La lutte contre le Covid-19 semble s’orienter vers une deuxième phase, dans la voie d’une recherche de l’immunité collective. C’est une hypothèse, mais pour se protéger, la population la moins vulnérable devrait alors affronter plus directement la maladie.
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Après plusieurs semaines de gestion tâtonnante de l’urgence, l’exécutif se donne désormais un mois pour préparer un déconfinement progressif avec davantage de moyens qu’aujourd’hui (masques, tests, traitement éventuel). Lundi 13 avril, le président a ainsi commencé à dessiner une stratégie, sans toutefois la verbaliser clairement.
L’objectif de reprendre progressivement l’école à compter du 11 mai prochain comporte peut-être, au-delà des motifs socio-pédagogiques avancés par le Président Emmanuel Macron, au moins deux dimensions : une dimension économique — il s’agit de permettre aux parents de reprendre le travail — et une dimension sanitaire en développant peu à peu une immunité collective.
Sur le plan économique, il est entendu que la santé passe avant les profits. Cependant, lorsque l’on parle d’économie, on parle d’abord du travail concret des gens. Il faut bien que les Français puissent reprendre le travail pour continuer à assurer des revenus que la providence de l’État ne pourra garantir sans limite. Ce qui est en jeu, c’est la survie de nos petites et moyennes entreprises, de nos entreprises de taille intermédiaire, de nos artisans, commerçants et indépendants. La nécessité d’une activité économique va donc au-delà du maintien des activités dites essentielles.
Passer le cap de l’épidémie
Il faut peut-être également comprendre ce risque au-delà des motifs économiques : il s’agit aussi de passer le cap de l’épidémie. C’est ici que se dessine la dimension sanitaire de la stratégie de l’exécutif, qui semble miser sur le développement progressif d’une immunité collective. Le président a prononcé cette expression sans en expliquer la portée, qui est difficile à entendre. Des spécialistes expliquent qu’une population développe une immunité collective quand au moins 50% ou 60% des gens ont été en contact avec le virus et immunisés. Être infecté présente différents degrés : il y a les porteurs sains, les porteurs avec de faibles symptômes, les porteurs avec des symptômes plus sévères mais sans danger mortel ; et bien sûr les porteurs présentant un risque vital, notamment en raison de l’âge et/ou de facteurs de comorbidité.
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Il semble ainsi que l’exécutif soit prêt à assumer ce risque de voir de nombreux Français touchés par le virus. L’idée est que les personnes fragiles continuent à être confinées ; et que soient déconfinées celles qui ne sont pas de prime abord exposées à la forme aggravée de la maladie. D’une certaine manière, nous allons peut-être passer d’une phase où il fallait qu’un minimum de personnes soient infectées pour ne pas saturer les hôpitaux, à une phase où le plus grand nombre, pour qui le virus ne représente pas un danger grave a priori, va devoir se confronter au virus.
Immunité collective
En ce sens, la reprise progressive de l’école est cohérente avec cette stratégie puisque les cas graves sont rarissimes chez les enfants et peu fréquents chez les personnes de moins de soixante ans en bonne santé. Cela signifie que les enfants et leurs parents en bonne santé constituent cette grande masse de Français qui sont en quelque sorte idoines pour développer l’immunité collective. Si telle est la réalité de la stratégie de la France, le Président devrait l’exposer plus clairement.
En attendant, si cette stratégie se confirme, les familles, aujourd’hui repliées au foyer, vont bientôt se trouver plus directement au contact du virus… en espérant qu’un traitement efficace aura été trouvé et validé avant cette échéance.
Chronique publiée en partenariat avec Radio Espérance, 14 avril 2020.
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