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Au Moyen Age, la peste ravage toute la Chrétienté, fauchant des vies en quelques heures. Longue est alors la liste de ces saints « antipesteux », ces grands protecteurs, qu’on invoque au côté de la Vierge de la Miséricorde pour enrayer cette terrible maladie. Entre saint Adrien dans les pays du Nord, saint Bernardin de Sienne en Italie ou sainte Rosalie, à chacun sa préférence !
Et pourtant, saint Sébastien fait figure de protecteur universel et reste devant Dieu l’avocat officiel des hommes atteint par la "mort noire". Par extension, il est donc le saint invoqué pour lutter contre les épidémies. Comment ce culte est-il né ? Il faut pour cela se plonger dans la Rome médiévale. Car étonnamment, le miracle qui fonde la renommée du jeune martyr de l'Antiquité n’a pas eu lieu durant sa courte vie mais bien après sa mort.
Des confréries de saint Sébastien
Au mois de juin 680, raconte Paul Diacre, chancelier à la cour de Pavie, une terrible peste décime les villes de Rome et de Pavie, obligeant les habitants à fuir dans les campagnes. C’est alors, poursuit la chronique du Lombard, que "quelqu'un eut la révélation que cette peste ne s'apaiserait pas tant que ne serait pas construit un autel au martyr saint Sébastien". Celui-ci devait être érigé dans la basilique du bienheureux Pierre dite 'aux Liens', à Rome. Il n’en fallu pas plus aux habitants de la Ville Éternelle pour appliquer la chose à la lettre. Miracle : la peste cessa !
Cette délivrance inespérée marqua profondément les croyants confrontés au fil du temps aux épidémies. Jusqu'à la Renaissance et même au-delà, on invoqua Sébastien. Au IXe siècle, on raconte que ses reliques furent même transportées de Rome à Soissons. Au XIVe, puis au XVe siècle, lors des grandes épidémies de peste qui décimèrent les populations européennes, des confréries de saint Sébastien chargées de veiller sur les reliques du saint se multiplièrent. Par ailleurs, de nouvelles formes de piété populaires virent le jour : on accrochait des gravures du martyr dans les maisons, on façonnait des 'remparts de cierges' à l'effigie du saint et on lui dédiait des œuvres musicales.
Un nouveau Christ plus fort que les "flèches" de la peste
Au delà du miracle de juin 680, ce patronage perdure grâce à l’imaginaire collectif et à cette piété populaire propre au Moyen Age. Né à Narbo, en Gaule (aujourd'hui Narbonne), Sébastien est citoyen de Milan, en Italie. Persécuté pour sa foi, il a été attaché à un poteau avant d'être percé de flèches par des archers et guérira miraculeusement de ses blessures, ne mourant que plus tard.
Au Moyen Age, on pense que la peste se diffuse si vite qu’on la compare aux flèches d’un archer. Saint Sébastien apparaît donc comme ce saint vigoureux, cette nouvelle figure christique capable de la repousser. Le culte du martyr transparaît d’ailleurs sous le pinceau de nombreux peintres. Représenté comme un vieillard percé de flèches au début du Moyen Age, Sébastien se mue en un jeune homme aux traits féminins et au corps d’Apollon à la Renaissance. Nombreuses sont les œuvres commandées par les autorités pour se protéger des épidémies : c’est ainsi le cas du célèbre tableau d'Antonello de Messine censé protéger Venise durant l'épidémie en 1477-1478. À l’heure du coronavirus, cette vénération peut-elle perdurer ?