir mon bout de chou avec moi”, lance-t-elle. “On sent plus la présence des volontaires et c’est positif, ce sont des moments conviviaux”.
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