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“Écouter un patient confronté à l’angoisse de la mort, c’est veiller avec Jésus à Gethsémani”

ELDERLY,HANDS
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Elisabeth de Courrèges - publié le 07/04/20
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Ergothérapeute dans un EHPAD parisien et diplômée d’un master en éthique médicale, Élisabeth de Courrèges, 26 ans, s’apprête à vivre une Semaine sainte un peu particulière en pleine épidémie de covid-19. Témoignage.

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Cette année, la Semaine sainte s’annonce toute particulière. Je me suis souvent demandée : parviendrai-je à bien vivre ce triduum sans assister réellement aux offices ? Comment accueillir Jésus dans mon cœur sans même le recevoir dans mon corps ?

J’ai finalement pris conscience que, pour les résidents de l’EHPAD où je travaille et pour nous, professionnels qui les accompagnons, cette semaine fondamentale a commencé, en réalité, il y a bien longtemps. Depuis plus d’un mois s’incarnent sous nos yeux et sous nos mains les étapes traversées par le Christ tout au long des jours saints.

"Écouter un patient confronté à l’angoisse de la mort et au sentiment de solitude qui l’accompagne, c’est veiller avec Jésus éprouvé à Gethsémani."

Car porter un patient à bout de bras, c’est se souvenir de Jésus élevant le pain consacré au soir du Jeudi saint, en prononçant ces paroles : « Voici mon corps, livré pour vous ». Écouter un patient confronté à l’angoisse de la mort et au sentiment de solitude qui l’accompagne, c’est veiller avec Jésus éprouvé à Gethsémani. Être confronté à une personne blessée dans son humanité à cause de la maladie, c’est considérer Jésus défiguré, que Pilate a pourtant désigné par ces mots : « Voici l’Homme ».

Soigner des plaies, corriger des déformations, apaiser des douleurs, chercher un positionnement confortable, agir avec le plus de professionnalisme possible, c’est passer le voile réconfortant de Sainte Véronique sur le visage du condamné. Être là, vigilant mais impuissant, auprès de celui qui va bientôt nous quitter, c’est reconnaître sa petitesse au pied du grand mystère de la Croix. Prévenir une famille de la mort de leur proche, alors que celle-ci n’a pas pu être présente pour ses derniers instants, c’est s’avancer avec saint Jean, timidement, vers Marie, la mère éplorée et inconsolable.

Puis il y aura ce matin de Pâques que nous aurons tant espéré. Il y aura ces visages de personnes guéries qui laisseront jaillir la lumière derrières les fêlures et les cicatrices. Elles nous inviteront à la même confiance que Jésus a attendue de saint Thomas: « Avance ta main, et met-là dans mon côté ». Il y aura aussi le souvenir de ceux qui nous ont quittés, rayonnant d’une autre lumière. Et même si ce jour-là, nos combats contre l’épidémie seront malheureusement loin d’être achevés, nous fêterons cette promesse d’une victoire : celle de l’Amour sur toute forme de mal, celle de la Vie sur toute forme de mort.

Ainsi, ne pouvant se donner à moi dans Son Saint Sacrement, je crois que Jésus me rejoindra toute cette Semaine sainte par mon travail, dans le sacrement du frère.

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